Turbulences sur l’aéroport de Tours

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Le maire de Tours, Emmanuel Denis, a démissionné de la présidence du syndicat mixte (Smadait) gérant l’aéroport de Tours ce jeudi 17 décembre, sur fonds de dissension forte au sein de l’assemblée d’élus de Tours Métropole. Un coup de théâtre politique qui prouve une nouvelle fois les clivages qui règnent sur cette question aéroportuaire, alors même que son avenir se joue en ce moment, suite au retrait de l’Armée de l’Air de la plateforme…

La démission surprise d’Emmanuel Denis de la présidence de l’Aéroport

Sur fonds de désaccord avec une partie du Conseil Métropolitain, exprimés ouvertement en conseil intercommunal ce jeudi 17 décembre, Emmanuel Denis a décidé de démissionner de la présidence du SMADAIT (Le syndicat mixte gérant l’aéroport), poste qu’il avait pris cet été et qui après coup ressemblait fort à un cadeau empoisonné pour le maire de Tours. D’une manière générale, c’est la méfiance qui règne pour ces vice-présidents envers le maire de Tours sur cette question qui a mis le feu aux poudres et conduit Emmanuel Denis, à la surprise générale, à démissionner. Ce dernier, écologiste, s’est pendant de nombreuses années opposé à l’aéroport et à son fonctionnement basé sur des financements publics importants pour subventionner les lignes aériennes. Attaqué sur le sujet pendant la campagne municipale, il avait adouci sa position expliquant n’étant pas contre l’aéroport en question mais souhaitant un autre modèle.

En prenant la présidence du Smadait, le maire de Tours avait pensé pouvoir agir en ce sens. Pour cela il aurait fallu arriver à un consensus entre les différents partenaires publics (Métropole, Département et Région) mais aussi avant cela au sein de la Métropole déjà. Or on voit que les divergences d’opinion restent fortes entre des élus attachés à cette plateforme aéroportuaire, vue comme une aubaine pour le territoire et d’autres emmenés par Emmanuel Denis, la percevant plutôt comme une infrastructure dépassée à l’heure où le réchauffement climatique n’est plus à prouver.

Un sujet forcément clivant

L’enjeu est important, l’aéroport de Tours est à un tournant et les pouvoirs publics doivent lui donner un cap pour l’avenir : poursuivre son développement ou non et si oui sous quel modèle ?

Des questions épineuses sur un sujet clivant qui peine à faire consensus mais qu’il va falloir traiter rapidement. Le départ de l’Ecole de Chasse et le retrait de l’Armée de l’Air imposent en effet de revoir l’équilibre de l’aéroport et le temps presse.

Un dossier de certification doit en effet être envoyé avant le 30 décembre prochain avec les financements des aménagements et travaux nécessaires. 9 millions d’euros vont être débloqués dans les trois prochaines années à hauteur de 3 millions d’euros par collectivité partenaire (Métropole, Département, Région). Les élus de la Métropole ont voté leur participation ce jeudi soir, non sans opposition de la part d’élus de la majorité de Tours. 13 abstentions (dont celles des élus de Saint-Pierre-des-Corps pour manque de précisions sur le sujet) au final et 1 vote contre. Un signe qui montre les points de vues différents qui résident au sein de l’assemblée intercommunale.

Une délégation qui arrive à son terme en 2022

Autre sujet important, la délégation de service public attribuée à Edeis prendra fin en juin 2022. Il convient de préparer déjà le cadre de la prochaine, tout en veillant à terminer celle-ci dans un contexte de crise du secteur aérien en lien avec la Covid-19 qui fragilise l’infrastructure. La crise sanitaire et l’arrêt quasi-total de l’aviation civile était un prétexte tout trouvé pour le maire de Tours pour avancer sur une révision du modèle. D’où la proposition de stopper les lignes vers Marrakech (35 000 passagers en 2019) et Marseille (32 000 passagers en 2019). La première sur l’argument que c’est une ligne sortante alors que les élus recherchent surtout aujourd’hui des lignes entrantes (de préférence non subventionnées) et la seconde pour la concurrence qu’elle fait au train.

En proposant la fermeture de ces deux lignes, Emmanuel Denis argumentait par ailleurs sur le fait que cela ferait économiser 2 millions d’euros à l’Aéroport. « On a intérêt aujourd’hui de réduire ces vols et de permettre à Edeis de récupérer une partie du contrat marketing passé avec Ryanair et financer les investissements » a expliqué le maire de Tours. Une somme importante d’autant plus que les négociations avec l’Armée sont encore en cours sur la prise en compte de certains coûts poursuivait-il tout en affirmant « Il y a un avenir pour cette plateforme avec des possibilités de développement autour des énergies renouvelables, et des opportunités foncières pour accueillir entreprises vertueuses sur les centaines d’hectares laissés par l’Armée. »

Mais là encore, la suspicion et la défiance sur les intentions véritables et supposées du maire de Tours de la part d’autres élus comme Bruno Fenet maire de Parçay-Meslay et vice-président du Smadait ont conduit au coup de théâtre politique amenant à la démission surprise d’Emmanuel Denis de sa présidence aéroportuaire. Ouvrant par la même occasion une zone de turbulence pour l’aéroport tourangeau, désormais présidé par interim par le conseiller régional Pierre Commandeur, par ailleurs élu d’opposition au sein de la ville de Tours…

Lire aussi : Tours Métropole : la cogestion a-t-elle vécu ?

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