Pérenniser les clubs d’élite : Un travail de fonds

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Handball, Volley, Hockey, football, basket… dans la riche histoire du sport tourangeau, nombreux sont les clubs à avoir eu leur heure de gloire. Nombreux sont aussi ceux à avoir connu des descentes aux enfers avant des retours au premier plan. Souvent, le nerf économique est au cœur de ces fluctuations. Un aspect financier de plus en plus important alors que le sport professionnel ou d’élite se modernise, obligeant à de nouveaux schémas de réflexion… Enquête.

Le ciel décide de craquer en premier. Comme un symbole, il laisse s’échapper éclairs et trombes d’eau pour éteindre littéralement le gymnase Guy Drut durant plusieurs minutes. Ce caprice du ciel est suivi au coup de sifflet final par d’autres larmes. Celles de joueurs, dirigeants, bénévoles, supporters, tous rassemblés, de près ou de loin, autour du rituel dansant à la mode le « Zougoulou ». Nous sommes le samedi 4 juin 2011. Pour cette dernière journée du Championnat de première division de handball, le Saint-Cyr Touraine handball vient de battre l’Olympique Club de Cesson dans une salle chargée d’émotions qui sait que l’aventure prend fin ce soir. Cette épopée débutée en 2006 avec un titre de champion de France de National 1, synonyme de montée en deuxième division, avant une ascension quatre ans plus tard à l’élite du handball français. 

La page est belle et le point final logiquement douloureux. D’autant que ce n’est pas sur le terrain que s’amorce la chute du SCT. Le club, avec cette dernière victoire à domicile, finit à une honorable 8e place pour cette première expérience dans un championnat qui accueille 14 clubs en 2011 (16 aujourd’hui). Non, l’avenir du SCT s’est joué dans les coulisses et dans la préparation du budget pour la saison 2011-2012. Quelques jours plus tôt, dans les colonnes du Figaro, Christophe Bouhours expliquait qu’une saison au sein de l’élite nationale nécessite entre les frais de déplacement, d’arbitrage, les salaires des joueurs et de l’encadrement physique et technique, un budget minimal avoisinant les 1,4 million d’euros. Pour l’atteindre, le SCT a réussi à réunir 850 000 euros via des partenariats privés et aurait obtenu une promesse de 500 000 euros des collectivités publiques. Une promesse qui s’est matérialisée finalement par une dotation de 300 000 euros. Il manque donc 200 000 euros à l’addition. Le club ne les obtient pas et il doit déposer le bilan. Fin du statut professionnel et retour à la case amateur pour la capitale du handball masculin tourangeau. 

Monnaie (peu) courante

Ce type d’histoire, où les problématiques liées aux apports budgétaires peuvent anéantir en quelques heures des années de construction, est monnaie courante dans l’histoire des clubs de sport. Grandir avant d’arriver à survivre monétairement dans l’élite où à ses portes, est donc toujours l’enjeu principal pour la plupart des clubs de sport au-delà, évidemment, des résultats sportifs. Et forcément les alternatives ont évolué avec le temps. Si depuis sa professionnalisation le sport a toujours été soutenu par les collectivités, il faut aujourd’hui réfléchir à d’autres possibilités de financement afin de ne plus être dépendant de cet apport financier historique qui peut toutefois fluctuer avec le temps en dépit de bons résultats sportifs, mais également avec la concurrence d’autres clubs locaux qui ont un pied voire les deux dans le monde sportif professionnel.

Une des solutions financières pour aider à pérenniser ces clubs professionnels pourrait venir des droits de retransmissions TV, mais les diffuseurs sont de plus en plus frileux à sortir le carnet de chèques en dehors du football. Résultat, mis à part quelques exceptions* comme le handball, qui réussit à être exposé sur BeIN Sport pour son Championnat masculin de première division et sur Eurosport et La chaine l’Equipe pour les clubs masculins et féminins engagés en Coupe d’Europe, l’exposition et les rentabilités qu’elles dégagent sont faibles pour les structures sportives. 

Le CTHB lors d'un match à domicile face à Metz.
Le CTHB lors d'un match à domicile face à Metz.

Les équilibres budgétaires des sports de salle, dits aussi BHV pour Basket-Hand-Volley, sont sensiblement les mêmes. Dans l’agglomération tourangelle, les trois rayonnent à différents niveaux. Le volley par l’intermédiaire du TVB est le phare, tandis que le basket revient dans la lumière à la faveur du TMB et le handball dans sa version féminine avec le CTHB installé solidement parmi les 8 meilleures équipes françaises depuis plusieurs saisons s’est ancré aussi parmi les sports majeurs en Touraine. Une profusion de clubs en haut de l’affiche bénéfique pour le territoire mais qui entraîne aussi son lot de complications et notamment un saupoudrage financier de la part des collectivités, veillant à ne pas froisser les égos des uns et des autres et soucieuses de ne pas léser ou privilégier un club et un sport par rapport aux autres.

Face à ce constat et au regard du passé et passif des clubs tourangeaux et des différentes chutes qu’il y a eu par le passé pour raisons financières, ces clubs se sont donc tournés vers des modèles économiques moins dépendants des finances publiques. Souvent cité en exemple, le TVB dont la montée en puissance coïncide justement avec la longue descente aux enfers du basket tourangeau, s’est rapidement adossé sur un réseau de partenaires privés regroupés au sein du Tours Volley Ball Entreprises (TVBE). Avec 2,5 millions d’euros, le TVB a le plus gros budget de France. Un budget composé à 53 % de partenaires privés et 47 % des collectivités alors que la moyenne nationale pour un club de volley en France est de l’ordre de 80 % provenant des collectivités et 20 % du privé. Un modèle qui s’appuie donc notamment sur le TVBE (Tours Volley Ball Entreprises) qui fait école aujourd’hui, bien qu’insuffisant encore, face aux budgets triplés voire quadruplés en comparaison des gros clubs européens de volley, italiens, polonais ou russes. Dans cette recherche de fonds toujours plus importants, le TVB avait même envisagé la solution du naming l’an passé, c’est-à-dire accolé son nom à une marque. Le choix retenu de Mac Donald’s avait suscité la polémique et des menaces de la ville de Tours de retirer son soutien financier, obligeant le club à faire marche arrière. Un signe de la dépendance encore importante des clubs aux pouvoirs publics.

Pascal Foussard, directeur du TVB, Bruno Poilpré, président du TVB et Bernard Simmenauer, directeur de restaurants Mac Donald's, lors de l'annonce du partenariat (finalement avorté) entre les deux structures
Pascal Foussard, directeur du TVB, Bruno Poilpré, président du TVB et Bernard Simmenauer, directeur de restaurants Mac Donald's, lors de l'annonce du partenariat (finalement avorté) entre les deux structures

Se moderniser

Lorsque Bruno de l’Espinay reprend les commandes de l’UTBM en 2014, il cherche à faire fonctionner le club en étant le moins dépendant possible des financements publics. Il élabore ainsi une stratégie basée avant tout sur la séduction d’entrepreneurs privés afin de relancer le club de basket tourangeau qui navigue entre fusions et liquidations judiciaires. Attirer, choyer et fidéliser sur le long terme les partenaires, en leur offrant un important dispositif de réception les soirs de matchs, voilà le concept du Président-fondateur d’Artus Intérim pour assurer la majeure partie de son enveloppe budgétaire. Devenu depuis le 1er juillet dernier le TMB, le club compte aujourd’hui plus de 250 partenaires dont quatre sont devenus des actionnaires de la structure évoluant aujourd’hui en Pro B, et qui joue régulièrement ses matchs à guichets fermés. 

Choyer ses partenaires, les multiplier, c’est aussi le modèle préconisé pour le Chambray Touraine Handball à la tête duquel on retrouve Yves Guérin, passé auparavant par le TVB qu’il a présidé au milieu des années 2000. Le président du club chambraisien a repris un modèle similaire en cherchant à séduire de multiples acteurs économiques du territoire pour faire grandir le CTHB. Sous sa présidence, le hand féminin est passé de la deuxième division à la coupe d’Europe et le gymnase de la Fontaine Blanche, bien qu’agrandi à 1 200 places, fait souvent le plein avec une tribune quasiment réservée aux partenaires.

« Il faut que l’on passe au 3e millénaire sur le plan de la technique et du spectacle, créer aussi des espaces dignes pour les partenaires publics et privés » 

Bruno Poilpré, président du TVB

Le sport professionnel est devenu une économie à part entière, et le modèle des clubs BHV repose ainsi sur les possibilités d’accueil des partenaires et du public. Le TVB avait d’ailleurs réfléchi à l’amélioration de la salle Grenon, prévoyant d’en faire un véritable lieu de vie ouvert sur la ville avec un espace bar-restauration accessible en dehors des matchs, une bibliothèque, une boutique… De quoi faire vivre la salle à l’année donc mais aussi trouver de nouvelles recettes budgétaires au sein d’un modèle économique repensé. « Grenon est un bon contenant mais qui date des années 50. Il faut que l’on passe au 3e millénaire sur le plan de la technique et du spectacle, créer aussi des espaces dignes pour les partenaires publics et privés » nous expliquait ainsi Bruno Poilpré, peu de temps après son élection comme président du TVB en janvier 2021. « La jauge de Grenon à 3 200 places nous suffit pour la quasi-totalité des matchs. Après il peut y avoir d’autres pistes, comme celle d’une nouvelle salle qui pourrait servir à d’autres sports ou spectacles. Il faut avoir une réflexion globale avec nos partenaires et notamment la ville de Tours et Tours Métropole. »

Cette réflexion est en cours du côté de Tours Métropole nous expliquait en ce mois de mars 2022, Frédéric Augis, le président de l’intercommunalité tourangelle : « Il y a une réflexion en cours à ce sujet et notamment autour d’une salle modulaire répondant aux besoins. Cela passe d’abord par un audit auprès de tous les acteurs pour recenser les besoins réels. Je ne veux pas d’une super infrastructure qui ne sert que quelques fois dans l’année et qui coûte cher à la construction mais aussi au fonctionnement. » Tous sont d’accord, les besoins sont là et le rôle des collectivités reste important dans cet équilibre fragile.

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Nostalgie et insertion professionnelle

Une réflexion globale qui se renforce encore davantage quand la structure a déjà connu les heures de gloire puis la chute. Il faut déjà renaître de ses cendres sans répéter les erreurs ni brûler les étapes. Avant de penser aux problématiques des clubs de l’élite, il faut donc rebâtir des fondations en partant souvent de loin. Partir de loin, c’est ce qui a connu Julien Château en reprenant les rênes du Saint-Cyr Touraine Agglomération Handball en 2015. Ancien joueur amateur au club avant de devenir un partenaire pendant les années fastes, il se remémore : « La chute a été terrible. Quand tu passes d’une centaine de partenaires financiers à deux, dont mon entreprise, c’est vertigineux. Sans oublier la perte de licenciés, les tribunes vides… Ça fait vraiment mal, mais quand tu aimes un club tu ne peux pas le laisser au fond du trou, il fallait réagir et trouver des solutions pour déjà relever la tête. Avec mon prédécesseur à la présidence, Philippe de Sousa, parti en Bourgogne pour des raisons professionnelles, et Yann Morlet, le secrétaire du club, nous avons beaucoup travaillé, sans nous précipiter, pour commencer la reconstruction ». Dans un premier temps c’est vers la recherche de nouveaux partenaires qu’il se tourne pour débuter cette reconstruction. Entrepreneur, il se sert de son carnet d’adresses pour dénicher rapidement une vingtaine de sponsors. Si la première pierre est posée et permet d’asseoir une certaine sérénité financière pour repartir de l’avant, les résultats de l’équipe première en championnat régional ne décollent pas. « On prenait des valises tous les weekends. C’était dur. » Un matin, Julien Château repense aux belles années du SCT et cette alchimie qui se dégageait du collectif. Une idée commence à se dessiner. « Après tout, pourquoi ne pas rappeler les anciens joueurs du SCT pour les convaincre de rejoindre le projet et donc de rejouer avec l’équipe première en tant que bénévole. Ils arrivent en fin de carrière, ils prendraient sûrement plaisir à se retrouver dans un club qui, je pense, compte encore beaucoup pour eux. En échange, je travaille avec eux sur leur reconversion professionnelle ».

Et la carte de la nostalgie fonctionne. Petr Klimek, premier ancien joueur du SCT contacté, donne rapidement son accord début 2016. Le projet de rejouer avec Saint-Cyr séduit le demi-centre tchèque d’autant qu’à côté il peut donc tranquillement construire avec Julien Château un projet de reconversion qui peut se trouver dans un réseau qui ne cesse à nouveau de grandir : les entreprises partenaires du club. « Avec ces futurs retraités, on part souvent d’une page blanche pour les orienter professionnellement. C’est un peu comme des ados quelque part, il faut dégager avec eux leurs appétences, mais surtout leur envie, sans jamais les brusquer. Petr était dans un premier temps intéressé pour devenir ambulancier sans pour autant être totalement convaincu. Il hésitait. Alors je lui propose de venir faire un peu d’intérim dans mon entreprise de menuiserie ou chez l’un de nos partenaires en attendant d’y voir plus clair sur ton projet. Ça te permet d’essayer plusieurs métiers également. Il est venu dans mon entreprise et y est resté ».

« On n’offre pas d’argent, mais une réelle perspective professionnelle avec une transition douce en s’impliquant dans le club. »

Julien Château, président du Saint-Cyr Handball 

Pour Julien Château, la deuxième pierre est posée. Le plus dur était de convaincre un premier joueur, le reste se fera naturellement : « Mon travail a tout de suite été plus simple dès que Petr Klimek a accepté de revenir en Touraine. Ça a créé un effet boule de neige, les joueurs se sont motivés entre eux, il fallait simplement ouvrir la porte et expliquer notre projet global qui concerne le club, mais également leur avenir. Ces joueurs, quand ils arrivent en fin de carrière, on leur propose souvent monts et merveilles alors que généralement, il ne se passe rien et ils se retrouvent souvent abandonnés après leur carrière. Nous, avec les partenaires, on est là pour les aider à les aiguiller vers un travail. On n’offre pas d’argent, mais une réelle perspective professionnelle avec une transition douce en s’impliquant dans le club. »

Les Turons, nom de l'équipe première du Saint-Cyr Handball
Les Turons, nom de l'équipe première du Saint-Cyr Handball

Quelques semaines après Klimek, c’est au tour de Rémy Olivier et Mathieu Soille de rejoindre l’aventure avant Ibrahim Barradji, José Hernandez Pola, Lazlo Fulop, devenu également depuis 2018 l’entraîneur des gardiennes du CTHB, et Christopher Spencer. La colonne vertébrale de l’équipe première est (re)formée et les résultats sportifs décollent en 2017. En trois ans, l’équipe assure trois montées au niveau supérieur, pour faire grimper le club, en 2020, en National 1 (le 3e échelon dans la hiérarchie nationale). Même si la dernière ascension a été facilitée par une réforme du championnat liée au Covid, le bilan est bluffant et l’équipe est même restée invaincue durant deux saisons. « Oui c’est vrai que nous sommes tous un peu surpris de cette remontée aussi rapide en National 1, conclut Julien Château. Nous avions pour objectif d’y accéder en cinq saisons et finalement nous l’avons fait en trois. Quelque part nous pouvons être fiers du travail réalisé, mais il est loin d’être fini. Il faut maintenant poursuivre cette excellente dynamique tout en maintenant cette cohésion que nous avons à tous les étages du club. Aussi bien en équipe première que chez les jeunes. Je demande d’ailleurs souvent aux joueurs de l’équipe première de venir assister aux entraînements des enfants. C’est une source d’inspiration pour eux et quelque part cela symbolise aussi un futur passage de témoin pour l’avenir du Saint-Cyr Touraine Handball. »

C’est aussi avec la volonté de ne pas laisser tomber tout le travail fait auprès des jeunes et afin de ne pas laisser 250 licenciés sur le carreau, que Stéphane Mariano avait décidé avec d’autres passionnés de hockey de relancer un club à Tours, suite au dépôt de bilan de l’ASGT en 2010. Arrivé au club par l’intermédiaire de ses enfants licenciés, ce dernier n’était pas destiné au départ à prendre les rênes du club tourangeau. Il va s’atteler avec un CA composé de passionnés comme lui, à relancer le hockey à Tours sous l’effigie des Remparts de Tours. Même repartis de Division 3, le 5e échelon national, le public suit les forçats de la glace et la crosse et lors de la saison 2010-2011, la patinoire de Tours affiche même la 5e affluence de la saison en France, toutes divisions confondues. Un signe d’une certaine nostalgie autour de ce sport historique à Tours. « C’était important de relancer le hockey parce qu’il y a une véritable culture de ce sport dans cette ville » nous témoignera après coup le premier président des Remparts à la fin 2014, année où il a décidé de passer le relais, le sentiment du travail accompli, entre engouement populaire, résultats sportifs probants et finances laissées saines.

Nostalgie et investissement populaire utopique ?

Sur les rives du Cher, si la stratégie de reconstruction du Tours Football Club est différente, il n’en demeure pas moins qu’elle repose également sur un aspect nostalgique. L’idée n’est pas de faire revenir jouer les anciennes gloires du club à l’orée des années 80, quand le club, en Première division, participa notamment à deux demi-finales de Coupe de France, mais de s’appuyer sur un ancien joueur encore très populaire du côté du football tourangeau afin de l’ériger en figure de proue du projet. Cette figure c’est Omar Da Fonseca. Passé également par l’AS Monaco, le PSG ou le Toulouse FC, l’Argentin de 62 ans, aujourd’hui commentateur vedette de la Liga sur BeIN Sports, a rapidement dit oui au projet de de Guillaume Barré, président délégué du Tours FC depuis 2020. « Pour porter à bien notre projet, il fallait un personnage qui a une véritable attache avec le Tours FC. Et Omar a ce lien. C’est ici qu’il a fait ses premières armes dans le football professionnel français en participant aux plus belles heures du club. Aujourd’hui, en s’investissant dans le club, il cherche tout simplement à le remercier. D’autant plus que sa belle-famille réside toujours ici. Omar nous permet d’avoir une image forte, susceptible de ramener des sponsors, des investisseurs et de consolider le projet. Il souhaite créer un vrai lieu de vie autour du club. Recréer une ambiance similaire aux clubs de football d’Amérique du Sud, où un club vit au-delà de ses matchs à domicile. Qu’il devienne très populaire localement en somme. »

« Un club c’est l’identité d’une ville, mais également d’un territoire donc il est tout à fait naturel que tout le monde puisse participer à sa reconstruction. »
Guillaume Barré, président délégué du Tours Football Club
« Un club c’est l’identité d’une ville, mais également d’un territoire donc il est tout à fait naturel que tout le monde puisse participer à sa reconstruction. » Guillaume Barré, président délégué du Tours Football Club

Populaire ? C’est le mot clé d’origine du projet de reprise mis en avant par Guillaume Barré, Tours Métropole et la ville de Tours. Inspirée par la reconstruction du Sporting Club de Bastia et de son passage en Société coopérative d’intérêt collectif (Scic), l’idée de fond repose sur une implication dans le club de différents acteurs locaux. Monétairement, mais également au sein de la vie quotidienne du club et dans les prises de décision. Collectivités, entreprises privées, supporters, anciens joueurs, bénévoles, tous sont réunis par collège autour d’un système de voix équitable entre ces parties, indépendamment de leur apport financier. Pour Guillaume Barré, l’homme qui a fait mûrir le projet depuis mars dernier, il s’agit d’un modèle efficace pour relancer un club en chute libre depuis 2019 et qui se retrouve aujourd’hui en Régional 1 et en redressement judiciaire, suite à l’accumulation d’une dette estimée à environ quatre millions d’euros. « Dans un premier temps, j’ai essayé de trouver un nouvel investisseur au côté de Jean-Marc Ettori (ancien président et propriétaire de la SASP qui dirige l’équipe première, NDLR), avec dans l’idée que sur le moyen terme ce nouvel actionnaire dispose seul des clés du club. Mais aucun acteur vraiment sérieux ne s’est présenté. J’ai donc regardé ailleurs d’autres alternatives en s’écartant de la SASP actuelle **. L’idée d’un actionnariat populaire, comme le Sporting Club de Bastia l’a fait après son dépôt de bilan en 2019, m’a tout de suite convaincue. Elle implique l’ensemble des acteurs locaux. Un club c’est l’identité d’une ville, mais également d’un territoire donc il est tout à fait naturel que tout le monde puisse participer à sa reconstruction. »

Omar Da Fonseca
Omar Da Fonseca

Le 18 novembre dernier, Omar Da Fonseca, Emmanuel Denis, le maire de Tours, Frédéric Augis, président de Tours Métropole, Ludovic Carteault, président de la partie associative du club et Guillaume Barré, présentèrent le projet à la presse au cinquième étage de la bibliothèque de Tours. Durant l’exposé, il est surtout question de l’apport général de l’ancien joueur professionnel sur la reprise du club et de la nostalgie pour chacun de ces acteurs du Tours FC des grandes heures. Mis à part l’investissement de la ville de Tours et de la Métropole à hauteur chacune de 100 000 euros et la non-prise en charge des dettes du club par la Scic, les questions sur l’aspect financement du projet sont, elles, restées sans réponse. Quid de la participation d’Omar Da Fonseca ? Des partenaires privés et des promesses de dons ? 

Quelques jours plus tard, le dossier est présenté au tribunal de commerce de Tours. Ce dernier n’est pas convaincu par l’état actuel du projet et la fiabilité réelle d’un Scic pour reprendre en main le club. Il décide alors de poursuivre la période d’observation du Tours FC jusqu’en mai prochain avec un autre point de passage pour les dossiers de reprise les 21 et 22 février. Petite surprise, c’est finalement un dossier de reprise du club mené par une SAS commerciale qui atterrit entre les mains du juge-commissaire. Une société dirigée et présentée par Omar Da Fonseca et son fils Roman. Nommée FC Tours Métropole, cette nouvelle carte promet un budget de trois millions d’euros étalés sur les trois prochaines saisons avec six partenaires économiques : Triangle Intérim, Le Coq Sportif, beIN Sports, Zebet, EA Sports et Solary (équipe d’E-sport basée à Tours). Ces partenaires, dont certains travaillent déjà avec Omar Da Fonseca, se seraient engagés par lettre manuscrite à rejoindre l’aventure. 

Un changement de programme et un projet de Scic définitivement utopique ? Pas vraiment nous dit Guillaume Barré, elle serait juste en sommeil le temps de bien ficeler la reprise. « On n’a sûrement pas été assez loin dans la préparation du dossier qu’on a présenté en novembre dernier. Le tribunal n’a pas eu confiance sur une structure qui n’était pas encore officiellement créée. On attendait de récupérer le club. C’est sûrement ce qui a refroidi le tribunal lors de l’audience. Aujourd’hui, on présente donc un schéma plus classique avec cette SAS et son budget conséquent qui permet de poser des bases solides. Ensuite, si nous obtenons le club, on montera dans les semaines qui suivent la Scic sans modifier notre projet de départ. Supporters, collectivités, et bien sûr Omar, tout le monde est convaincu par sa mise en place. » Il ne reste plus qu’un acteur à convaincre, et non pas des moindres, le tribunal de commerce – le dossier lui a été remis le 22 mars et il devrait rendre son avis définitif le 26 avril. Convaincre, la première marche d’une ascension longue, complexe mais passionnée. Le dénominateur commun pour tous ces clubs. 

Article de Pierre-Alexis Beaumont et Mathieu Giua

* Notons également la diffusion d’une rencontre par journée du Championnat féminin de première division de handball sur Ma Chaîne Sport. Concernant les championnats de basket, de volley ou de hockey sur glace, ce sont les fédérations qui assurent leur retransmission via leur plateforme numérique.
** Jean-Marc Ettori a présenté également un projet de relance économique au tribunal de commerce de Tours le 22 mars dernier.

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