Députée déchue, Fabienne Colboc ne compte pas quitter la scène politique

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La préfecture d’Indre-et-Loire a publié mardi soir la liste des candidatures confirmées pour le second tour des élections législatives dans le département. 4 triangulaires étaient possibles mais au final il n’y en aura aucune : 4 candidates ont choisi de se retirer pour tenter d’empêcher une victoire du Rassemblement National sur leur circonscription. Parmi elles, 3 représentantes du Nouveau Front Populaire et la députée sortante de la 4e circonscription Fabienne Colboc. Après 7 ans à siéger, la Macroniste quitte donc le devant de la scène sur une défaite. Elle se confie sur cette période particulière.

« Au fond de moi, la décision a été évidente tout de suite. » 3e du 1er tour sur sa circonscription, Fabienne Colboc a annoncé dès dimanche soir qu’elle retirait sa candidature malgré la possibilité de se maintenir pour le second tour. « Il s’agit d’envoyer un message fort pour dire que le RN ce n’est pas possible. Ne prendre aucun risque même si il y aurait pu avoir un report de voix qui aurait pu me permettre de l’emporter » se justifie-t-elle auprès de 37 degrés.

Cela dit, l’annonce de ce désistement a mis plusieurs heures à arriver. Pas autant que pour la militante LFI Sandra Barbier (qui a attendu 24h avant de renoncer à sa candidature sur la 3e circonscription), mais tout de même suffisamment pour qu’on sepose des questions. Fabienne Colboc s’en explique : « Il a fallu que j’arrive à convaincre certains électeurs et militants. Ce n’est pas évident car ils se sentent orphelins ou voient en Laurent Baumel l’ombre de La France Insoumise à laquelle ils sont fortement opposés, comme le RN. »

Comment les a-t-elle convaincus ? « J’ai expliqué que le RN c’est un seul bloc quand le Nouveau Front Populaire est composé de plusieurs formations politiques qui peuvent agir en toute indépendance. » Sous-entendu, la Chinonaise parie sur des divergences au sein de la gauche pour empêcher l’hégémonie des thèses de LFI alors que le RN n’a à priori aucune raison de se déchirer sur les points les plus redoutés de son programme.

Ainsi, Fabienne Colboc espère que Laurent Baumel « puisse travailler avec les députés d’Ensemble et du front républicain » en cas de majorité plurielle à l’Assemblée Nationale. Elle lui a d’ailleurs fait une demande en ce sens par écrit et souhaite rencontrer le socialiste pour en discuter de vive voix ce qui serait, selon elle, une première en dehors des débats de période électorale (c’est la 3e fois qu’ils s’affrontaient après les Législatives 2017, les Municipales de Chinon en 2020 et les Législatives 2022).

« Je reçois des messages de déception au sujet de mon geste mais aujourd’hui c’est fini les guéguerres politiques, il faut un front républicain, des messages clairs sans calcul politique » insiste encore Fabienne Colboc. Car même si Jean-François Bellanger n’est pas le meilleur espoir départemental du RN pour une victoire finale en Touraine, il termine en tête sur cette 4e circonscription, avec parfois des scores insolents comme un stratosphérique 55% des voix à Jaulnay.

« Il faut dire aux gens qu’ils font une erreur, que le RN n’apportera pas de solution aux territoires. Il faut le combattre, leur dire de faire attention car les valeurs républicaines et les compétences ne sont pas là » tente d’argumenter Fabienne Colboc, comme s’il était encore possible de contenir la vague. « J’ai le cœur lourd mais je suis encore dans la bataille » assure la désormais ex-députée qui accepte de se remettre en cause : « J’ai clairement perdu Joué-lès-Tours et La Riche » assène-t-elle.

A cause de quoi ? Critiquée voire moquée en 2017 (notamment après un débat télé raté), Fabienne Colboc a petit à petit acquis le respect en local et au niveau national, portant des dossiers importants comme ceux liés à l’audiovisuel public. Même à gauche, on lui témoigne une certaine sympathie, notamment pour son opposition à la loi immigration. La quinquagénaire est vue comme une femme de terrain humaine qui travaille sérieusement et avec qui on peut discuter. Cela n’a donc pas empêché la chute.

« Il faut faire le bilan avec beaucoup d’humilité. C’est un vote contre la majorité d’Emmanuel Macron et contre moi. Il y a forcément une part de responsabilité. Je n’ai peut-être pas assez convaincu des élus de me rejoindre dans les grandes villes. Ils sont restés dans leurs clivages » nous répond Fabienne Colboc qui assure ne pas en vouloir au chef de l’Etat d’avoir pris cette décision de dissoudre l’Assemblée.

« Si on continuait comme ça il y aurait eu sans cesse des appels à la démission d’Emmanuel Macron. Ça n’aurait pas été tenable. Et quand certains disent que ça aurait été mieux de dissoudre à l’automne je dis non car on ne fait pas ça au moment de discuter le budget de l’Etat. »

Et maintenant, que va devenir Fabienne Colboc ? « Je vais m’occuper de moi, de mon mari, profiter de lui, de mes filles, notamment l’aînée qui attend un heureux événement. Ce sera un retour aux sources » nous glisse-t-elle. Alors, bye bye la politique ? « Quand on s’engage, la politique ce n’est jamais fini » tranche la Macroniste, décidée par exemple à soutenir son ami Gabriel Attal comme leader de la majorité, même s’il doit quitter Matignon et son poste de premier ministre. « C’est celui qui a la capacité de prendre le relais, même si c’est encore trop tôt pour parler d’une candidature à la présidentielle » disserte la Chinonaise qui ne ferme pas elle-même la porte à un retour dans une bataille électorale.

Après tout, Laurent Baumel a bien subi 3 défaites en 7 ans sans jamais se décourager, et le voilà aujourd’hui en position favorable pour redevenir un influenceur local de premier plan.

Quant à Fabienne Colboc, elle dit ressortir « grandie » de ses 7 ans de députation, retenant les rencontres, les projets portés, le soutien aux entreprises ou aux associations, « l’humanité qu’il y a autour. Apporter des solutions plutôt que mettre des bâtons dans les roues » plutôt que les commentaires désobligeants, les mails agressifs voire les menaces à domicile. « En face, je n’ai jamais été agressive » tonne-t-elle comme un avertissement face au climat politique déjà délétère du pays, et qui ne parait pas prêt de s’arranger.

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