Depuis la fin de semaine dernière, la gronde du secteur culturel a pris une ampleur supplémentaire. Dans la lignée de l’occupation du théâtre de l’Odéon à Paris, plusieurs théâtres en Province ont été occupés également. C’est le cas à Tours, où depuis vendredi, des intermittents et professionnels du spectacle occupent le Grand Théâtre de Tours, avec le soutien de la Municipalité…
Vendredi 12 mars, une semaine après une nouvelle manifestation dans les rues de la ville, les professionnels de la culture : intermittents, salariés, guide-conférenciers… se retrouvent de nouveau au Grand Théâtre de Tours où la dernière manifestation avait pris fin. Depuis une semaine, une banderole « Culture en lutte » a été déployée sur le fronton. Trois mots simples, résumant parfaitement le mot d’ordre et l’état d’esprit des présents ce vendredi midi. Ils ont une soixantaine à être présents, réunis en une assemblée générale. A l’ordre du jour : la suite de la mobilisation et savoir s’ils rejoignent le mouvement d’occupation des théâtres, parti de l’Odéon à Paris depuis le jeudi 04 mars et qui se dissémine un peu partout en France depuis.
Un an après le début de la crise du coronavirus, et pour la grande majorité l’arrêt de leur travail, l’heure n’est plus à « tendre le dos » pour reprendre des propos entendus. Déjà la semaine précédente, « l ’angoisse sociale » était sur toutes les lèvres. Parmi les revendications : la reprise des activités culturelles en premier lieu, mais aussi l’arrêt de la réforme de l’assurance chômage « qui va précariser encore plus les précaires » ou encore le prolongement de « l’année blanche » pour les intermittents, celle décrétée l’an passé devant se terminer en août prochain. « A partir de septembre on fait quoi ? Car c’est clair qu’on n’arrivera pas à faire nos cachets d’ici là » s’alarme une participante, musicienne de profession.
Pour beaucoup, la fermeture des lieux culturels n’a plus de sens. « Tous les protocoles sanitaires peuvent être mis en place facilement » nous dit-on encore, pointant des risques si ce n’est moindres, en tout cas pas plus grands que ceux dans les supermarchés et autres commerces, régulièrement cités.
« La culture est essentielle à la vie humaine, c’est essentiel pour le moral, le mental et le cérébral, ce n’est pas rien » raconte encore un manifestant. Tous les jours à 14h, ils sortiront d’ailleurs du Grand Théâtre pour se placer sur le trottoir et rencontrer le public car « la culture c’est du lien avec le public. »
La Ville de Tours veut rouvrir les lieux culturels
Des propos dans lesquels se fond l’adjoint à la culture et à l’éducation populaire de la ville de Tours, Christophe Dupin. Ce dernier avance et dénonce « l’exception culturelle inversée » mise en place par le gouvernement avec la fermeture des lieux de culture. En fin d’année 2020 il avait symboliquement proposé la mise en vente des tableaux du musée des Beaux-Arts pour pouvoir le rouvrir, dans la mesure où les galeries d’arts pouvaient elles être ouvertes. Dans ce même lieu, mercredi 10 mars, à l’occasion de la présentation d’une toile de Claude Monet qui sera mis en vente lors des enchères organisées par la Maison Rouillac en juin prochain au château d’Artigny, il avait argumenté encore en faveur de la réouverture des musées municipaux. A ses côtés, le maire de Tours, fidèle à son sens de la communication, avait symboliquement annoncé la réouverture du Musée des Beaux-Arts le jour du printemps, en invitant officiellement la Ministre de la Culture Roselyne Bachelot pour l’occasion, « afin qu’elle voit qu’on peut le faire en toute sécurité. »
Un maire et son adjoint qui se sont rendus également au Grand Théâtre samedi 13 mars, pour soutenir officiellement le mouvement d’occupation et écouter les revendications.
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