On parle beaucoup des commerces lors de ce second confinement, de l’impact sur l’économie locale, sur les emplois. Le monde de la culture est également souvent cité notamment pour son volet événementiel mis à l’arrêt ou quasiment depuis le mois de mars. Séverine Deslions, l’artiste tourangelle rejoint un peu les deux mondes.
D’ordinaire, la vitrine de sa galerie avenue Maginot attire les regards des passants, à pieds ou en tramway, grâce à ses œuvres colorées et son « speed boy », son personnage fétiche. Depuis quelques jours, les regards s’attardent encore plus que d’habitude. « L’art est essentiel pour nos neurones » y est-il écrit en gros, tandis que des dizaines de rouleaux de papier toilettes customisés par l’artiste s’érigent en dessous. Un signe des temps évident, en écho à la période actuelle, une critique à peine déguisée également.
« Ces rouleaux sont un peu l’expression d’un certain ras-le-bol » évoque Séverine Deslions en évoquant d’un côté une culture à l’arrêt et de l’autre le rush lors des premiers jours des confinements sur les rayons de papiers toilettes dans les grandes surfaces.
Comme beaucoup d’artistes et d’acteurs culturels, l’année 2020 ressemble à une année zéro pour cette dernière. « Le problème d’être artiste, c’est que déjà en temps normal c’est incertain et irrégulier mais avec la crise cela devient impossible » explique-t-elle. Séverine Deslions a pourtant une belle côte, y compris à l’international où ses œuvres sont installées à Beyrouth au Liban, à Séoul en Corée du Sud ou encore au Mexique. « A l’international c’est très compliqué, tout a été stoppé » raconte-t-elle. En France, la situation n’est guère plus favorable. « Je suis toujours dans la création » raconte encore Séverine Deslions quand on lui demande l’impact sur son quotidien d’artiste. Oui mais créer ne fait pas vivre à l’instant T et la partie commerciale de son métier est à l’arrêt faute de pouvoir exposer et montrer son travail.
D’autant plus problématique que la période de fêtes permet de montrer à son travail à un autre type de clientèle grâce aux ventes des petits formats, c’est-à-dire des petits tableaux, de 25cm sur 25 cm, qui constituent de belles ventes sous forme de cadeaux. Et même si elle met en place des ventes sous forme de « click and collect », cela ne remplace pas l’ouverture de sa galerie.
Outre l’aspect financier pour elle, comme pour les artistes confrontés à la même problématique, Séverine Deslions y voit également un mauvais signal envoyé sur ce qui fait notre société. « Il y a un côté illogique dans ce deuxième confinement » trouve-t-elle en prenant la défense des petits commerçants et notamment ceux culturels comme les libraires. « Un monde sans culture n’est pas possible » assène-t-elle en poursuivant son propos : « La culture apporte de la vie, si je prends mon exemple, les riverains sont contents de voir ma galerie dans le quartier par exemple, cela change des agences de service comme les banques et les assurances qu’il y a tout autour. »
Crédits photos : Annie Depeigne
Un degré en plus :
> Pour découvrir l’univers de Séverine Deslions : revoir notre article réalisé l’an dernier lors de son exposition au Château de Tours.
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