CCNT, 4 lettres et un petit acronyme bien connu de celles et ceux baignant dans le milieu culturel. Mais CCNT comme Centre Chorégraphique National de Tours est aussi un petit nom qui est entré dans les débats politiques et les sujets d’urbanisme ces dernières années.
L’histoire remonte à 2016, à l’étroit dans ses locaux situés quartier Giraudeau, le déménagement du centre chorégraphique est une nécessité pour beaucoup.
Les raisons du déménagement sont nombreuses : le CCNT manque de visibilité et de place. Le bâtiment du CCNT se résume à un studio avec une jauge de 136 spectateurs et des bureaux pour l’administration. L’idée est alors de profiter de l’aménagement du quartier des casernes pour créer un nouveau bâtiment pour le Centre Chorégraphique National. L’idée est ambitieuse puisqu’on y évoque plusieurs espaces de répétition mais aussi une grande salle permettant l’accueil de 450 spectateurs. Un concours d’architectes et est remporté par Lina Ghotmeh, coautrice notamment du Musée national d’Estonie et du Musée d’histoire naturelle de Copenhague. Cette dernière imagine alors un bâtiment sur 2900 m² dont 1800 m² dédiés à la création. On évoque alors une livraison courant 2022 pour ce nouveau bâtiment culturel.
Oui mais l’inflation étant passée par là, dès la fin 2021, du côté des pouvoirs publics et notamment la ville de Tours qui porte ce projet, on s’inquiète de l’envolée des prix liés à l’inflation. En 2022, on évoque ainsi une hausse de 38% de l’investissement pour ce projet, faisant élever la facture à près de 23 millions d’euros. Du côté de la majorité d’Emmanuel Denis, on évoque alors un projet surdimensionné, en ajoutant les futurs coûts de fonctionnements du lieu qui augmenteront de 700 000 euros par an par rapport à ceux actuels.
Face à cela, la décision est prise de stopper le futur projet et de le repenser intégralement. A l’époque, Christophe Dupin, assume dans nos colonnes une « prise de responsabilité politique » d’annulation du chantier dont le coût avait explosé. Il évoque alors une nouvelle version du bâtiment à venir sans sa grande salle et sans logement.
C’est ce nouveau projet qui vient d’être présenté ce lundi 27 mai à la presse. Alors que le festival Tours d’Horizon débute cette même semaine, les élus de la Métropole (Cédric de Oliveira), de la Région (Delphine Benassy) et de la ville de Tours (Emmanuel Denis et Christophe Dupin) ont dévoilé notamment le montage financier du futur CCNT ainsi que le calendrier prévisionnel.
Le projet de nouveau CCNT revu à la baisse
Le lieu retenu reste le quartier des Casernes Beaumont. Pour ce qui change en revanche c’est d’abord la taille du bâtiment puisque les volumes seront réduits à 1609 m² (rappelons que ceux du CCNT actuel sont de 700 m²). Exit donc la grande salle de représentation notamment. Il y aura néanmoins une salle avec une jauge de 205 places. Pour ce qui est des formats plus grands, Christophe Dupin explique que les élus inciteront à multiplier encore plus les partenariats avec les autres salles du territoire. Si le CCNT se déplace déjà parfois actuellement ailleurs (comme à Malraux par exemple), ces programmations hors ses murs devraient donc se multiplier. Une solution pas idéale nous confiait en 2018 Thomas Lebrun, mais qui fait aujourd’hui office de compromis pour faire avancer ce projet.
Le futur bâtiment répondra néanmoins à d’autres attentes : notamment avec un grand studio de 605m² qui servira d’espace de création et donc de représentation pour les « petits formats » de spectacles. Un petit studio dédié aux pratiques et à la pédagogie sera aussi créé. Les espaces administratifs et d’accueil seront également améliorés par rapport à aujourd’hui.
Pour le maire de Tours, Emmanuel Denis, il s’agit surtout de construire un projet « en phase avec les besoins et bien dimensionné ».
En comptant l’argent déjà engagé dans la version 2016 du projet, le maire de Tours indique que le budget d’investissement s’élèvera au total à 17,7 millions d’euros, soit 30% de moins que le projet initial. Un budget auquel la ville de Tours contribuera à hauteur de 4,1 millions d’euros, tandis que la Métropole y investira 3,7 millions et la Région 3,1 millions d’euros. Toujours côté investissement, l’Etat apportera son aide via le Ministère de la Culture (3,9 millions d’euros) et la Préfecture d’Indre-et-Loire (540 000 euros). En ce qui concerne le fonctionnement du futur site, le Département et la Métropole verseront également des financements.
Concernant le calendrier, les travaux devraient être lancés en 2027 après le lancement des concours de maîtrise d’œuvre et les consultations obligatoires. Le nouveau CCNT devrait ensuite être inauguré en 2029, année des 40 ans de son implantation à Tours…
Pour rappel : Le CCNT, un lieu, plusieurs missions
En tant que centre chorégraphique national, le CCNT a plusieurs missions à remplir. Tous les centres chorégraphiques nationaux doivent répondre à au moins trois des cinq missions institutionnelles autour de la danse : la création d’œuvres chorégraphiques, la diffusion de ces œuvres, la sensibilisation à l’art de la danse, la formation et l’accueil de compagnies.
À Tours, le centre chorégraphique assure les missions de création, de diffusion, d’accueil studio avec un artiste associé pour trois ans et de formation à la danse sur le territoire tourangeaux. En tant qu’unique lieu consacré à la danse dans la ville, le CCNT endosse aussi le rôle de programmation pour pouvoir proposer des spectacles de danse.
Depuis 2012, c’est Thomas Lebrun qui a pris à cœur de remplir toutes ces missions pour le Centre Chorégraphique National de Tours.
