Aéroport de Tours : de quel avenir parle-t-on exactement ?

Facebook
Twitter
Email

L’aéroport de Tours aura été le prétexte qui aura créé la première grosse polémique du mandat au sein de Tours Métropole. Mais derrière l’aspect purement politique et des oppositions idéologiques, l’aéroport reste un sujet d’ampleur, ouvrant de nombreuses perspectives et possibilités…

Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’aéroport de Tours suscite de nombreux débats. Rarement un sujet aura en effet autant fait parler et créer autant d’oppositions sur les questions de nuisance sonore, sur la pollution liée à la circulation aérienne, ou encore sur le modèle économique…  Boosté par l’émergence du « Low Cost » au milieu des années 2000, l’aéroport de Tours est passé de 3000 passagers à près de 200 000 aujourd’hui. Un boom dû à la présence essentiellement d’une compagnie : Ryanair et dont le revers de la médaille est un modèle avec un important financement des collectivités publiques avec près de 3,5 millions d’euros investis par an (plus de 1,1 million par collectivité -> Métropole / Région / Département) pour rentabiliser la structure. Si ce modèle a permis de relancer la plateforme tourangelle, aujourd’hui ce modèle semble dépassé et de l’avis assez unanime des exécutifs locaux, il convient de le revoir.

Relire : [HistLoire] Du champ d’aviation militaire à l’aéroport de Tours

Ça c’est dans les discours, car dans les faits, les débats lors du conseil métropolitain du 17 décembre dernier, ont montré que la réalité pouvait être plus subtil. Pourtant la question de l’avenir de l’aéroport, lié au départ de l’Ecole de Chasse de l’Armée de l’Air se pose désormais depuis quelques années. Suite au départ de celle-ci, qui sera définitif le 1er juillet prochain, la Métropole va récupérer les 200 hectares de l’Armée pour développer la zone aéroportuaire. Une opportunité doublée par la fin de la Délégation de Service Public confiée à Edeis jusqu’en juin 2022. A cette date, un nouveau projet doit donc voir le jour, sur la base d’un aéroport 100% civil mais aussi d’une zone foncière de 700 hectares au total à aménager. Un luxe dans un territoire où les réserves foncières se font rares.

Cette double opportunité ouvre donc la piste à des réflexions sur deux axes principaux : celui des liaisons aériennes, on l’a vu pour le moment se basant sur un modèle très subventionné, et de l’autre celui de l’aménagement de la zone autour de la piste aérienne.

La recherche d’un nouveau modèle économique

Des opportunités à saisir, mais avant cela il faut revoir le plan de financement. Le passage de l’aéroport en zone entièrement civile conduit à une demande de nouvelle certification par l’aviation civile et européenne. Pour l’obtenir des aménagements sont nécessaires comme l’installation de nouvelles clôtures, le dévoiement de réseaux ou la création d’un nouvel accès aux pistes. Des travaux d’un montant de 9 millions d’euros, pris en charge à la même hauteur par les trois collectivités partenaires sur une durée de 3 ans. Depuis son élection cet été à la présidence du Smadait, le syndicat mixte gérant l’aéroport, Emmanuel Denis s’est attaché à travailler aux financements, avec comme objectif que l’avenant de la DSP qui doit être signé avec Edeis dans ce cadre (toujours en raison du passage de l’aéroport en zone 100% civile) ne coûte pas plus cher aux collectivités publiques. C’est dans cette optique et au regard de l’arrêt actuel des vols commerciaux que le maire de Tours a émis l’hypothèse de stopper deux lignes actuelles : celle vers Marrakech et celle vers Marseille, dans le prochain plan de vol négocié avec Ryanair (ils sont négociés tous les 6 mois). La première au regard qu’elle est une ligne sortante et la seconde en raison de la non-concurrence souhaitée au transport ferroviaire. Selon le maire de Tours cette option ferait économiser plus de deux millions d’euros, une somme nécessaire à Edeis pour le recrutement d’équipes de secours, de pompiers et de matériels nécessaires (jusque-là pris en charge par l’Armée).

La volonté affichée par le maire de Tours est « d’élaborer un nouveau modèle économique plus vertueux ». Oui mais Emmanuel Denis a beau répéter qu’il ne souhaite pas la fermeture de l’aéroport mais seulement la révision du modèle de vols commerciaux depuis plusieurs mois, il peine à convaincre ses opposants, d’autant que dans sa majorité, certains élus tiennent de leur côté un discours plus tranché. La divulgation de sa réflexion sur la fermeture des deux lignes citées plus haut, a conduit ainsi à la crise politique du dernier conseil métropolitain sur fonds de méfiance envers les intentions du maire de Tours.

Relire à ce sujet : Turbulences sur l’aéroport de Tours

Pourtant, en se replongeant dans les débats à la Métropole ces dernières années on se rend compte que la position d’Emmanuel Denis n’est finalement pas si éloignée des propos que tenaient Philippe Briand lors du mandat précédent. En octobre 2018, ce dernier déclarait ainsi : « Aujourd’hui nous finançons avec l’argent public 13 euros sur un vol à 60 euros. Je pense que ceux qui partent en vacances en avion, peuvent prendre en charge cette somme » tout en affirmant vouloir « sortir de la dépendance de Ryanair ». Un avis que partageait alors celui qui était directeur d’Edeis qui déclarait de son côté : « In fine, l’aéroport ne doit plus coûter un sou aux collectivités ».

Vols commerciaux mais aussi développement d’une zone d’activités

Si beaucoup semblent s’accorder sur la nécessité d’ouvrir l’aéroport à plus de lignes entrantes, attirant des touristes, préserver la plateforme pour les vols d’affaires et les vols sanitaires en lien avec le CHU, là où les visions s’opposent en revanche, c’est que si l’arrêt des vols aériens peut être perçue comme une opportunité pour Emmanuel Denis pour revoir le modèle actuel, pour d’autres, l’absence d’alternative fait craindre un arrêt trop brutal des activités. D’où la volonté réaffirmée ce lundi en conférence de presse par Wilfried Schwartz de maintenir les lignes existantes (y compris Marrakech et Marseille donc), en attendant l’ouverture de nouvelles, de préférence entrantes et sur un autre modèle. Pour le reste, il faudra toujours compter sur Ryanair même si le contrat a été revu avec la compagnie irlandaise. Jusqu’à présent, celui-ci était forfaitaire et les collectivités versaient une contribution marketing fixe, qu’il y ait des vols ou non. A partir de maintenant, le contrat stipule que cette contribution sera au prorata des vols effectués. En ces temps de suspension des vols aériens en lien avec la Covid-19, cela devrait permettre une économie d’1 million d’euros entre novembre 2020 (point de départ du nouveau contrat) et le mois de mars 2021 selon Emmanuel Denis.

Ce dernier parti de la présidence du Smadait (il continuera d’y siéger néanmoins), c’est désormais son successeur, Bruno Fenet, qui va prendre la suite. Ce dernier, maire de Parçay-Meslay avait allumé la mèche ayant entrainé la démission d’Emmanuel Denis, en accusant ce dernier de manque de transparence. A lui désormais de fixer le cap non seulement de l’aéroport en tant que tel, mais aussi des projets de développement autour. En 2018, des esquisses de projets avaient été émises comme le développement d’un parc d’activités qui s’intégrerait dans un schéma global, visant à faire du quartier de l’aéroport un « hub » de la Métropole en y installant la halte routière pour les « bus Macron », mais aussi un pôle d’activités économiques voire de loisirs.

« Il y a un avenir pour cette plateforme avec des possibilités de développement autour des énergies renouvelables et des opportunités foncières pour accueillir des entreprises vertueuses » dit aujourd’hui Emmanuel Denis.  « L’enjeu est important pour la Métropole car cela offre l’opportunité de projets notamment autour de la transition énergétique, comme du photovoltaïque » a indiqué de son côté le président de Tours Métropole.

Facebook
Twitter
Email

La météo présentée par

TOURS Météo

Inscription à la newsletter