« Histoires de Géants » à Tours, 1h45 d’irrévérence à l’état pur

Facebook
Twitter
Email

En ce début décembre, le Théâtre Olympia de Tours programmait la pièce Histoires de Géants mise en scène par Youssouf Abi-ayad. Une interprétation contemporaine de l’histoire de Pantagruel, héros iconique de l’œuvre de François Rabelais (que l’on connait bien en Touraine). Un spectacle dont les deux premières représentations ont affiché complet (il reste quelques places pour ce vendredi 20h et un peu plus pour samedi à 15h). On l’a vu pour vous, et on vous raconte.

Le ton est donné dès le petit message introductif invitant à éteindre son téléphone. La voix nous dit qu’on va peut-être se faire chier pendant la représentation mais qu’il ne faut pas faire chier les personnes assises à côté. Elle répète plein de fois le verbe chier, s’amusant que ça en déstabilise certaines ou certains. Aux Etats-Unis, on aurait bipé 25 fois le propos. En France, on s’en fout. Il vaut mieux car la suite est tout aussi grivoise : du vomi dès la première scène, « bite », « cul » ou « pet » à tout bout de champ dans les suivantes. Tout le vocabulaire argot y passe.

Qui a déjà lu un livre de François Rabelais comprendra la référence. L’auteur était connu pour son langage châtié. Ne pas l’employer aurait été une faute. Fallait-il pour autant pousser les choses aussi loin ? On peut dire oui, car le propos global d’Histoires de Géants va bien au-delà.

Ce qui fait surtout l’essence du spectacle ce sont ses personnages. Délurés, dépravés, décervelés… Un quintet incontrôlable composé de Youssouf Abi-ayad, Romain Darrieu, Lucas Goetghebeur, Coraline Mages et Hélène Morelli. Un groupe qui nous donne à voir un accouchement à la tronçonneuse dans une salle plastiquée, une chasse à l’andouille digne d’un tournoi de catch, une épopée nocturne simulant une panne d’électricité dans le théâtre ou encore un délicieux moment entre cirque et théâtre de boulevard.

Si le rire n’est pas toujours spontané, et que l’on déplore quelques moments de flottement, on salue l’énergie de cette troupe qui fonce dans l’absurde tête baissée, sans jamais s’éloigner de son sujet ni oublier d’y insuffler du fond. On se croirait tantôt dans un péplum de cinéma ou dans une émission télé parodique, exercices dans lesquels Rabelais aurait pu s’épanouir s’il avait atteint notre époque. Surtout, on devise sur les liens familiaux, la conscience politique, la constance, l’acceptation de soi ou la distance que l’on peut avoir avec soi-même (par autodérision ou autre).

Histoires de Géants est une pièce qui fait tanguer. Qui esbrouffe. Mais qui rassure aussi sur la capacité du théâtre à s’éloigner toujours plus de sa routine sans pour autant renier ses bases. Le spectacle est émaillé d’effets spéciaux, mais aussi d’une déconcertante décontraction à afficher les coulisses en pleine lumière (changements de costumes ou de décors). Le regard n’en est pas amoindri. Et on se dit qu’il y définitivement moult trésors dans les bouquins de Rabelais (Oh ! On a dit bouquins ! Sapristi !).

Crédit photo : Olivier Legras

Un degré en plus :

Tous les détails sur le site du Théâtre Olympia de Tours.

Facebook
Twitter
Email

La météo présentée par

TOURS Météo

Inscription à la newsletter