Les 38 élus du Conseil Départemental d’Indre-et-Loire se réunissent ce vendredi 28 mars à 9h pour une session qui comprendra notamment l’examen et le vote du budget 2025. Après ses alertes du mois de février, la présidente de la collectivité Nadège Arnault fait le point sur la situation financière délicate qu’elle doit gérer.
Lors de sa dernière conférence de presse, la présidente du Conseil Départemental Nadège Arnault affichait sa colère face à la détérioration des finances de l’institution. Elle avait alors présenté un badge au design de bouée de sauvetage pour montrer la détresse qui était la sienne au moment d’établir le budget 2025, obligatoirement à l’équilibre malgré des charges toujours plus lourdes et des recettes annoncées stables ou en baisse. L’ensemble de ses collègues avait accepté d’épingler ce pin’s de « péril ».
Trois semaines plus tard, l’élue n’a pas quitté son accessoire mais elle apparait un peu moins nerveuse. « La dernière fois j’avais vraiment l’impression que le Département était abandonné. Là, je suis peut-être un peu plus rassurée. Je suis donc plutôt dans un état de frustration » commente Nadège Arnault entre temps.
Ce qui a changé entre temps, c’est l’organisation d’un rendez-vous avec deux conseillers du 1er ministre François Bayrou vendredi 14 mars. Une réunion de travail organisée à Tours, « et c’est la première fois qu’ils se déplaçaient dans un département » se félicite et s’étonne la présidente du Conseil Départemental qui a catégoriquement refusé d’aller à Matignon pour cette rencontre.
Le résultat semble avoir été constructif. La matinée a été consacrée à une présentation détaillée de la situation de la collectivité, avant la recherche de solutions. D’autres échanges devraient avoir lieu plus tard pour affiner le sujet, avec l’espoir de nouvelles mesures dans le prochain budget de l’Etat en discussion au parlement à partir de l’automne 2025. L’enjeu de Nadège Arnault est de faire entendre au gouvernement que l’augmentation des charges sociales n’est pas suffisamment compensée, comprimant clairement le champ d’action de ses services et les possibilités d’investissement.
Ainsi, le budget 2025 présenté ce vendredi « sera appelé à évoluer, sera corrigé par un budget supplémentaire avant le 30 juin et des décisions modificatives tout au long de l’année. » En clair, le Département réévaluera la situation à chaque évolution de la situation économique ou politique. Il prévoit d’emprunter 60 millions d’€ ? Ce sera peut-être moins si les taux d’intérêt progressent et que les banques refusent de prêter. Nadège Arnault n’exclut pas de renoncer à une partie des 82 millions d’€ d’investissements envisagés.
A ce jour, seuls 37 millions sont sûrs et certains d’être dépensés, car ils correspondant à des chantiers déjà reportés. Le reste se fera à l’avenant avec la volonté de réaliser quand même autour de 75% des dépenses budgétisées, soit le taux de réalisation des investissements approché en 2024. Un chiffre supérieur à ce qui réalisent d’autres institutions mais plus faibles que d’habitude au Département qui revendique plutôt s’approcher voire dépasser les 80%.
En parallèle, le Conseil Départemental s’engage dans un fort plan d’économies. Il annonce 12 millions d’€ dont la moitié dans le secteur social. Nadège Arnault réfute pour autant l’idée d’une coupe brute dans les dispositifs dédiés aux plus fragiles. S’il y a bien des suppressions de mesures comme le site JobTouraine « à bout de souffle » ou une aide « pas significative et pas lisible » pour les assistantes maternelles, la présidente assure que d’autres dispositifs peuvent les compenser (France Travail d’un côté, la CAF de l’autre).
De plus, les économies seraient aussi en grande partie liées à la suppression des marges de manœuvre. Dans le passé, le Conseil Départemental aurait eu tendance à surévaluer ses dépenses et minorer ses recettes. « Là, on n’est plus là-dedans. En fin d’année nous n’aurons pas de surprise… mais nous n’avons plus de marge. C’est un changement de méthode » souligne Nadège Arnault dont les services ont donc intérêt à avoir bien prévu leur coup pour éviter les (mauvaises) surprises.