Jacques Vincey : « Je ne peux travailler qu’en collaboration ».

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Pour Jacques Vincey et toute l’équipe du Théâtre Olympia, l’année 2015 s’est terminée par une bonne nouvelle. Le 24 novembre dernier, en réponse à une question du député tourangeau Jean-Patrick Gille, la ministre de la Culture annonçait que le Théâtre Olympia allait obtenir le label Centre Dramatique National d’ici deux ans. Une reconnaissance importante pour le futur de l’actuel CDRT (Centre Dramatique Régional de Tours) avec en prime, une augmentation de dotation de l’Etat dès 2016. L’occasion de faire le point avec Jacques Vincey, le directeur des lieux

Le renforcement de la visibilité du lieu

Depuis son arrivée à la direction du CDRT il y a maintenant deux ans, Jacques Vincey a pris ses marques. Plus que cela même, celui qui a succédé au charismatique Gilles Bouillon, a réussi à fédérer autour de son projet. Un projet qui doit permettre de continuer à développer les activités en ancrant le lieu de plus en plus dans son territoire. Un ancrage qui commence par une meilleure visibilité. Ainsi Jacques Vincey et son équipe ont rapidement travaillé sur la communication, en commençant par le nom du lieu. Exit Le Nouvel Olympia et bienvenue Théâtre Olympia. Un changement important à écouter le directeur : « Il me semblait important que le mot théâtre soit présent ». Un changement de nom accompagné d’une nouvelle charte graphique déclinée en logo, affiches ou encore livrets de programmation modernes et soignés.

Photo-01111-1024x740(c) Laurent Geneix

Un travail sur la visibilité, comme premier point d’un projet qu’il a fallu transmettre à l’équipe du Théâtre Olympia : « J’avais des idées en arrivant, il a fallu les confronter à la réalité, ce n’est jamais évident, Nietzche disait d’ailleurs que « la réalisation est le masque de mort de l’idée ». Mais dès le début j’ai trouvé une équipe enthousiaste et partante pour tester de nouvelles choses et amener une nouvelle dynamique ». A la tête d’une équipe permanente de 30 personnes, Jacques Vincey nous raconte toute l’importance que revêt pour lui le travail en équipe : « Je ne peux travailler qu’en collaboration, parce que cela oblige à penser différemment. C’est en se frottant à la différence que l’on s’élargit et que l’on progresse, cela aide à voir plus loin ».

La mise en réseau du CDRT avec les autres acteurs culturels de l’agglomération

Collaboration, un terme qui reviendra à de nombreuses reprises, lors de notre rencontre avec Jacques Vincey. Ce dernier se dit homme d’équipe. Loin de l’image d’un directeur enfermé dans son bureau sur ses positions, J. Vincey cherche au contraire le contact, avec son équipe mais aussi à l’extérieur, ou en amoureux du théâtre au sens large il rencontre et tente de rapprocher les différents lieux de l’agglomération : « Je pense que je suis arrivé au bon endroit, au bon moment, le paysage culturel dans l’agglo bouge que ce soit au CCNT avec Thomas Lebrun, avec la future arrivée du CCCOD, le 37e Parallèle, le Polau, ou encore avec le tissu de lieux de diffusion comme la Pléaide ou l’Espace Malraux. La mise en réseau est primordiale aujourd’hui et il y a une véritable mutation qui s’opère dans ce sens ».

L’ouverture à des publics différents

Ces axes de développement doivent permettre au Théâtre Olympia de continuer à grandir sereinement avec à la clé également une plus grande ouverture vers les différents publics. Aujourd’hui, si les spectacles sont particulièrement bien suivis, force est de constater que le Théâtre Olympia n’attire qu’une frange de la population, souvent cataloguée de « bobo urbaine ». Pour Jacques Vincey cette observation « n’est pas qu’un lieu commun mais c’est aussi une réalité qui n’est pas propre qu’au Théâtre Olympia. Le théâtre est un art parfois qualifié d’élitiste en effet. C’est un vieux débat dans la profession. Personnellement, je pense qu’il faut accepter que certaines propositions soient plus pointues, qu’elles déstabilisent celui qui n’a pas l’habitude de venir. Cela n’empêche pas sur une saison complète d’avoir des œuvres plus accessibles à côté ».

« Nous devons comprendre comment on peut rendre curieux des gens qui n’ont parfois jamais entendus parler du théâtre » poursuit-il. « Cela passe par le travail sur les scolaires, les ateliers en direction des jeunes, les liens avec l’université ». Autant de pistes et d’actions culturelles menées en direction de publics cibles comme les étudiants pas assez présents par exemple aux yeux du directeur du CDRT. Un travail de fourmi nécessaire pour modifier la perception que parfois certains peuvent avoir du théâtre. Car Jacques Vincey le sait également, il y a souvent une barrière symbolique et imaginaire qui peut bloquer le public n’ayant jamais franchi les portes du théâtre. Pour remédier à cela, des actions concrètes ont été mises en place à l’instar des « samedi au théâtre » en partenariat avec des centres socio-culturels de la ville comme Courteline. Un dispositif qui permet à des adhérents de ces centres culturels de venir voir une représentation, en étant accueilli avant le spectacle pour un moment d’échange avec l’équipe. Une action concrète qui permet d’ouvrir le lieu et dont les retours sont généralement positifs nous dit-on.

Que va changer la labellisation en Centre Dramatique National ?

« Les CDRT ont été Institutionnalisés aux lendemains de la Seconde Guerre, avec comme idée que la culture devait prendre une place importante dans la reconstruction de la société au niveau national, alors qu’avant elle était surtout concentrée sur Paris. L’Etat a alors doter les villes de province d’outils et moyens qui permettent de la rendre accessible » rappelle Jacques Vincey en préambule à sa réponse. Un rappel important puisqu’il ancre le rôle des centres dramatiques comme outils de service public. « Ce mouvement va connaître un véritable élan avec comme principal objectif d’élargir l’accès à la création théâtrale pour tous les publics ». Pour le directeur du CDRT, « cette politique volontariste était et doit toujours être revendiqué. Car c’est ce qui fait que nous ne sommes pas que dans une équation économique, nous sommes soutenus pour offrir des propositions qui ne pourraient peut être pas exister dans un autre contexte purement économique. C’est ce qui nous permet d’être un lieu de création ».

Quant au label CDN ou CDR, cela dépendait simplement de l’investissement des collectivités et de l’Etat, la règle de départ étant que si l’Etat participait à 50 % au financement, le centre était alors national. Puis petit à petit les CDR sont passés nationaux, si bien qu’aujourd’hui, il ne reste plus que trois centres dramatiques régionaux (Vire, Saint Denis de La Réunion, Tours) contre une quarantaine de nationaux.

« C’est Toujours inquiétant de n’être plus beaucoup. C’est pour cela que c’était important que le CDRT ait une reconnaissance nationale, de faire partie de cet ensemble qui a le même cahier des charges, les mêmes règles, surtout qu’on remplit déjà toutes les missions demandées aux CDN » explique Jacques Vincey. Pour ce dernier, c’est le fait d’entrer dans un réseau conséquent qui est surtout important pour le lieu tourangeau : « Cela va permettre d’autres possibilités de développement ».

Une labellisation qui fait figure également de reconnaissance du travail effectué par les équipes tourangelles depuis longtemps et plus particulièrement depuis deux ans. Dans les faits pourtant, elle ne changera pas grand chose au financement et au fonctionnement du lieu : « C’est important pour les raisons que j’ai évoquées. Après financièrement cela ne va pas permettre de grands changements, on ne pourra pas par exemple recruter un poste supplémentaire. Mais l’Etat va nous donner un peu plus et les collectivités locales devraient maintenir le niveau de leurs subventions, c’est déjà bien. Un label centre dramatique national qui arrivera donc dans un délai de deux ans maximum, mais le Théâtre Olympia réunissant déjà tous les critères d’accès, ce label pourrait arriver plus rapidement, peut-être même dès la rentrée de la saison 2016-2017.

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