Magyd Cherfi : « Ecrire c’est une introspection »

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Bonjour Magyd Cherfi, vous venez jouer à Oésia vendredi 22 mars dans le cadre de votre tournée « Catégorie Reine », entamée en 2017. Comment cela se passe jusqu’à présent ?

Magyd Cherfi : Oui tout va bien. On attaque les dernières dates de la tournée. On a fait une soixantaine de dates, souvent dans des petits lieux.

C’est une tournée un peu particulière, qui fait suite à un album « Catégorie Reine » pour lequel vous n’avez pas trouvé de maison de disques.

Magyd Cherfi : Cette tournée c’est l’histoire de l’album oui. On a fait un financement participatif pour le sortir et sur cette tournée on mène notre vie en dehors des médias, des promotions télé, on joue dans des petits lieux. C’est une aventure humaine magnifique.

Comment expliquer qu’un artiste comme vous, avec votre notoriété n’arrive pas à trouver une maison de disque ?

Magyd Cherfi : Quand je présente des textes aux maisons de disques, on me dit c’est super mais la musique n’est pas à la mode, c’est un peu dépassé et les portes se ferment partout.

Je suppose que vous trouvez cela dommage non que la chanson française disparaisse un peu ainsi ?

Magyd Cherfi : Oui c’est dommage. Moi je suis né dans l’amour de la chanson française, en écoutant Higelin, Lavilliers ou Renaud qui m’ont révélé dans mon identité d’hommes à textes. Ce n’est pas un style qui fonctionne aujourd’hui mais personnellement plus je me tourne dans le passé et plus je retrouve mon identité d’homme à textes.

Le fait de jouer dans des petites salles, cela change le rapport au public ?

Magyd Cherfi : Il y a des publics pour la chanson française, surtout que niveau scène cela reste sympa. Et puis le fait de jouer dans des salles de 300 places, j’ai trouvé cela super. C’est mieux même. Vous savez je ne me suis jamais aussi mal senti que quand on faisait la tournée des Zenith avec Zebda. On avait à faire à des masses anonymes. J’en avais fait une dépression. Dans les petites salles vous n’avez plus cette masse mais des personnes en face de vous. En revanche, c’est plus difficile économiquement pour tenir le live.

Vous parlez de Zebda, vous avez été érigé en symbole d’une France multiculturelle avec Zebda. Cela a-t-il été pesant ?

Magyd Cherfi : Non parce que en tant que fils d’Algérien j’ai tout de suite été mis face à un contexte de discrimination. Je me suis toujours retrouvé avec des personnes qui faisaient sentir le problème de ma présence, mais de l’autre côté il y avait cette deuxième France qui était heureuse de ce côté multiculturel.

L’aspect symbole c’est parce qu’il y a un problème fort de société. On se présentait en disant : « Je me présente à vous en fils d’Algérien, je suis nourri des problèmes de discriminations ». On en a joué, on a travaillé le sujet, on ne pouvait donc pas réfuter cette étiquette.

Vous chantez depuis 30 ans les questions d’intégration, d’immigration, de solidarité… comment vous percevez l’évolution de la société sur ces sujets ?

Magyd Cherfi : Le bon côté des choses c’est qu’il y a de plus en plus de jeunes issus de l’immigration qui réussissent à se faire une place dans la société, mais à l’inverse il y a aussi une majorité de ces jeunes qui au bout de 4 générations ne sont pas encore considérés comme français. En fait on reste poursuivis par cette injonction d’être français mais comment on fait pour être français quand on l’est déjà ?

Vous, Magyd Cherfi, vous avez trouvé votre place aujourd’hui ?

Magyd Cherfi : Je l’ai beaucoup plus trouvée qu’on ne le croit. Moi, j’ai vécu une vie dorée avec des parents aimants, des frères et des sœurs, des amis et un parcours scolaire plutôt sympa, Je pourrai chanter cela, mais en tant qu’artiste j’entre dans un personnage qui permet de soulever un certain nombre de choses.

Vous avez déclaré avoir longtemps eu du mal à parler à la première personne, d’être un peu prisonnier du « nous ». Dans cet album, le « je » est clairement assumé en revanche.

Magyd Cherfi : Ma carrière solo m’a permis de me réinvestir personnellement. En groupe, le ressenti intime ne fonctionne pas. Quand on me parlait on me disait « vous les beurs », « les quartiers », « le groupe ». Je n’existais pas en tant que Magyd.

Pourtant il y a toujours eu une sorte d’introspection dans vos textes.

Magyd Cherfi : Ecrire c’est une introspection. Je l’ai pratiquée parce que c’était incontournable.

On a l’impression qu’il y a aujourd’hui un certain regard nostalgique dans vos chansons ou dans votre livre « Ma part de Gaulois » qui est le pendant de l’album « Catégorie Reine ».

Magyd Cherfi : Avec l’âge, j’ai eu envie de traiter le passé et l’enfance parce que cela explique aujourd’hui. Je ne suis pas quelqu’un qui préfère le passé, mais celui-ci provoque une mélancolie assez agréable à traiter en effet.

Un degré en plus :

>  Vendredi 22 Mars 2019 – 20h30 • Salle Oésia à Notre Dame d’Oé.
Tarifs : 20 € / 16 € / 14 €  Renseignements et réservations ici.

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