Nouveau logo, nouvelles couleurs sur les affiches et même de nouveaux bancs dans le hall… Des bancs en bois pour remplacer les anciens modèles rouges. En cette rentrée 2024, il y a de la transformation dans l’air au Théâtre Olympia de Tours. Le Centre Dramatique National s’offre un changement de look sous l’impulsion de sa nouvelle directrice, Bérangère Vantusso. La dramaturge amène sa patte d’entrée, façon de montrer au public qu’elle veut s’engager dans une nouvelle voix après dix ans sous l’influence de Jacques Vincey.
Bérangère Vantusso l’a dit : cette bifurcation ne sera pas une révolution. Cependant, ça lui tenait à cœur de soigner la transition. Outre les supports de communication, le changement le plus visible c’est la mise en place d’une vraie ouverture de saison. Au-delà de la présentation des spectacles à venir, la directrice du Théâtre Olympia a programmé tout un week-end de représentations baptisé Equinoxe d’automne. Pas aussi dense que le festival WET° de mars qui célèbre la jeune création mais tout de même assez foisonnant.
S’il a vocation à perdurer dans le temps, et à se dupliquer en décembre ainsi qu’au début de l’été, ce modèle permet à Bérangère Vantusso de se présenter. De montrer un peu quel est le style qu’elle veut insuffler sur la scène dramatique tourangelle. Il y avait manifestement de la curiosité ce vendredi soir : la première présentation de saison affichait complet ; une autre a été programmée ce samedi à 16h30. La grande salle Bernard-Marie Koltès était également densément remplie pour découvrir Longueur d’ondes, pièce mise en scène par la directrice du TO.
Inspirée d’Un morceau de chiffon rouge, un documentaire paru en 2012, cette pièce revient sur l’essor des radios libres à la fin des années 70, quand le pouvoir empêchait encore le foisonnement des médias. Alors que le milieu sidérurgique lorrain est menacé de suppressions de postes massives, la CGT s’allie à deux journalistes et lance la radio Lorraine Cœur d’Acier dans le secteur de Longwy, puis bientôt jusqu’à Reims et Strasbourg. Voix des luttes ouvrières mais aussi des femmes trop longtemps silencieuses, la station finira par subir le brouillage des autorités.
Sur scène, l’histoire de cette aventure médiatique et humaine nous est contée par un duo qui évolue entre un studio fait de bric et de broc ainsi qu’une sorte de panneau patchwork dont ils font évoluer le visuel à l’envie au cours des 55 minutes du spectacle. Dans les oreilles nous viennent autant des extraits sonores de Lorraine Cœur d’Acier que le conte de cette épopée destinée à faire entendre des voix inaudibles à l’époque. C’est rythmé, enlevé, plutôt tendre et on sourit régulièrement.
Ce qui est intéressant, c’est le parallèle final. On ne le divulguera pas, soulignant simplement qu’il fait écho à notre époque de belle manière. Par le prisme d’une histoire pas si lointaine, Bérangère Vantusso nous amène à réfléchir sur la façon de lutter aujourd’hui. Comment contredire tout en ayant un impact dans la société. Et cela raisonne à une période où le climat social semble fracturé comme il ne l’a jamais été depuis des lustres. Le théâtre reste un modèle pour faire infuser subtilement l’air du temps dans nos esprits. Si la directrice du Théâtre Olympia poursuit dans cette voix notre curiosité ne pourra qu’en être décuplée.
Crédit photo : Jean-Marc Lobbé – théâtre de Sartrouville