A Saint-Avertin, début d’une nouvelle ère politique

Facebook
Twitter
Email

A moins d’un coup de théâtre encore plus improbable que la démission subite de 20 élus du conseil municipal fin septembre, Laurent Raymond deviendra maire de Saint-Avertin samedi matin. Dimanche 9 décembre, sa liste « Demain Saint-Avertin » est arrivée première de l’élection municipale partielle dans la commune, recueillant 44% des voix (un peu plus qu’au 1er tour). L’ancien adjoint aux finances s’apprête à prendre la suite d’Alain Guillemin, devenant ainsi le 3ème homme différent à la tête de la commune en moins de 5 ans. Un scénario assez inédit…

5ème plus grande ville d’Indre-et-Loire, Saint-Avertin est plutôt une commune calme, dont on loue la douceur de vivre à quelques sauts de puce du cœur bouillonnant de la métropole tourangelle… Jusqu’à une époque très récente, la politique se faisait dans le même esprit, avec une domination claire et nette de la droite et du centre. Voilà comment Jean-Gérard Paumier avait été réélu maire dès le 1er tour en 2014 après avoir déjà réussi à réaliser cette performance en 2008. Ses résultats dans les urnes, et la bonne santé de la municipalité, ont rapidement fait de lui un homme incontournable de l’échiquier politique départemental. Dès 2015, on citait son nom comme prétendant à la présidence du Conseil Départemental d’Indre-et-Loire, hypothèse qu’il réfutait alors pour se concentrer sur sa mairie. Mais au décès de Jean-Yves Couteau début 2016, sa nomination à la tête de l’institution départementale n’a souffert d’aucune contestation, l’obligeant à laisser de côté ses administrés et sa vice-présidence aux transports à l’agglo.

Après lui, c’est Alain Guillemin qui a repris les affaires. Un UDI remplaçait un LR. A la Métropole, le centriste se voyait confier le numérique… Intéressant, mais beaucoup moins stratégique que les transports. Au fil des mois, les relations se tendent entre ce maire qui ne fait pas mystère de sa non-ambition pour l’avenir et une majorité municipale qui était habituée au style Paumier, rude mais déterminé. Alors quand la députée de la circonscription Sophie Auconie flaire l’opportunité et annonce qu’elle n’exclut pas d’être tête de liste aux municipales 2020, le sang d’une partie de l’équipe ne fait qu’un tour, poussant 20 élus à la démission le 26 septembre (resté simple conseiller municipal, Jean-Gérard Paumier était inclus dans le lot, beaucoup d’observateurs le voient d’ailleurs comme un artisan de ce coup politique).

Une élection qui n’a pas passionné la foule…

Les faits sont là : disloqué, le conseil municipal va devoir être reconstitué via une élection partielle 15 mois avant le prochain scrutin. Et comme Alain Guillemin, désavoué et vexé d’avoir été traité de la sorte, ne veut pas se mettre en tête d’affiche, il est tout de suite clair que c’est une nouvelle personnalité qui va reprendre le flambeau. Pas facile à suivre si l’on observe la situation sans s’intéresser de près aux affaires municipales, ce qui n’est jamais très bon pour la réputation des politiques.

Ainsi Saint-Avertin est retournée aux urnes… Enfin, 43% du corps électoral et 45% au second. « C’est faible » convient Laurent Raymond, chef des démissionnaires et leader de la liste Demain Saint-Avertin qui s’impose avec 44% des suffrages au second tour (42% au premier). Passé par le poste d’adjoint aux finances, celui qui nous disait être arrivé un peu par hasard dans le monde politique en se laissant convaincre par Jean-Gérard Paumier a vite appris : il commente les résultats avec pragmatisme et gravité…

Inédit : un Saint-Avertinois de gauche à la Métropole

« On obtient 24 sièges, j’en aurais aimé un peu plus » analyse Laurent Raymond. De fait, sa liste ressemblait en grande partie à celle de Jean-Gérard Paumier présentée en 2014… mais en moins de 5 ans elle a perdu 12 points ! Dans le même temps, le candidat de la gauche et des écologistes Philippe Lebot en a pris 9, passant de 20 à 29% et en profitant pour obtenir un des 3 sièges dédiés à la ville dans l’assemblée de Tours Métropole, une première pour un membre de l’opposition depuis la création de l’institution.

A LIRE AUSSI : Le portrait de Laurent Raymond

Avec 24 élus sur 33, Laurent Raymond garde tout de même les coudées franches pour mener les affaires comme il l’entend : « tous mes conseillers municipaux auront leurs projets. Il y aura 8 adjoints – un de moins que dans l’ancienne équipe – mais chaque élu aura des missions » nous explique-t-il. Ils ne seront sans doute pas de trop car tous n’ont que 15 mois pour faire leus preuves avant le prochain vote des habitantes et habitants de la commune, en mars 2020. La priorité ? « Retisser les liens qui n’existaient plus avec la population et sortir rapidement des projets importants comme celui de la Bellerie ou la rénovation du site de Cangé. On va aussi réparer le lien qui s’est distendu avec les parents d’élèves dans les écoles, relancer les comités de quartier… »

Baisse des impôts attendue en 2019

Pendant sa campagne Laurent Raymond a fait une promesse : « maîtriser la fiscalité ». En 2018, Saint-Avertin a fait partie des grandes communes qui ont le plus augmenté leur taxe d’habitation, au point d’être citée dans les médias nationaux. Pas du tout une bonne pub quand le gouvernement voulait lui axer sur la baisse de cet impôt. Alors, pour 2019, Laurent Raymond s’engage à baisser la base fiscale de 2%. Pour compenser la perte de recettes, « on utilisera d’autres ressources » déclare-t-il, espérant notamment récupérer des subventions de la Métropole : « on a fait des demandes pour à peine 30 00€ cette année quand St-Cyr-sur-Loire en a fait pour 600 000€ » s’inquiète le futur maire qui rappelle aussi que la Région s’est dit prête à utiliser autour d’un million d’euros pour des projets sur le territoire saint-avertinois.

Les priorités de Laurent Raymond

Appelé à devenir vice-président de la Métropole dès ce lundi 17 décembre, jour du prochain conseil communautaire, Laurent Raymond va devoir prendre ses marques. S’il a vite adopté les codes avec une prudence et une retenue toute tourangelle, ce centriste qui vient de démissionner de son poste de direction à la MDPH37 (Maison des Personnes Handicapées) se sait attendu au tournant après plusieurs mois de paralysie des projets. Pour prêcher sa paroisse, il loue l’expérience de son équipe qui connait les dossiers depuis 2014. En face, l’opposition veille : cet épisode « va coûter cher et on va s’en rendre compte dès le vote du budget 2019 » professe le leader de l’opposition Philippe Lebot qui voit en Laurent Raymond un maire « mal élu » et s’inquiète de sa capacité à apaiser rapidement les tensions qu’il dit avoir recensées dans les services de la municipalité : « j’espère que l’on ne va pas attendre janvier pour relancer le CHSCT » note-t-il en priorité.

La gauche peut-elle encore progresser à Saint-Avertin ?

Avec ses 29%, deux élus de plus que dans l’ancienne assemblée municipale et un à la Métropole, Philippe Lebot a gagné de la confiance. De quoi plus peser sur les décisions ? « Cela va permettre de faire entendre encore plus nos valeurs de gauche, écologiques et solidaires, et plus globalement la voix de notre commune qui n’était pas assez entendue dans l’agglomération » veut-il croire, en citant notamment le développement des transports en commun ou des pistes cyclables. Laurent Raymond le rejoint, au moins sur le discours : « il est important de revoir l’organisation de la mobilité dans la ville, par exemple en créant une liaison directe avec la gare de St-Pierre-des-Corps utilisée par de nombreuses personnes qui travaillent à Paris » explique-t-il, souhaitant engager une discussion dans les tous prochains mois pour réaliser son projet d’ici la rentrée 2019.

On l’a dit, le temps presse pour l’équipe du nouveau maire. Ce dernier assure que la campagne des élections de 2020 ne commencera que quand elle sera officiellement ouverte, ses adversaires ne le voient pas sous cet angle. Gérard Hoffmann, 3ème de l’élection et qui a suivi la ligne d’Alain Guillemin en le plaçant N°3 de sa liste, compte par exemple ratisser le terrain sans tarder pour combler son déficit de notoriété et lutter avec de meilleures armes dans 15 mois. Pareil pour Philippe Lebot qui se verrait bien profiter de cette lutte pour gagner de nouveaux points de popularité et de sympathie dans les urnes histoire de continuer à profiter d’une situation qu’il n’a pas souhaitée, qu’il a dénoncée, mais dont il sort néanmoins renforcé…

Facebook
Twitter
Email

La météo présentée par

TOURS Météo

Inscription à la newsletter