Le congrès des maires d’Indre-et-Loire qui se tient ce mercredi 04 décembre, au Palais des Congrès de Tours va réunir plus de 2100 élus locaux, un record, selon le président de l’Association des maires d’Indre-et-Loire, Cédric de Oliveira, un signe également selon ce dernier de l’incertitude qui règne au sein des maires et des élus locaux.
Un congrès qui se réunit sur fonds de crise budgétaire et plus largement de crise politique générale, avec ce même jour, la possible chute du gouvernement de Michel Barnier, soumis à des motions de Censure à l’Assemblée Nationale. Un gouvernement qui a cristallisé ces dernières semaines la colère de nombreux élus locaux, à cause de l’annonce de la volonté de réduire le montant attribué par l’Etat aux collectivités locales. Si la toujours, à l’heure où nous écrivons ces lignes, ministre déléguée chargée de la Ruralité, du Commerce et de l’Artisanat, Françoise Gatel, sera présente à Tours ce mercredi 04 décembre, cette dernière devrait se retrouver donc devant une assemblée de maires, inquiets, voire mécontents.
Selon un sondage de l’Association des Maires d’Indre-et-Loire réalisé cet été auprès des 272 maires du département (148 y ont répondu), 51,5% des maires se disent se sentir abandonnés par l’Etat (21% de réponses contraires et 27% n’ont pas formulé de réponse). Un chiffre important justifié de plusieurs sortes : manque d’accompagnement humain et financier, transferts de charges sans contreparties… Il y aurait-il dès lors rupture entre l’Etat et les collectivités locales ? S’il serait péremptoire de l’affirmer sur de nombreux sujets, en revanche les relations se tendent notamment à cause des questions budgétaires. La première bouture du budget 2025 proposée par le gouvernement de Michel Barnier a ainsi mis le feu aux poudres. On se souvient que le président de Tours Métropole, Frédéric Augis s’en est offusqué, tandis que le maire de Tours, Emmanuel Denis a été plus loin, affichant sur l’Hôtel de Ville de Tours, une banderole dénonçant une baisse de 7 millions d’euros dans le budget de la commune pour l’année prochaine.
Interrogé sur le sujet, Cédric de Oliveira ne cache pas l’appréhension qui règne chez ses confrères, ni la sienne d’ailleurs : « Si ce budget passe dans les 3 ans toutes les collectivités vont devoir augmenter leurs impôts sans exception. L’Etat se repose sur nous, alors même que la marge de la dette des collectivités dans celle de l’Etat est de 9% seulement » déclare ainsi celui qui est maire de Fondettes.
Le blues gagne de plus en plus de maires
Une crainte qui s’ajoute à un certain blues ambiant qui n’est pas à prendre à la légère selon Cédric de Oliveira. Ce dernier, en reprenant les réponses du sondage réalisé, note plusieurs signaux alarmants. 40% des maires indiquent ainsi ne pas savoir s’ils se représentent en 2026, tandis que 30% indiquent clairement ne pas vouloir se représenter. Le président des maires du département évoque également une crise des vocations au sein des conseils municipaux.
« L’Etat veut-il encore des maires ? » posera-t-il en guise de question provocante, en introduction de son intervention lors du congrès des maires ce matin, alors qu’il prône une réforme des statuts de l’élu, ou plutôt la mise en place d’un véritable statut, un serpent de mer agité depuis de nombreuses années mais jamais mis en place, mais qui pourrait selon Cédric de Oliveira permette un véritable renouvellement et notamment permettre aux jeunes générations de s’impliquer, alors même que seuls 4% des élus municipaux du département ont aujourd’hui moins de 35 ans.
Pour l’heure, ce qui inquiète notamment à la lecture des réponses adressées par les maires du département, le président de l’association des maires du département, pointe une hausse des agressions subies (+3% en 2 ans, avec 46% des maires disant avoir déjà subi une agression depuis début du mandat).
D’un point de vue plus politique, le sujet des ZAN (Zéro Artificialisation Nette des sols) inquiète car cela freine selon notre interlocuteur le développement des communes aussi bien en termes de zones économiques qu’en terme de nouveaux habitats. « Cela entraine encore un frein aux politiques municipales, alors même qu’il faut redonner de l’autonomie aux maires et aux élus locaux qui connaissent leurs territoires. »