Sami Nouri : l’engagement humanitaire du couturier prodige

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A 21 ans, Sami Nouri vit et travaille à Paris mais n’oublie jamais Tours. Il y revient régulièrement, notamment ce vendredi pour un défilé caritatif au Château d’Artigny. Jeune homme engagé, créateur de mode remarqué, entrepreneur mesuré, il n’oublie jamais son histoire, celle d’un jeune homme dont la famille a fui la guerre et qui s’est retrouvé un jour abandonné, seul devant la gare de Tours lorsqu’il avait 14 ans. Pour remercier celles et ceux qui l’ont accompagné, il souhaite aider à son tour via son métier.

« Mon pays d’origine, maintenant, c’est la France » glisse Sami Nouri au milieu de notre conversation. Cette France dont il a appris la langue, cette France où il est aujourd’hui un couturier reconnu au point qu’on fait appel à ses services pour habiller des actrices lors du prochain Festival de Cannes en mai. Né en Afghanistan, parti en Iran lorsqu’il était enfant, Sami Nouri a passé son adolescence sur les bords de Loire : d’abord en foyer, puis au lycée Choiseul où il a perfectionné ses talents de couturier (il a débuté dès l’âge de 8 ans). Désormais, c’est dans le quartier de la Place de la République de Paris qu’il exerce son talent, « tout près de Jean-Paul Gaultier. »

Son parcours singulier, Sami Nouri le raconte souvent. Encore récemment il était sur le plateau d’une des émissions les plus regardées en France en début de soirée pour revenir sur son aventure. Et sur chacune de ses pièces, des barbelés sont là pour témoigner de son histoire : « je crée avec ça. C’est ma signature : sur le col, devant… » Son avant-dernière collection avait pour thème l’exode, celle présentée samedi dans la capitale est centrée sur le mélange entre le masculin et le féminin : « la liberté de la femme c’est un sujet qui me touche beaucoup par rapport à mon pays. Pour moi il n’y a pas de différences entre femmes et hommes. » Une liberté qui passe par la création de tenues sexy que Sami Nouri veut « développer » : « je joue avec le côté provocateur tout en respectant les femmes. »

« J’aimerais être un ambassadeur de la Touraine »

Hyperactif (il dort rarement plus de 5h par nuit), Sami Nouri est aussi un jeune homme de son temps qui sort en boîte de nuit, « même un jour avant le défilé. Il faut que je change un peu d’air sinon ce que je fais n’est pas beau mais même dans ces cas-là le lendemain je me lève à 8h pour travailler. » Sa devise : « si on a envie de faire quelque chose, on trouve toujours le temps. » Et pour Tours, du temps, il en trouve sans hésiter : « j’aimerais être un ambassadeur de la Touraine, c’est ici que j’ai grandi. »

Entouré de personnalités locales comme le commissaire priseur Aymeric Rouillac ou le propriétaire du Château d’Artigny il veut aujourd’hui rendre à cette région ce qu’elle lui a donné, d’où ce premier défilé solidaire avec ses créations au profit des enfants défavorisés d’Indre-et-Loire : « ne pas avoir beaucoup d’argent, ne pas partir en vacances, vivre en foyer… J’ai vécu tout ça. » Outre Artigny, le jeune homme voudrait aussi s’investir à Tours : « j’avais contacté l’ancien maire Serge Babary pour faire quelque chose mais je n’ai jamais eu de réponse. J’ai laissé mardi un message au nouveau maire. Il faut qu’il me répondre, j’ai besoin de lui. »

Créer pour le Festival de Cannes, oui. Pour Miss France, non.

Pour Sami Nouri, ce défilé à Tours sera une bouffée d’air pur dans un quotidien de businessman :

« J’ai des contacts avec la Russie ou le Danemark et j’aimerais aller en Chine car les Chinois achètent beaucoup de luxe. Je suis beaucoup sollicité et j’aime ça. Je dois bientôt aller en Bretagne pour un projet avec les Marinières de Bretagne. Ce jeudi j’avais rendez-vous avec 5-6 clientes intéressées par mes collections. Charles Jourdan va me prêter un showroom Place de la Madeline pour montrer mon travail et des producteurs et productrices de films commencent à me contacter pour le Festival de Cannes ce qui sera une première pour moi. »

Épaulé par une dizaine de personnes qui travaillent également chez Jean-Paul Gaultier, Dior, Chanel ou Louis Vuitton, Sami Nouri dit vouloir prendre son temps, notamment pour choisir les projets qui lui parlent : « j’ai été contacté pour Miss Univers ou Miss France mais je n’ai pas encore accepté, ça ne m’intéresse pas trop. Je préfère me concentrer pour habille de grandes personnes comme des artistes. » Par ailleurs, même s’il organise ses défilés pendant les périodes de fashion week, il reste encore en dehors du calendrier officiel : « je n’ai pas envie d’y rentrer tout de suite car il faut respecter des dates précises, avoir assez de finances, être suffisamment connu pour les gens achètent. Mon but c’est d’avancer, me faire connaître et après rentrer dedans. Je veux d’abord vendre avant d’aller plus loin pour ne pas me casser la gueule. C’est ma philosophie personnelle et même si beaucoup de gens me conseillent, je fais ce que je pense être le mieux. »

Photo : Roger Pichot

Un degré en plus :

Défilé de Sami Nouri au Château d’Artigny ce vendredi 9 mars à partir de 20h au profit de l’enfance en danger en Indre-et-Loire. Autour du groupe Articque, l’artiste Alan Reullier organise une exposition, une de ses œuvres sera vendue aux enchères par Aymeric Rouillac. Au programme aussi : cocktail, musique et soirée dansante. Entrée : 66€, directement sur place. Infos au 02 47 34 30 30.

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