Jessy Gérin, conservatrice/restauratrice passionnée au cœur du quartier des arts à Tours

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Jessy Gérin a installé son atelier dans le quartier des arts, à Tours, en mai 2022. Cette passionnée d’art y pratique la conservation/restauration de tableaux et objets d’art polychromes et propose des cours de copies de peintures. Elle revient sur son parcours, d’une école d’art parisienne à sa venue rue du Grand-Marché, en passant par un incroyable voyage en Inde ou une expérience au château de Chenonceau.  

« J’ai toujours peint, dessiné. L’art a toujours été une direction pour moi mais les aléas de la vie ont fait que je me suis orientée vers ce que faisait le clan familial : la coiffure. Puis un jour, l’appel a été trop fort. À force d’enfouir mes envies, elles sont revenues à la surface », se souvient Jessy Gérin, conservatrice/restauratrice de la rue du Grand-Marché, à Tours. L’artiste de 35 ans s’est installée dans cette rue du centre-ville il y a plusieurs mois déjà, en mai 2022. Elle profite, à ce moment-là, d’une opportunité : la fermeture de La Boîte noire, une adresse de référence dans le milieu de l’art tourangeau. « J’ai rencontré les bonnes personnes au bon moment », reconnaît la jeune femme, originaire de Seine-et-Marne.

Après quatre années passées dans son atelier privé de Francueil, Jessy Gérin en a assez « d’être recluse » et souhaite s’installer dans un lieu plus vivant. « J’avais envie de dynamisme. Le seul endroit où je me voyais, c’était dans le quartier des arts », raconte-t-elle. Un choix qu’elle ne regrette pas : « Il y a une dynamique particulière dans ce quartier. J’aime faire partie de l’association, de cet échange artistique et de ce collectif qui se bouge beaucoup pour mettre en valeur l’art à Tours. J’ai été super bien accueillie et intégrée. »

« Les gens peuvent me regarder travailler, ça ne me gêne pas. Ça amène une fenêtre sur un métier généralement pas visible au public. »

Dans son nouvel atelier du centre-ville, la trentenaire propose ses services de conservation/restauration de tableaux et d’objets d’art polychromes et œuvre en tant que copiste de peintures. Elle s’est remise à cette dernière activité après plusieurs années d’arrêt. C’est d’ailleurs grâce à cette discipline que Jessy Gérin s’est enfin lancée dans une carrière artistique. « Lorsque j’ai rencontré mon premier maître en copie de tableaux, il m’a dit d’oser quitter la coiffure », se remémore celle qui pratique également la contrebasse. La jeune femme suit alors une formation dans une école de restauration d’œuvres d’art parisienne et en sort diplômée.

Dans l’atelier de Jessy Gérin, rue du Grand-Marché, à Tours.
Dans l’atelier de Jessy Gérin, rue du Grand-Marché, à Tours.

« Le rapport aux autres et la transmission m’avaient manqué »

Lorsqu’elle s’installe à Tours, Jessy Gérin décide d’à nouveau animer des cours de copie par l’apprentissage des techniques anciennes et modernes (portrait du fayoum, tempera à l’œuf et peinture à l’huile). Si elle a recommencé à prendre quelques commandes lorsqu’elle travaillait à Francueil, transmettre son savoir-faire et sa passion lui manquait. « J’avais enseigné en Seine-et-Marne, puis j’ai laissé l’enseignement de côté. Le rapport aux autres et la transmission m’avaient manqué et l’atelier s’y prêtait parfaitement. J’ai donc repris les cours en septembre 2022. J’ai des élèves de 17 à 80 ans, de tous univers, c’est extraordinaire ! »

Celle qui a récemment repris la peinture et le dessin sur son temps libre a dû abandonner la copie de tableaux lors de son arrivée en Touraine, en 2014. La jeune femme est alors chargée de la collection picturale du château de Chenonceau. Cette collaboration, qui a duré quatre ans, aurait pourtant pu ne jamais avoir eu lieu. Alors qu’elle visite le monument, Jessy Gérin remarque une œuvre en mauvais état. Elle écrit au directeur du château, donnant son ressenti et proposant ses services pour une restauration. « Je ne fais pourtant jamais ça ! », assure-t-elle. L’artiste a cependant eu raison de tenter sa chance puisque, à la suite de ce mail, elle a obtenu un premier chantier de quelques mois. Puis, la direction lui a proposé de rester.

La jeune maman admet que cette expérience au château de Chenonceau a été « merveilleuse », malgré quelques moments difficiles. « Pour restaurer des œuvres, c’est extraordinaire. Ça a été hyper enrichissant. Mais, il y a par exemple eu des moments où j’ai dû travailler en public, dans l’affluence de l’été. Ce n’était pas facile mais ça m’a beaucoup appris », explique-t-elle. La restauratrice estime que c’est notamment grâce à cet emploi qu’elle peut aujourd’hui avoir un atelier vitré, donnant sur la rue. « Les gens peuvent me regarder travailler, ça ne me gêne pas. Ça amène une fenêtre sur un métier généralement pas visible au public. C’est dans la même veine que la transmission par les cours et j’avais vraiment envie de ça. »

Jessy Gérin, conservatrice/restauratrice, dans son atelier de la rue du Grand-Marché, à Tours.

Une aventure extraordinaire en Inde

Travailler au château de Chenonceau lui a aussi offert l’opportunité de collaborer avec des musées européens. Mais ce n’était pas la première fois qu’elle entretenait des relations des pays étrangers. Au cours de ses études, Jessy Gérin a participé à la création d’un musée dans un monastère bouddhiste, à plus de 4 000 mètres d’altitude, dans l’Himalaya, au nord de l’Inde. « Une restauratrice a découvert des trésors là-bas et son idée était un créer un musée sur place, pour que les œuvres restent là-bas et qu’il n’y ait pas de trafic », raconte l’artiste.

Elles ont ainsi passé plusieurs mois en Inde et ont formé plusieurs personnes – surtout des femmes – à la restauration, afin qu’elles prennent conscience de la valeur culturelle et patrimoniale de leurs œuvres et qu’elles soient en mesure de les conserver. « Ce sont des choses qui semblent logiques pour nous, Occidentaux, mais ce ne l’étaient pas pour eux. Nous avons essayé de faire un pont entre nos deux cultures. » La Tourangelle l’assure : « C’est une chance d’avoir vécu cette expérience. Le partage humain a été extraordinaire. Petit à petit, des liens se sont créés et le projet a pris vie. C’était incroyable de participer à cette aventure. » Et si elle n’a pas encore pu visiter le musée, Jessy Gérin compte bien se rendre de nouveau sur place un jour.

La conservatrice/restauratrice travaille aujourd’hui principalement avec des particuliers et s’épanouit dans son activité, dont elle pourrait parler pendant des heures. Passionnée de sciences, d’archéologie et d’histoire de l’art, son métier est un mélange de toutes ces disciplines. « Pour restaurer une œuvre, il faut en comprendre tous les aspects. C’est un peu comme une enquête. Cela correspond donc à mes aspirations d’enfance », indique-t-elle. Avant de poursuivre : « J’aime aussi le fait d’être une “passeuse”. On se retrouve à être les médecins des œuvres, les passeurs du patrimoine, de l’histoire. C’est important car, si nous ne pouvions pas agir dessus, on perdrait une partie de notre histoire, de notre vie. »

L’atelier de Jessy Gérin, situé dans le quartier des arts, à Tours.

Un degré en plus

Atelier de Jessy Gérin : 57, rue du Grand-Marché, à Tours. Contact : tél. 06 37 29 29 94 ou mail gerinjessy@yahoo.fr

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