« Ce n’est pas parce qu’on vote le budget du Département qu’on est de droite »

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Le Conseil Départemental d’Indre-et-Loire votera son budget 2021 au mois de mars. Le dernier du mandat débuté en 2015, sachant que les prochaines élections sont programmées en juin (un décalage de trois mois en raison de la crise du coronavirus). L’assemblée départementale actuelle est composée d’une majorité de 30 élus de la droite et du centre… Les 8 autres faisant partie de l’opposition… ou de la minorité, selon le mot qu’on souhaite emprunter. Quel bilan fait-elle de ces six dernières années ? Entretien avec l’un de ses membres, Dominique Lemoine.

On pourra toujours nous dire que comparaison n’est pas raison… Enfin quand même : que ce soit à la ville de Tours, à la Métropole ou au Conseil Régional, on entend souvent l’opposition s’exprimer, pour entretenir un jeu de ping-pong avec les équipes en place, et au passage ne pas se faire oublier, ni des médias, ni des électrices et électeurs potentiels. Une exception notable dans le milieu politique tourangeau : le Conseil Départemental. Les 8 élus de l’opposition ayant même plutôt tendance à se qualifier comme membres d’un groupe minoritaire, de plus les votes où ces derniers s’associent à la majorité ne sont pas rares.

« On prend beaucoup la parole en commission pour faire avancer nos idées donc nous n’avons plus à revenir dessus lors des séances » éclaire Dominique Lemoine, élu du canton de Tours-Est et membre du parti UDE. En six ans, il estime avoir pu « faire avancer pas mal de projets en discutant avec le président Jean-Gérard Paumier. » :

« Nous avons eu des résultats positifs sur l’environnement avec un dossier de plus de 15 millions d’€ et des objectifs ciblés précis : -35% des émissions de gaz à effet de serre et -35% de consommation d’énergie sur 75% de la surface des bâtiments du département. On a fait supprimer l’intégralité des chaudières au fuel remplacées par de la biomasse et on va produire 50% de la consommation électrique de nos collèges via un grand plan de mise en place de panneaux photovoltaïques sur les toits et les parkings des établissements comme à Parçay-Meslay. D’ailleurs nous avons aussi obtenu que les collèges soient le premier poste d’investissement. »

De fait, 22 millions d’€ leur seront consacrés en 2021 soit le quart de l’enveloppe départementale dédiée aux nouveaux projets. « Tout cela n’était pas prévu dans le programme de la droite. C’est pour cela que nous avons voté les deux derniers budgets car avant nous ne les votions pas » ajoute le conseiller départemental qui se félicite en prime des 200 000€ investis par la collectivité pour aider à la réouverture du Bateau Ivre Rue Edouard Vaillant à Tours : « c’est aussi nous qui avons convaincu le Département. »

Une cogestion à la Jean Germain

Que faut-il conclure de toutes ces négociations ? « Ce n’est pas parce qu’on vote le budget qu’on devient de droite. On reste de gauche, nous n’avions pas dévié de notre vision politique » insiste Dominique Lemoine qui loue la capacité d’écoute du président qui s’est construite dans le temps : « Lorsqu’on a débuté on a mis un bon moment avant de faire prendre en compte nos différentes revendications. Mais Jean-Gérard Paumier est un président qui négocie. Au bout d’un certain temps on arrive à avoir une écoute et on trouve un équilibre, comme ce qui se faisait auparavant avec Jean Germain à la Métropole (ex Tour(s)Plus du temps où le socialiste en était président, ndlr). Il écoutait aussi ce que les maires de droite avaient à dire et essayaient de faire une synthèse pour faire avancer le bien commun. »

Une sorte de cogestion en somme, comme Philippe Briand l’a maintenue de 2014 à 2020 pour l’agglo, que Wilfried Schwartz essaie de poursuivre depuis son entrée en poste (mais c’est compliqué). « On se retrouve dans cette dynamique, le fonctionnement me parait sain. Nous ne sommes pas dans l’exécutif mais on arrive à discuter » analyse Dominique Lemoine qui a par exemple une analyse similaire au président de droite sur le manque de soutien de l’Etat face à la hausse des dépenses contraintes du Conseil Départemental (le RSA, par exemple, le tout en perdant la possibilité d’actionner le levier fiscal).

La campagne se prépare en vue du scrutin de juin

Ne pas croire que tout est rose. Des divergences restent, notamment sur la politique sociale : « Je vois bien le budget augmenter sur la protection de l’enfance – 14 millions d’€ supplémentaires et 113 postes en plus pour l’accompagnement – mais quand je rencontre les gens sur le terrain ils se sentent financièrement à la ramasse. Il y a une vraie réflexion à mener sur ce que fait le département et comment les choses se passent dans les structures » exprime Dominique Lemoine. Des réserves affichées aujourd’hui mais qui ne se sont pas vraiment exprimées au grand jour. On les a plutôt vues portées par des organisations syndicales, des associations ou des militants. Y compris au plus fort du débat sur l’accueil des mineurs non accompagnés. Sur ce sujet, commentaire de l’élu tourangeau :

« C’est un sujet délicat et très complexe. Si on a un doute entre la minorité et la majorité d’un jeune lors de l’évaluation, il doit profiter au mineur. »

Dominique Lemoine relève également l’incapacité du Département à travailler de concert avec la ville de Tours lors des mandats de Serge Babary (LR) et Christophe Bouchet (Parti Radical) : « Il y a eu des dysfonctionnements notables, je pense qu’ils auraient dû s’entendre. Cette situation a été dommageable pour tout le monde. J’espère que les choses vont se normaliser avec la nouvelle municipalité pour travailler ensemble sur des sujets importants comme l’accompagnement des jeunes dans les quartiers difficiles ou les voies vertes. »

Candidat à un nouveau mandat, l’élu UDE se prépare à une campagne difficile entre la crise sanitaire et la double élection départementale + régionale qui se profile pour juin. Ce ne sera pas facile d’expliquer qui fait quoi aux électeurs. Il faudra aussi marquer sa différence avec l’équipe en place pendant 6 ans alors que celles-ci n’ont jamais vraiment éclaté au grand jour. Si l’opposition constructive a l’avantage de faire avancer plus facilement les dossiers, c’est au moment de retourner face aux citoyennes et citoyens qu’elle peut atteindre ses limites. Tout dépendra alors d’une potentielle union des forces de gauche, aujourd’hui bien incertaine.


Un degré en plus :

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