Le clip de la semaine : «Hotline Bling» de Dissident

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Chaque vendredi nous plongeons nos mains de gourmands dans l’inépuisable réserve de groupes tourangeaux talentueux et nous en extirpons un clip rien que pour vous.

«Hotline Bling» de Dissident

https://www.youtube.com/watch?v=z-5zYHxkzYM

De la peau de fauve sur les épaules

Préambule : pour celles et ceux qui n’auraient jamais entendu l’original, on vous le colle en bas. Du beau hip hop suave et mélancolique du Canadien le plus talentueux depuis… heu… Roch Voisine, le nouveau projet tourangeau Dissident fout un peu le bordel il faut bien le dire. Alors, Dissident, c’est la nouvelle appellation d’un groupe local dont le nom commence par les deux mêmes lettres, si tu trouves t’as gagné une paille de Sainte-Maure.

dissident

Commençons par les images et on ne résiste pas à faire un essai comparatif parce que pour une fois qu’on parle d’une cover dans cette rubrique et qu’on a un beau clip pour l’original ET la cover, on ne va pas se priver. Bon côté outre-atlantique, déjà, il y a des nichons par douzaines, énormes, à peine dissimulés derrière des T-shirts rose pâle. Il y a des fesses qui se tortillent aussi. Côté Touraine, t’as un groupe de quatre mecs un peu statiques et super couverts, ce qui tempère tout de suite tes ardeurs, et la caméra a beau fureter dans les coins : pas l’ombre d’une meuf. Comme quoi savoir jouer de la guitare, des synthés ou de la batterie ça laisse les standardistes sexy de marbre, contrairement aux grosses doudounes rouges.

Les fringues justement parlons-en : Drake en change cinq ou six fois pendant son clip, alors que Dissident en ont des super classes du début à la fin, ce qui permet au spectateur amateur de mode de pouvoir se concentrer sur la chanson plutôt que sur la garde-robe de son branleur d’interprète (branleur, certes, mais génial quand même, il faut bien le dire, contrairement à toutes ces tanches vues sur la scène des Victoires de la Musique dernièrement, qui pensent qu’il suffit d’être un branleur pour être génial). Bon, par contre, sans déconner mec, une chouette sur un sweat-shirt à capuche et un pull à col roulé, pfff, sérieux.

Le décor enfin. Mais oui mon vieux Aubrey (oui, Drake et moi c’est une longue histoire, je l’appelle Aubrey), tu es beau, tu as toutes les filles à tes pieds et pour faire un seul petit clip tu fais construire des décors énormes par des designers super branchouilles dont rien que la conception coûte l’équivalent de 5 ans de salaire des quatre membres de Dissident réunis. Bon, ok ça en jette tes trucs, c’est mignon, mais nous tu vois on s’en bat un peu les flancs parce qu’on a MAME, un machin tout blanc super joli juste à côté de la Loire (je suis sûr que tu ne sais même pas ce que c’est, la Loire, mon Drakounet), avec des vitres partout, et qu’au lieu de prendre mille et une positions autour et sur des structures lumineuses impossibles, nos musiciens se contentent de chanter et de jouer de la musique. Debout, sans trembler.

Alors la musique, parlons-en. Dissident expédient en 2’55’’ ce que tu mets 4’55’’ à nous raconter : ils vont à l’essentiel. Passée l’intro qui ressemble à la tienne, au bout de 23 secondes c’est plus fort qu’eux : ils mettent de l’ambiance. Une ambiance à la Concrete Knives/The Shoes : des percussions endiablées, des chœurs déterminés et une basse potelée. Les voix se superposent, les synthés dérapent, ça dissonne un peu… Bref, ça part un peu en couilles, parce que tu vois mon vieux Drake (oui, des fois je m’agace tout seul et je t’appelle Drake), en Touraine on aime le rock’n’roll tranquille mais un peu foutraque. On ne respecte rien, on est comme ça. Bon, on est assez vite loin de ton ambiance lascive de bar d’hôtel cinq étoiles : Dissident se servent de ton beau morceau tout tranquille pour nous faire languir un peu en nous montrant en moins de trois minutes qu’ils vont nous sortir un truc monstrueux dans les semaines à venir. Car même s’ils n’ont que 2859 vues sur YouTube contre 489 100 210 sur ton clip, les Dissident frappent très fort d’entrée de jeu : une voix qui fait ce qu’elle veut, une belle maîtrise du découpage millimétré de l’espace sonore, des mélanges et enchaînements de sons inattendus, un truc aussi sale que propre, aussi aérien que bruyant, aussi excité que tranquille.

Ou comment faire une composition finalement très personnelle à partir du morceau d’un autre, sans avoir l’air d’y toucher.

Un degré en plus

> Le clip de la chanson originale de Drake.

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