«Very Bad Tape 3» : Nivek en grande forme.

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Les pieds dans sa trilogie, le tête dans son futur premier album, le rappeur corpopétrussien aurait pu s’engluer dans la figure de style et bâcler le travail le regard et la langue déjà tournés vers l’avenir. Pourtant, même si l’effet de surprise n’est plus là et s’il s’est (légèrement) assagi, Nivek s’en sort haut-la-main avec une production encore plus léchée que d’habitude et des références sonores plus larges et largement digérées. Son registre enrichi, sa plume légère et multi-dimensionnelle, sa face de bogoss discret et sa gentillesse légendaire en font non seulement le gendre idéal de l’année, mais aussi l’un des auteurs locaux les plus brillants, adossé à un compositeur qui se bonifie d’année en année et livre des prods toujours plus mortelles. L’automne 2015 démarre avec force.

Le track by track

11221349_10153184399077449_3747561238956976712_nVery Bad Tape 3 disponible sur bandcamp

  1. Last Action Intro

«On comprend rien Nivek, descends de ton cheval». Dans la plus pure tradition hip hop (et avec une ligne de basse tueuse à la Massive Attack), Nivek nous donne de ses nouvelles et de celles de ses potes depuis l’EP précédent. Mark Heiss le graphiste est toujours là (même si son style a radicalement changé). On y parle de trois-sept, de la Loire. Tout va bien, on est à la maison. Entre nous. Et ça fait du bien, tu nous avais manqué, mec. «Il y a des artistes qui foutent le feu et ceux qui jette un froid.» A l’auditeur de ce qui va suivre de classer Nivek où il veut.

  1. Strange

Une intro bien sentie sur l’homophobe mal à l’aise qui cherche péniblement à cacher son homosexualité potentielle, histoire de rappeler que le vieux cliché «rappeur égal anti-pédé» commence à prendre du plomb dans l’aile. Au milieu d’une jolie ballade/balade urbaine, à noter la sublime ligne «Y’a comme un dièse dans ces putains d’hashtags» et le joli clin d’œil sociologique oxymoresque «Dans nos quartiers les jeunes sont tous révoltés/Car la société n’est vraiment plus ce qu’elle était.». Quand on vous dit qu’il est en pleine forme…

à voir également : Strange le clip de la semaine de 37°

  1. Paire de Puma

On change encore d’ambiance, avec un son autoproclamé «baisable», plein de synthés virevoltants comme des libellules et d’infra-basses lentes comme on les vénère. Côté lyrics, on part dans tous les sens, dans tous les sens du mot «sens» (on n’avait jamais entendu le mot «nénuphar» dit comme ça). Pur, épuré, sobre, cristallin, le son et le style Nivek atteignent ici une grande maturité qui inscrit définitivement l’animal dans la catégorie «fauve» du genre. Un puma, par exemple, hein.

  1. Interférence

On dirait au démarrage un peu «Chevalier noir» du précédent EP, mais ça vire vite beaucoup moins… noir. Au moins côté son, parce que côté mots, ça ne respire pas la grande joie, même si le message téléphonique vocal final, authentique ou pas (on préfère garder le mystère), est une petite parenthèse de vie tranquille, apaisée, bien loin des malheurs égrénés pendant les minutes précédentes. Dont on retiendra l’excellente punchline «Certains regrettent les Boches/Car pas embauchés», une manière subtilement détournée de dénoncer la montée du FN. On a aussi beaucoup aimé le mot «neige» coupé en deux. Oui, oui. Coupé en deux !

  1. Bejito

«Je crois que je suis de retour/Je crois que je vis toujours». Bah oui mon gars, et c’est tant mieux pour nous.

  1. Badster

Nous voilà dans une ambiance très new wave (boîte à rythmes, ligne de basse, synthés… on pense un peu à Trisomie 21) pour un petit règlement de comptes de bonne guerre contre nos gentils barbus urbains branchés, particulièrement bien senti (et décidément super bien écrit ; pas une seule fois dans cet EP Nivek ne tombe dans la facilité). «Touche ma nou…» suggère le rappeur à ces fameux «badsters». Pas sûr que ça les emballe, hein, mec ?

  1. L’Odyssée de Ni

Gentille ambiance jazzy (quand on vous dit gendre idéal…) pour clore cette trilogie sur un air (faussement, on vous rassure) apaisé. Un peu de soleil au bout du tunnel quand même, Nivek se rêvant même «en jean sur la dune du Pyla» (gare à l’embourgeoisement qui guette, ça va finir à Trouville cette odyssée !). «Encore du chemin à faire/frère» encourage-t-il en guise de conclusion en demi-teinte. On a quoi qu’il arrive bien envie de continuer à le faire avec toi, ce chemin.

Un degré en plus

> Notre interview vidéo exclusive de Nivek dans notre toute nouvelle émission «Micro Faune».

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