Laurent Raymond, le dissident qui veut devenir maire à St Avertin

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Après la démission d’une grande partie des élus de son conseil municipal fin septembre, St Avertin s’apprête à revoter. D’ici la fin de l’année, la commune va devoir se choisir un nouveau maire à moins d’un an et demi des élections municipales de 2020. Une campagne avant la grande campagne, donc. L’ex adjoint aux finances Laurent Raymond s’y engage avec une bonne partie de l’ancienne majorité. Et pas seulement pour assurer l’intérim…

Laurent Raymond l’assure : il s’est retrouvé élu de St Avertin un peu par hasard. 25ème sur la liste menée par Jean-Gérard Paumier en 2014, il finira tout de même au poste important d’adjoint aux finances de cette commune de 15 000 habitants, de quoi réveiller son ambition. A 50 ans, originaire de La Rochelle, l’actuel directeur de la Maison Départementale des Personnes Handicapées d’Indre-et-Loire est saint-avertinois depuis 20 ans. Père de deux grands enfants de 18 et 20 ans, marié à une cadre du CHU, il a d’abord été travailleur social avant de diriger plusieurs établissements médico-sociaux et de reprendre la tête de la MDPH il y a deux ans.

S’il n’a pas de long parcours politique, Laurent Raymond s’est vite fondu dans le moule. Ça se voit lorsqu’il répond aux questions : il digresse, esquive ou répète ses éléments de langage. Il pèse ses mots, aussi, car le contexte est tendu, crispé, depuis le coup politique du mercredi 26 septembre. Ce soir-là, c’est lui qui a pris la parole en conseil municipal pour annoncer et justifier le départ soudain d’une vingtaine d’élus de la majorité pour dénoncer la manière de gouverner d’Alain Guillemin, devenu maire en 2016 lorsque Jean-Gérard Paumier a pris la présidence du Conseil Départemental d’Indre-et-Loire.

Un divorce mûri progressivement

Alain Guillemin, « en 2016 j’ai voté pour lui avec la conviction que ça allait bien se passer » nous dit Laurent Raymond. Pourtant, il est vite en désaccord profond avec lui, dénonçant son manque d’ambitions et son caractère : « ça a quasiment coincé dès le premier mot. Dire qu’il ne voulait pas être maire au-delà de 2020 ce n’était pas un bon signal car dans la majorité on a toujours pensé ‘équipe’ et pas ‘personne’. » Il le décrit comme « ferme, autoritaire » en évoquant sa gestion des rythmes scolaires, ou ses choix d’urbanisme « sans concertation. » Malgré tout, les délibérations continuaient d’être votées en conseil municipal. Jusqu’à l’examen du budget 2018 en début d’année avec 10 absents dans les rangs de la majorité.

Dans ce budget, il y avait notamment la hausse de la taxe d’habitation : « je l’assume et je comprends sa nécessité d’autant qu’elle n’avait pas augmenté depuis 8 ans » justifie Laurent Raymond. « Elle n’est pas malheureuse s’il y a une volonté de construire quelque chose or il n’y a pas eu de projet structurant d’engagé. Aucun. On a 1 million d’euros de dotations du Conseil Régional à utiliser, par exemple pour construire une chaudière biomasse ce qui était envisagé, mais on a à peine appelé 200 000€. Nous n’avons porté aucun projet auprès de la Métropole alors que St-Cyr-sur-Loire a obtenu 600 000€ de subventions. »

Sophie Auconie sort du bois : le point de non-retour

Laurent Raymond se retrouve donc dans un exécutif municipal qu’il juge moribond et observe : « on a perdu notre DGS, deux directeurs des services techniques, notre DRH… » Pour lui, tout cela est à mettre sur le compte d’Alain Guillemin. Il faudra pourtant attendre fin septembre pour assister au grand coup d’éclat que l’on connait.

L’élément déclencheur c’est la petite phrase qui fâche de la députée UDI de la circonscription Sophie Auconie (conseillère municipale à Tours), quand elle dit qu’elle réfléchit à mener une liste aux municipales de St Avertin en 2020. « A ce moment-là je me suis senti trahi » dit Alain Raymond. Pour bien comprendre, Sophie Auconie est une proche du maire Alain Guillemin. Mais même si elle habite désormais St Avertin, elle n’y est pas élue. « En mars 2016, nous nous étions engagés dans un protocole de majorité disant qu’en mars 2019 nous devions définir parmi nous la tête de liste de 2020 » rappelle l’ancien adjoint, qui a le sentiment que cette promesse a été bafouée et qu’il a été doublé dans son dos sans pouvoir faire valoir ses arguments.

« Il faut réduire le train de vie de St Avertin »

Ainsi, Laurent Raymond endosse la responsabilité de l’organisation de la démission collective. Il assure que ce n’est pas Jean-Gérard Paumier le cerveau de l’opération (malgré ses liens froids avec Sophie Auconie, et sa grande attention perpétuelle sur les affaires saint-avertinoises) et jure que la sortie de Sophie Auconie n’a fait qu’accélérer un mouvement déjà initié : « ce n’est pas une histoire de calendrier mais de projet. Sans proximité, on perdait le sens de la ville. »

Laurent Raymond et l’UDI

Non-encarté, Laurent Raymond a pris sa carte à l’UDI en 2018, convaincu par… Alain Guillemin. Dès son entrée en poste, il savait qu’il ne comptait pas se représenter en 2020. Il lui avait alors fait part de son intention éventuelle de conduire la liste, « et là il m’a dit que si je voulais le faire il faudrait que je sois appuyé par un parti politique. » Un parti qui convient à ce centriste : « je n’y ai pas trouvé de position trop bloquée. » Il s’y fait des amis, et évoque ses rapports « cordiaux » avec la présidente départementale Sophie Auconie : « j’ai voté pour elle en pensant que ce serait une bonne députée ». Aujourd’hui, parler d’elle « ne l’intéresse pas »… et apparemment c’est réciproque : « on recevait toutes les semaines son agenda sur nos boîtes professionnelles de la mairie sans l’avoir demandé. Mais aujourd’hui il n’y a plus d’échanges, même pas une invitation au dernier regroupement départemental à Vouvray. »

Laurent Raymond reprendra-t-il sa carte du parti en 2019 ? « Je ne me pose pas la question pour l’instant. »

Passé en quelques temps de postulant potentiel à candidat désigné, Laurent Raymond est donc en campagne et  organise « une à deux réunions par jour », quitte à poser des congés. Sa liste ? Elle sera dévoilée plus tard, avec, c’est sûr, des élus de la majorité démissionnaire mais aussi « quelques nouvelles têtes, des personnes emblématiques de la vie saint-avertinoise dont l’engagement dans le social ou l’associatif est connu et reconnu ». Et puis on y verra aussi Thomas Quiene (ex-UDI, depuis 2016 à La République En Marche), parti de son côté en 2014 (15% des voix) et qui a apporté son soutien à Laurent Raymond la semaine dernière.

Quant au projet, il devrait être présenté d’ici deux semaines : « ce sera un programme pour un an et demi qui, s’il est reconnu, accepté et entendu, pourra permettre de décliner un projet futur » explique Laurent Raymond qui veut notamment engager une cure d’économies à St Avertin pour « réduire le train de vie » de la ville. Enfin, sur sa situation personnelle, « si je suis élu j’exercerai ma fonction à 100% et démissionnerai de la MDPH » conclut-il.

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