Chaque vendredi nous plongeons nos mains de gourmands dans l’inépuisable réserve de groupes tourangeaux talentueux et nous en extirpons un clip rien que pour vous.
«Béton» de Nivek
Nivek change de disque
On est forcément tenté de vous refaire le couplet «on s’assagit avec l’âge», mais en fait on pense plutôt que Nivek n’a pas changé de cap parce qu’il «vieillit», mais parce qu’il évolue. Il est moins incisif non parce qu’il se fane, mais parce qu’il a aujourd’hui autre chose à dire. Il s’éloigne d’une ligne classique du rap et lorgne vers les rivages – certes encore lointains – du songwriting parce qu’il en a envie et parce que ça correspond à ce qu’il veut nous raconter en 2017, comme il nous en parlait en juillet dernier dans les coulisses de Terres du Son.
Parfait exemple de ce tournant qui déstabilisera sans doute les fans de la première heure, ce «Béton» chante l’amour et évoque ce petit battement de cœur apeuré avant un rendez-vous ou en attendant une réponse, il parle de mains qui se touchent et de «doux piège», à des années-lumières des «suce-moi grosse pute», poncifs du genre qui, même s’ils sont souvent proférés au 15e degré par la majorité des rappeurs, sont hélas généralement pris au 1er par certains de leurs auditeurs, fans comme détracteurs. Nivek est parti ailleurs, loin, mais continue d’explorer le son des mots et le goût toujours renouvelé de leurs infinies combinaisons.
Côté instru, on oscille entre une petit jungle soft et une techno bien installée sur le dancefloor, certes loin des ambiances sombres des précédents albums, mais jamais trop lumineux non plus.
Côté images, Nivek arrive au ralenti par les doigts de pied pour cette renaissance d’on ne sait quel uterus, se reproduit à l’infini et après nous avoir montré son corps, nous montre ses mains blanches, puis son cœur.
On vous invite à aller découvrir tout ça ce soir au festival Imag’In pour juger par vous-même sur les autres morceaux d’un nouvel album riche et étonnant, sur lequel on n’arrive pas encore à avoir totalement prise (on en reparlera le moment venu). Nivek en dévoile quelques titres sur scène tout en révélant sans fard ni emphase sa mue assumée.
Une prise de risque troublante, contre toute attente.
Un degré en plus
> NIVEK en concert vendredi 8 septembre au Festival Imag’In à Tours
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