Festival WET° à Tours : le théâtre de l’improbable a encore frappé

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Malgré le changement de direction au Théâtre Olympia, le festival WET° n’a rien perdu de son identité et de ses fondamentaux. L’événement dédié aux jeunes créations théâtrales, et porté par l’équipe d’artistes en devenir du Jeune Théâtre en Région Centre JTRC), a séduit un public nombreux, avide de curiosités scéniques.

Depuis sa création, le festival WET° a pris de l’ampleur, allant bien au-delà des murs du Centre Dramatique Nationale de Tours qui l’organise. Ces dernières années, il y a eu des séances aux Tanneurs, au Petit Faucheux, à La Riche… Pour cette édition 2025 à L’Escale de Saint-Cyr-sur-Loire voire… à l’Hôtel Goüin de la Rue du Commerce pour la pièce 35040. Le dispositif permet de sortir du carcan de la scène devant un public assis en parterre et gradins, ce que le théâtre ne cesse d’expérimenter, souvent pour le meilleur.

Après l’originalité peut également se trouver dans la forme classique de la représentation, comme on l’a constaté samedi soir au Petit Faucheux avec C’est un réflexe nerveux on n’y peut rien par la compagnie La Mesa Feliz.

Alors même que les lumières ne sont pas encore éteintes, on peut déjà observer les deux comédiennes, Estelle Rotier et Louise Herrero (qui ont d’ailleurs assuré l’écriture et la mise en scène du spectacle à venir). Elles se présentent dans un bien étrange accoutrement, laissant par exemple apparaître de fausses poitrines dénudées. Une table garnie les sépare. Elles sont immobiles. Incroyablement immobiles.

A l’arrivée de l’obscurité leur jeu se met en branle, et s’avère souvent chorégraphique. Le spectacle se déroule essentiellement sous la forme de jours et de nuits (coucou Les Visiteurs) avec les sempiternelles salutations du réveil ou du coucher, entrecoupées de dialogues cocasses, de simagrées de repas… et de niaiseries bien senties.

Le spectacle est extrêmement bien écrit. Richesse de la langue et des jeux de lettres qui tordent délicieusement les mots pour mixer l’absurde et l’impotent. En creux, on décèle le désir d’émancipation, de liberté, de s’affranchir des codes pour vivre comme bon nous semble, sans s’enfermer dans un carcan ou – pire – un corset. Libération symbolisée notamment par l’évolution du costume au fl de la représentation, mais aussi par l’évolution du mouvement.

D’abord presque statiques, les deux comédiennes finissent par s’agiter puis, carrément, par virevolter, dont l’effet chorégraphique de l’ensemble. Elles s’éloignent peut-être un temps l’une de l’autre mais la sororité reste bien présente en creux. C’est la femme volontaire, initiatrice et détonante qui éclot ici, insolente avec le monde qui voudrait la museler. En domptant leurs peurs, les deux personnages fantasques de cette pièce nous invitent à dépasser nos propres limites.

Crédit photo : Julie Mitchell

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