Clôture de la saison 3 des Beaumonts : Léa Finot nous fait le bilan

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Clap de fin pour la troisième saison des Beaumonts. Depuis 2022, ces anciennes écuries militaires de 1500 m² ont repris vie sous l’impulsion de la Ville de Tours et de la SET (Société d’Équipement de la Touraine). Cela fait maintenant 3 ans que les Tourangeaux peuvent profiter d’un tiers-lieu riche en partage et en convivialité. Ouverts chaque année d’avril à octobre, les Beaumonts accueillent de multiples projets socio-culturels (concerts, ateliers, etc..) portés par des associations locales ou des particuliers. A l’occasion de la soirée de clôture de cette saison 3 (qui aura lieu le samedi 5 octobre), Léa Finot, cheffe de projet urbanisme au sein de la SET, nous dresse le bilan de ce remarquable projet. Interview 

Avant de commencer à parler de la clôture de la saison 3, pouvez-vous nous retracer l’histoire des Beaumonts. 

Alors ce qu’il faut savoir, c’est que, ici, nous sommes sur le site d’une ancienne caserne militaire. Le bâtiment des Beaumonts sont d’anciennes halles militaires qui font partie des rares bâtiments des anciennes casernes Beaumont-Chauveau encore conservées. Ce projet est né d’un projet urbain. C’est la SET (Société d’Equipement de la Touraine), dont je fais partie, qui est l’aménageur de toutes les casernes, soit 10 hectares de terrain. C’est un projet qui a déjà 10 ans. 

Quand la nouvelle mairie est arrivée en 2020, il y a eu l’idée de remettre à plat tout le projet urbain en le faisant correspondre à des ambitions plus écologiques. Et l’idée a été de se dire que, souvent, quand on construit des quartiers, on prévoit tout : les écoquartiers, on construit des immeubles, etc… Et puis à la fin, on se dit que c’est beau mais que cela reste un peu froid, que ça manque de vie sociale.

Et là, c’était un petit peu l’idée de faire l’inverse : commencer à faire vivre un lieu, au fur et à mesure que le quartier va se transformer. Là on a de nouveaux immeubles qui sont en cours de construction et qui seront livrés d’ici début 2025 et, après, il va y avoir d’autres choses comme un groupe scolaire, etc.. Le projet c’est que les habitants des quartiers autour (Maryse Bastié, Rabelais, Giraudeau …) commencent un peu à s’approprier les lieux, à se dire que le quartier des casernes est pour eux.

Et donc la Mairie de Tours a demandé à la SET de conserver ce lieu et on l’a, alors, réhabilité. On a fait la mise en accessibilité pour recevoir du public. Et ce qu’on teste depuis 2022, c’est toute une démarche d’expérimentation qu’on peut appeler “programmation ouverte”. On ne définit pas à l’avance pour quel type d’activité ces bâtiments vont servir. Le but ici est plutôt de voir ce que les associations locales, les habitants, les porteurs de projets nous proposent. Et c’est comme ça que ça a commencé, de manière hyper expérimentale, avec l’idée de tenir une permanence où les gens viennent nous voir, soit parce qu’ils sont curieux, soit pour proposer des projets comme monter un festival ou proposer un cours de yoga, de Shiatsu, etc …

Donc il n’y a jamais de programmation fixée à l’avance ? 

Oui, c’est ça. Le truc c’est que comme le lieu est de plus en plus connu, il y a pas mal de personnes qui essaient de “réserver” pour l’année prochaine. Et justement, là, on dit non parce que c’est trop tôt et surtout qu’on bloquerait tout le programme comme une salle un peu classique, trop en avance. Sauf que comme on veut se donner un petit peu de marge de progression, on ne veut pas trop anticiper. Et aussi on veut que de nouvelles associations ou des gens qui ne connaissaient pas les lieux puissent encore frapper à notre porte pendant la saison et qu’on arrive à leur trouver un petit créneau pour qu’ils testent quelque chose ici.

Et aujourd’hui les Beaumont, c’est quoi ? 

C’est ce qu’on appelle un tiers-lieu mais ça ne parle pas forcément aux gens, donc j’aime bien dire un lieu de vie sociale, qui crée du lien. Le principe, c’est qu’on peut y aller pour plein d’activités différentes. C’est cette idée de multi usage. Ça peut être le prétexte à une rencontre ou à découvrir une autre activité. Par exemple, ce weekend, il y avait à la fois un festival sur les arts en paix, organisé par le Mouvement de la Paix 37; et puis, à côté, les portes ouvertes d’un atelier d’artiste. 

La troisième saison touche à sa fin. Comment vous pourriez décrire l’évolution entre ces trois saisons ?

La première année, il y a eu un petit peu un coup de “Waouh, c’est quoi ce nouveau lieu qui ouvre ?”. Donc, on a eu beaucoup de grosses associations culturelles de Tours qui se sont saisies des lieux parce que c’est celles qui ont le plus de force de frappe. On a eu, au tout début, une édition des Îlots électroniques, le festival Quartier libre … Mais on a eu quand même aussi des plus petites choses comme une association qui s’appelle Low Tech Touraine, qui a commencé à investir la Halle 5 et à nous proposer d’animer un atelier bricolage, réemploi, réparation de vélo. Mais il aura fallu un peu plus de temps pour que les toutes petites assos viennent nous voir. Enfin, certaines sont venues mais ne se sentaient pas encore prêtes pour organiser des choses. 

Pour la deuxième année, il y a eu des personnes qui, cette fois, étaient d’attaque. Et, on a continué cette année à accueillir à la fois, de temps en temps, quelques gros événements, mais sinon beaucoup de personnes qui testent leur activité ou, par exemple, qui montent une expo pour la première fois. Le but, un peu, c’est que les personnes se sentent plus légitimes à proposer des choses ici. 

Et sinon, ce qui a aussi progressé, c’est qu’au début, le lieu était complètement vide. Et au fur et à mesure, on a eu toute une série de chantiers participatifs qui ont aidé, par exemple, à construire un comptoir pour le bar. Et ça, ça change beaucoup de choses dans la convivialité du lieu et ça permet de proposer des activités qu’on pouvait pas proposer avant. Par exemple, cette troisième année, on a tous les mercredis après-midi le café des Beaumonts, qui est une idée du centre social Maryse Bastié.  Voilà donc ça, c’est un peu ce qui a progressé, c’est le fait que les assos de quartier se saisissent bien du lieu, qu’on ait un petit peu plus d’aménagement. 

Quel est votre bilan sur cette saison 3 ? Quel est votre ressenti ? 

Ce qui est chouette, c’est vraiment le rendez-vous du café des habitants, parce que c’est un peu moins nous. C’est le centre social qui a proposé d’un petit peu coordonner et d’aller chercher des assos de quartier pour tenir ce créneau du mercredi. Ça montre qu’il y a des associations qui se sentent chez elles et que peut-être qu’on peut un petit peu commencer à passer la main.

Parce que l’idée, là, progressivement, c’est qu’il y ait des assos, des personnes qui s’intéressent à la vie du lieu, qui se constituent en collectif pour travailler sa pérennisation. Là, on expérimente beaucoup de choses. On est un petit peu dans la transition où on sent ce que les personnes aiment dans le lieu et ce qu’ils veulent développer. 

Parce que, le travail qui nous attend, c’est que la SET est un aménageur urbain donc elle n’a pas a priori vocation de gérer ce lieu dans la durée. Donc, ce qu’il faut, c’est progressivement accompagner les associations locales et les usagers à pouvoir gérer un tel lieu. Alors on va les accompagner, les former. On ne va pas les laisser comme ça, d’un coup, ce serait un peu trop. C’est quand même un gros truc à gérer. Donc ce travail va commencer là, à partir d’octobre. Quand on va fermer, on va couper l’accès au public pour réaliser cet accompagnement.

Propos recueillis par Audrey Lecomte

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