L’Indre-et-Loire est une terre fertile pour les événements électro et techno. Pendant toute la saison hivernale, les soirées se multiplient au Bateau Ivre, au Point Haut ou à la guinguette d’hiver Le Soleil (lieu dont 37° est partenaire). Pour l’été, 2024 a vu la naissance du Moorea Festival au Château de Grillemont à La Chapelle-Blanche-Saint-Martin. Alors que l’association organisatrice prépare une seconde édition, un autre festival est en cours de montage pour juillet : Pluryel, à Montrésor.
Pluryel c’est une association regroupant une vingtaine de personnes et présidée par Fadel Ayekou. Originaire de Côte d’Ivoire et arrivé en France au cœur de l’enfance, ce jeune homme de 27 ans travaille actuellement comme chef en saison. Vu au restaurant La Petite Embarque de la guinguette de Tours en 2024, il est attendu à Tours sur Plage pour l’été 2025.
Avant cela, celui qui est passé par le Christ Roi, le lycée Martin Nadaud et l’école SupInfo a mené une carrière militaire dans le 3e régiment d’infanterie de Marine de Vannes en Bretagne. « Pour moi, c’était essentiel de donner de soi pour la France » nous dit celui qui a ensuite tenu une startup engagée contre le gaspillage alimentaire pendant 2 ans puis a rejoint Paris pour une expérience d’un an et demi en tant qu’informaticien pour une société spécialisée dans l’éducation.
De retour en Touraine, terre qui lui manque vite, il s’engage dans l’associatif pour organiser des soirées techno avec son ami d’enfance Maxime Dupré, rencontré au bord des pistes d’athlétisme à St-Cyr-sur-Loire. L’intérêt pour ce style musical lui vient d’un copain rencontré après l’armée, Aldo, qui lui a appris à mixer. Après quelques soirées et expériences dans des collectifs, il se sent d’attaque pour initier le projet Pluryel.
« On voulait apporter notre touche à ce qui se faisait. Ça fait 15 ans qu’on se connait et qu’on a intégré le monde de la nuit. On se disait que ce serait sympa de faire nos propres événements. Les gens se lassent des boîtes de nuit. Ils aiment ce qui est nouveau et insolite » rembobine Fadel Ayekou.
Le crédo de Pluryel est alors d’investir des lieux insolites comme une grande salle troglodyte à Vouvray, avec l’accord de la mairie de la commune. Des soirées s’organisent également au Red Club de Rochecorbon ou dans des entrepôts de St-Pierre-des-Corps. L’affluence est là avec entre 400 et 500 personnes, rameutées grâce à l’applications spécialisée ShotGun. On vient de Touraine de Paris, de Marseille voire parfois d’Allemagne, d’Italie ou des Etats-Unis. Ce qui attire : une sélection rigoureuse de DJs essentiellement ligériens, et de longues soirées qui durent parfois une douzaine d’heures.
Le secret, c’est aussi de louer des lieux peu onéreux pour faire un maximum de trésorerie. « On a déjà notre matériel, il ne nous reste que ça à payer » indique Fadel Ayekou. Avec 30 000€ sur son compte, Pluryel a donc déjà la moitié du budget nécessaire pour organiser un festival estival de 3 jours du 4 au 6 juillet. Première édition d’un événement plus costaud que ce qui se fait depuis un peu plus d’un an, avec à terme l’objectif de privilégier davantage ce type de format plutôt que des soirées éparpillées plutôt chronophages à monter (et surtout les lieus d’accueil potentiels ne sont pas pléthoriques).
Là où le Moorea Festival privilégie des têtes d’affiche nationales, le Pluryel Festival #1 reprendra la philosophie de l’association invitant la crème des DJs du territoire (une vingtaine d’artistes annoncés). « On veut faire briller la scène tourangelle. Notre but est de pouvoir faire monter avec nous les associations qui existent comme Dirty Crew ou La Conspi » détaille le président de la structure. « Ce sont de jeunes collectifs qui ont, comme nous, des difficultés à avoir des lieux pour des soirées » poursuit-il.
Le lieu, justement. Ce sera le château-monastère de la Corroirie de Chemillé-sur-Indrois près de Montrésor, qui n’a encore jamais reçu d’événement d’une telle ampleur. Ce lieu privé a été indiqué aux organisateurs par les propriétaires du Château de Grillemont de La Chapelle-Blanche-Saint-Martin qui ne pouvait pas accueillir le Moorea et Pluryel en moins d’un mois, même si il aurait pu être partant sur le principe. Ce plan B convient parfaitement à Fadel Ayekou :
« Ça change de l’ordinaire. Le festival englobera le monastère avec deux scènes extérieures sous le format Boyler, avec les DJs au milieu du public. Ce sera inédit pour un festival en Touraine. On aime bien ce format car il rapproche les artistes du public. »
L’objectif de Pluryel est d’ailleurs bien de promouvoir un festival à l’esprit familial, avec par exemple une zone gratuite accessible dès 16h (les sets DJ démarreront eux à 18h, jusqu’à 2h du matin). Du vendredi soir au lundi matin, un camping accueillera gratuitement festivalières et festivaliers (tout en programmant des afters de 2h à 6h). On annonce aussi des stands de friperies, un salon de tatouage avec Noir Carbone (basé rue Colbert à Tours) ou des animations orchestrées par la soixantaine de bénévoles qui va encadrer le week-end. « Même si c’est la seule édition, on veut que ce soit inoubliable » assène l’organisateur.

Les réservations sont ouvertes via l’appli ShotGun avec un pass à 30€ la journée au tarif promotionnel (72€ les 3 jours). Si on est sans voiture, un dispositif d’encouragement au covoiturage est prévu pour faciliter les rencontres. Objectif : accueillir 500 à 2 000 personnes par soir pour un budget total de 60 000€, sans partenaire privé et sans subventions (notamment parce que l’équipe de Pluryel n’a pas envie de s’engluer dans de longues démarches administratives). Et si ça marche, Fadel Ayekou se voit bien déjà louer le Parc Expo de Tours pour une énorme soirée durant la saison hivernale 2025-2026.