Le CHU de Tours est le premier employeur d’Indre-et-Loire et le premier propriétaire immobilier de l’agglomération tourangelle. Dans les 5 ans qui viennent il va encore monter en puissance avec la reconstruction pour extension de son site chambraisien à Trousseau. Adieu la tour de 12 étages façon années 70-80 et bonjour les locaux spacieux, lumineux et boisés avec des techniques de soins ultramodernes. Après les fouilles archéologiques et l’enquête publique programmées pour cette année 2021, le chantier entrera dans le vif du sujet en 2022 pour une durée de 3 ans et demi. Quelques aménagements sont encore possibles à la marge… Et les groupes de travail mettent l’accent sur leurs réflexions environnementales.
« Le Nouvel Hôpital Trousseau est un des grands projets nationaux des prochaines années » explique sa direction. De fait, un chantier à 378 millions d’€ (et 600 millions si l’on compte l’ensemble de ses composantes) c’est quelque chose de très conséquent. A peu de choses près l’équivalent de la construction de la deuxième ligne de tram de l’agglomération… qui doit passer pile devant les portes du futur établissement et doit être inaugurée au même moment. Aucun hasard là-dedans, tout est calculé.
Quand on sait à quel point un hôpital rythme la vie d’une métropole, à quel point il influe sur son attractivité, son dynamisme, sa réputation… Il ne faut pas se rater. Voilà pourquoi, près de 7 ans après les prémices du projet, la préfiguration de ce Trousseau 2.0 n’est pas encore bouclée dans tous ses détails. « Les grandes lignes ont été établies en 2017 mais nous espérons tirer profit des commentaires de la population » raconte Ivy Mouchel, le directeur des services techniques et du patrimoine :
« 300 professionnels de santé sont mobilisés sur la préparation de ce chantier. Nous n’avions pas encore eu l’occasion d’en faire une présentation détaillée aux habitants de la métropole : c’est le moment. »
De fait, un bon gros dossier est disponible sur le site du CHU et il est ouvert aux commentaires jusqu’au 7 février. La direction s’attend surtout à des remarques sur les questions d’accessibilité, de transport, d’environnement, de développement durable… Mais il est possible de s’exprimer sur tous les points du projet, y compris les questions médicales. Un rapport de synthèse sera établi dans les semaines qui suivent et les équipes pourront potentiellement s’en inspirer pour peaufiner leurs plans.
Un parcours de soins pensé pour être simple à comprendre
Il faut rappeler que le Nouvel Hôpital Trousseau s’étendra sur une emprise au sol de 40ha avec plus de 100 000m² de locaux regroupant un hôpital pour adultes, un hôpital pédiatrique, un EHPAD, une unité psychiatrique, un bâtiment logistique, un site dédié à la recherche, une crèche pour le personnel, une maison d’accueil pour les familles d’enfants hospitalisés, ou encore ce qu’on appelle un Hospitel, nouveau service d’accueil de patients à proximité de l’hôpital mais pas dans une chambre médicalisée pour réduire les frais.
La philosophie générale c’est d’adapter l’outil de travail aux techniques de médecine modernes : « A Clocheville on a l’habitude de dire qu’on fait de la médecine du XXIe siècle dans des installations du XIXe. Beaucoup de bâtiments ne permettent pas les conditions d’accueil d’un hôpital moderne » souffle Ivy Mouchel. C’est aussi pour cela que l’enveloppe initiale sera rallongée de 66 millions d’€ pour s’adapter aux nouveaux usages nés de la crise Covid.
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Dans le détail, la cadre supérieure de santé Cécile Kootz explique : « Nous voulons proposer un parcours fluide et optimisé. Les urgences pédiatriques et pour adultes seront regroupées sur un même site avec un accès direct en rez-de-chaussée depuis l’Avenue de la République (où s’arrêtera le tramway, ndlr). Les activités techniques seront regroupées dans ce même bâtiment de 3 étages relié par un « axe rouge », un ascenseur qui reliera les urgences et l’hélistation sur le toit. Il desservira le plateau de bloc opératoire de 40 salles, les urgences cardiaques et neurovasculaires ainsi que la majorité des moyens de réanimation du CHU avec 113 lits. » Ce bâtiment sera relié par une passerelle au plateau technique pédiatrique avec 18 lits de réanimation et 6 salles d’opération.
De l’autre côté d’un grand hall d’accueil circulaire on trouvera le bâtiment dédié aux hospitalisations et juste derrière le bâtiment pour les consultations, qui ne sera pas une nouvelle construction : c’est la construction dite « en râteau » située au pied de l’actuelle tour de Trousseau. Cette dernière devrait être totalement vidée de ses activités à l’horizon 2027-2028… Estimée à 20 voire 30 millions d’€, elle ne sera pas démolie tout de suite mais peut-être rapiécée à 6-7 étages dans le futur pour accueillir d’autres activités : « C’est une décision que l’on va laisser à ceux qui viendront après nous » soulignent les équipes qui travaillent sur le chantier.
Un fort axe environnemental dans le projet
Ce NHT chambraisien est donc pensé pour s’adapter aux nouveaux usages, allant du développement exponentiel de l’ambulatoire (hospitalisations sans nuit sur place) au respect de l’environnement. « C’est un projet ouvert sur la ville de demain. On a fait le choix de supprimer la vision d’un grand parking au profit d’un parc de 8 000m² » souligne son architecte Laurent Pérusat. 250 à 300 arbres seront certes abattus mais le CHU promet d’en replanter au moins autant tout en favorisant les liaisons vertes vers les sites extérieurs dont le Parc de la Branchoire à proximité. On rappelle également que la mairie de Chambray-lès-Tours a pour projet ambitieux de couvrir l’A10 et de créer un grand parc aux abords immédiats de son hôpital.
« Les jardins seront des éléments essentiels. Ils vont structurer l’ensemble du site » ajoute Laurent Pérusat qui travaille pour le cabinet AIA. A cette philosophie avancée s’ajoutent des réflexions sur la consommation énergétique du CHU en elle-même. Explication du directeur des services techniques Ivy Mouchel :
« L’objectif c’est de réutiliser 60% de l’énergie qu’on laisse partir, par exemple pour la climatisation des blocs opératoires. C’est rare et extrêmement ambitieux. Nous allons donc récupérer l’air chaud au niveau des évaporateurs mais aussi les eaux usées quand les patients prendront leur douche. L’hôpital se doit d’être une locomotive de la transition énergétique. »
En partenariat avec Tours Métropole, le CHU va s’équiper d’une chaufferie en mesure d’irriguer les logements des alentours. Dans les bâtiments, le bois aura une large place et le futur site de psychiatrie qui devrait voir le jour avant le reste (d’ici 2024-2025) sera conçu « à 100% en matériaux biosourcés. »
Au final, selon l’architecte Laurent Pérusat, « la surface de sol artificialisé n’augmente pas. » L’astuce : le grand parking extérieur actuel sera remplacé par les bâtiments, et transféré en sous-sol sous l’immeuble qui accueillera les chambres des patients. Autre objectif éco-compatible : passer la proportion d’arrivées sur site en transports en commun de 5 à 16% (estimation après un sondage mené auprès de 15% du personnel). Plus de 200 places dédiées au vélo figurent également dans les plans (sous terre et en surface). C’est d’ailleurs un des principaux thèmes sur lesquels le public risque de s’exprimer. Après quoi, il aura encore une occasion de le faire lors de l’enquête publique sûrement déclenchée entre juillet et septembre. Les ouvriers devraient eux entamer leurs actions au printemps 2022, une fois les périodes de recours éteintes. Un calendrier contraint mais qui n’a pas encore pris de retard par rapport aux premières déclarations publiques il y a presque 4 ans.
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