Ce mardi soir et ce mercredi, de nombreux tourangeaux seront probablement devant leur télévision pour voir se dérouler la marche du monde : l’élection présidentielle américaine. Parmi eux, deux se sentent particulièrement concernés. Lisa et Adam, deux citoyens américains vivant à Tours, qui ne se connaissent pas, nous livrent leurs sentiments sur ce scrutin si particulier.
La première question, celle qui brûle les lèvres, c’est le pronostic. Pour Lisa, 56 ans, celui-ci est assez clair : “Je regarde les meetings de chacun des candidats depuis un moment, et clairement, on voit plus de monde dans ceux de Donald Trump que de Kamala Harris. A mon avis c’est Trump qui sortira vainqueur”. Adam a pour sa part beaucoup moins de certitudes : “Personne ne va gagner. On aura de la chance si on connaît le vainqueur dans une semaine. Et même là, il y a des armées d’avocats chez chacun des candidats pour contester le résultat”.
Une vraie inquiétude de l’avenir pour ce Texan qui a vécu également en Californie. Même si Kamala Harris gagne, ce n’est pas la fin de l’histoire. “It’s very scary, c’est très effrayant si Trump est élu”, confie Adam, 42 ans. “L’idée de démocratie américaine telle qu’on la connaît peut disparaître demain, c’est extrêmement inquiétant. Étant père d’une fille, je suis content de ne pas vivre en ce moment aux USA.”
Au contraire, la perspective trumpiste n’inquiète pas Lisa, tourangelle de cœur. Arrivée en France en 1995, elle s’amuse des stéréotypes dans son entourage français à propos du candidat républicain.
“Beaucoup de français ont du mal à imaginer la conception de l’Etat pour un américain. Moi qui vient de l’Iowa, la Californie ou le Texas sont des états très différents, les pères fondateurs ont souhaité un fort pouvoir au niveau des états, pour éviter trop de pouvoir au niveau fédéral. Et c’est ce que défend Trump : plus de pouvoir au niveau local, moins d’état dans le quotidien des citoyens”
Elle ajoute que c’est “le seul président américain qui n’a pas déclenché de guerre”, même si il a explicitement menacé de le faire contre la Corée du Nord.
Un point de vue que ne partage pas Adam. Pour lui, il y a un problème fondamental : “Presque aucun américain ne peut expliquer le système de grands électeurs, qui a permis trois présidents d’être élus alors qu’il avaient moins de voix que leur opposant”. Un problème démocratique auquel s’ajoute selon lui le profil problématique des électeurs de Trump :
“Une grande partie du monde MAGA (Make America Great Again, le slogan de Trump, ndlr) est basée sur la xénophobie et le racisme. Un second mandat de Trump sera un signal de départ pour toute sorte d’abus pour de nombreux régimes autoritaires.”
Deux points de vue qui s’opposent, deux conceptions de la société différentes. Un clivage qui se propage partout, des USA à la France, de Tours à Washington. Une perspective inquiétante qu’Adam conclut : “Je vais passer pour un pessimiste, quel que soit le résultat ce sera un huge mess (énorme bordel)”. D’ici quelques jours, Lisa et Adam seront fixés sur leurs perspectives d’avenir.