Tours : Entre hausse des investissements et baisse de la dette : les choix épineux du budget de la ville

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Ce lundi 06 février, en Conseil Municipal, les 55 élus de la ville de Tours ont débattu puis voté le budget de la commune pour l’année 2023 avec des choix épineux : privilégier l’investissement ou la réduction de la dette.

Pour rappel : Budget de fonctionnement et budget d’investissement : Comprendre un budget municipal

Un budget municipal est voté pour une année civile. Les collectivités ont jusqu’au 15 avril pour voter leur budget primitif. Le budget définitif (appelé compte administratif) est établi à la fin de l’exercice.

Chaque budget municipal comporte deux sections distinctes : fonctionnement et investissement, elles-mêmes composées de deux parties : dépenses et recettes.

La section de fonctionnement regroupe l’ensemble des dépenses et des recettes nécessaires au fonctionnement courant et récurrent des services communaux. On y retrouve :

  • Les dépenses nécessaires au fonctionnement de la collectivité : les salaires du personnel municipal, l’entretien et la consommation des bâtiments communaux, les achats de matières premières et de fournitures, les prestations de services effectuées, les subventions versées aux associations et les intérêts des emprunts à payer.
  • Les recettes perçues par la collectivité comme les impôts et taxes, les dotations de l’Etat, les recettes des usagers (restauration scolaire, animations périscolaires, animations sportives, occupation du domaine public,…).

Quand les recettes sont supérieures aux dépenses dans la section de fonctionnement, la municipalité dégage de l’autofinancement qui entre dans les recettes de la section investissement.

La section d’investissement regroupe :

  • Les dépenses d’équipement de la collectivité (voirie, éclairage public, bâtiments et patrimoine, informatique, foncier,…), les investissements à moyen et long terme, le remboursement du capital de la dette…
  • Les recettes comme les dotations et subventions, l’autofinancement…

Le budget de la ville de Tours c’est ainsi à la fois un prévisionnel impressionnant et complexe quand on regarde les chiffres brut : 352,2 millions d’euros au total en incluant le budget principal (337,5 millions d’euros) mais aussi les budgets annexes comme celui du Grand Théâtre (6,8 millions d’euros). C’est aussi un gros morceau qui reste très difficile à manœuvrer tant les marges sont limitées. 

Rien que pour la partie fonctionnement, les dépenses sont ainsi en hausse cette année de 8% (184,7 millions d’euros). Une augmentation due à 75% par la hausse des charges à caractère général et particulièrement les coûts énergétiques (hausse de 7 millions d’euros) et à un degré moindre par celle de la hausse de coûts de personnels (augmentation de 6,1%). Des augmentations qu’il faut donc absorber, l’an dernier la ville avait ainsi décidé d’augmenter la taxe foncière. Cette année il n’en sera rien (même si les bases fiscales décrétées par l’Etat augmenteront mécaniquement de 7,1%). Malgré tout, la ville devrait réussir à dégager 207,6 millions d’euros de recettes de fonctionnement.

« La hausse des dépenses de fonctionnement est élevée » s’en est alarmé Thibault Coulon (groupe Tours Nous Rassemble), expliquant que cela a un « impact sur la capacité d’autofinancement ».

Des investissements prévus en hausse

Car le budget de la ville de Tours s’apprécie surtout à travers deux principales variables liées à cette capacité d’autofinancement et qui dictent véritablement la politique menée : la dette et l’investissement, les deux étant fortement liés.

La ville de Tours souffre en effet d’un endettement depuis de nombreuses années qui a particulièrement grevé ses capacités à porter des projets structurants. Entre 2023 et 2026, elle devra même rembourser entre 25 millions d’euros et 32 millions d’euros par an. Et le problème est que ces montants pharamineux font suite à des remboursements annuels déjà conséquents depuis plusieurs exercices budgétaires. A titre d’exemple, et même si comparaison n’est pas raison, en 2021 alors que Tours a remboursé 22 millions d’euros de dette, la ville d’Orléans n’avait à rembourser que 10 millions d’euros, Angers 13 millions et Le Mans 9 millions d’euros. Une différence qui impacte forcément la politique communale et notamment les possibilités d’investissements.

Relire notre sujet : La ville de Tours au pied du mur de sa dette

Frédéric Miniou, l’adjoint aux finances et Emmanuel Denis le répètent depuis trois ans, ce sous-investissement chronique de la ville a conduit notamment à une dégradation importante du patrimoine et des bâtiments municipaux à commencer par les gymnases et écoles. Ce que les élus cités appellent la dette grise.

Pour y remédier, la majorité d’Emmanuel Denis a mis en place un plan pluriannuel d’investissements important, dans lequel est inscrit le « plan écoles » qui prévoit 120 millions d’euros d’investissements sur 12 ans (10 au départ) et souhaite augmenter drastiquement les dépenses d’équipements annuelles.

En 2022, la ville a réalisé 30,4 millions d’investissements (71% de ceux envisagés au budget prévisionnel), cette année elle inscrit 47 millions d’euros de prévision. Une hausse non négligeable, sachant que le montant réalisé l’an dernier constituait déjà un record depuis 2013 pour la ville. Pourra-t-elle dès lors faire mieux ? Cette année elle prévoit notamment 7,7 millions d’euros pour le plan Ecoles, 2,7 millions d’euros pour le plan Nature en Ville, 7 millions d’euros pour les équipements sportifs (avec principalement la réfection du stade de la Chambrerie qui doit accueillir l’équipe d’Irlande lors de la Coupe du Monde de Rugby), ou encore 5 millions d’euros pour la voirie…

« Baisser la dette n’est pas notre mantra » (Frédéric Miniou)

Pour y arriver, la ville compte notamment débloquer cette année 35 millions d’euros sur les 55 de l’emprunt contracté en 2021 à un taux faible (0,81%), quitte à faire remonter le montant de la dette en fin d’année. De quoi inquiéter l’opposition, à commencer par Thibault Coulon : « Notre contrainte numéro 1 c’est la dette, or en 2023 on ne va pas baisser l’encourt de la dette de la ville de Tours et vous annoncez aujourd’hui que la baisse de la dette n’est plus un objectif, c’est inquiétant. »

Benoist Pierre et Barbara Darnet-Malaquin du groupe « Les Progressistes » ont rejoint cette inquiétude, évoquant même pour le premier, des promesses non tenues de la part du maire de Tours : « L’investissement vous le financez par l’endettement ».

Frédéric Miniou et Emmanuel Denis assument de leur côté : « Nous arrivons aujourd’hui à une dette maitrisée et sécurisée à taux fixe, une fois le mur de la dette passé. Notre objectif est de rester autour de 200 millions d’euros à la fin du mandat, ce qui est supportable. Baisser la dette pour la baisser n’est pas notre mantra »

En clair, la priorité de la Municipalité n’est plus dans la réduction de la dette financière, mais dans l’augmentation de l’investissement pour lutter contre « la dette grise ». Mais là encore, difficile de convaincre l’opposition qui ne voit pas dans ces investissements de lignes claires, à l’image de l’ancien membre de la majorité, désormais membre du groupe « Tours Ma Ville », Bertrand Rouzier : « Sur l’endettement il n’y a pas de problème pour moi sur le montant, mais j’ai une question : on s’endette pourquoi faire ? Ce n’est pas clair car vos choix ressemblent à du saupoudrage. On ne voit pas de grandes priorités. » De son côté Christophe Bouchet évoquait un manque de projets structurants : « Pour l’instant vous reprenez ce qu’on avait lancé en ajustant à votre guise, c’est bien mais on ne voit pas vos projets. » Quant au montant de 47 millions annoncé, l’ancien maire de pointer une hausse en partie mécanique, car liée à l’inflation…

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