[L’Actu à la loupe] Le plan de vol de Tours Métropole pour l’aéroport de Tours

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Réunis en commission générale sur la question, les élus métropolitains ont débattu de l’avenir de l’aéroport de Tours samedi dernier.

L’aéroport de Tours suscite de nombreux débats depuis plusieurs mois (voire années), notamment à cause du départ de l’Ecole de Chasse, mais aussi de son fonctionnement avec de larges subventions publiques et des questionnements autour de sa rentabilité… Néanmoins son avenir semble s’éclaircir. C’est ce qui ressort de la commission générale de samedi dernier où il n’a pas été question de remettre en cause l’intérêt de l’infrastructure, mais à l’inverse de dresser les pistes de son développement au-delà de l’horizon 2023, année où le contrat de gestion actuel prendra fin. Une date où le départ de l’Ecole de Chasse qui partage l’infrastructure aujourd’hui sera également effectif (le départ est programmé en 2021).

Quel modèle demain ?

Boosté par l’émergence du « Low Cost » au milieu des années 2000, l’aéroport de Tours est passé de 3000 passagers à près de 200 000 aujourd’hui. Un boom dû à la présence essentiellement d’une compagnie : Ryanair. Un boom dont le revers de la médaille est un modèle avec un important financement des collectivités publiques avec près de 3 millions d’euros investis par an (près de 1 million par collectivité -> Métropole / Région / Département) pour rentabiliser la structure.

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Si aujourd’hui les élus assument ce choix qui a permis de relancer l’aéroport, ces derniers souhaitent en revanche s’affranchir de ce modèle et réfléchir à utiliser tous les éléments en lien avec l’aéroport. Parmi les pistes évoquées, notons la recherche de nouveaux partenaires financiers privés afin de compenser notamment le désengagement financier de la CCI (en proie à des difficultés internes). Autre point important – bien que vu dans un premier temps comme une problématique – le départ de l’Ecole de Chasse qui se révèle aujourd’hui être une opportunité. Non seulement les coûts supplémentaires engendrés ne seraient pas aussi élevés que prévus (on évoquait jusque là un surcoût de 2 millions d’euros à l’année), mais l’emprise laissée par l’Armée de l’Air en 2021, c’est à dire 200 hectares de terrain, permettrait à la Métropole d’envisager la construction d’un parc d’activités autour et en lien avec l’aéroport avec des activités industrielles liées à l’aéronautique mais aussi un centre d’affaires. La revitalisation du site (appartenant aujourd’hui à l’Etat) est estimée de son côté à 30 millions d’euros qu’il faudrait investir d’ici 2023, avec l’espoir d’une partie prise en charge par l’Etat.

Ce développement d’un parc d’activités s’intègrerait dans un schéma global, visant à faire du quartier de l’aéroport un « hub » de la Métropole. « Il faut réfléchir en terme de structuration » explique ainsi Frédéric Augis, vice-président de la Métropole en charge des transports et par ce biais président du syndicat mixte gérant la plateforme aéroportuaire tourangelle. Et l’élu d’envisager de faire passer à proximité la Loire à Vélo ou encore d’y installer la halte routière pour les « bus Macron » afin de renforcer son attractivité. « Tout cela doit se penser globalement. L’important ce sont les mobilités dans leur ensemble, réfléchir à comment on maille le territoire. »

« La porte d’entrée du Val de Loire »

L’histoire est entendue, se voulant une métropole touristique et la « porte d’entrée du Val de Loire », Tours Métropole et son président Philippe Briand en tête, veulent faire de l’aéroport un acteur majeur de cette volonté.

Si aujourd’hui, 70% des passagers sont sortants, demain l’objectif est ainsi d’inverser la tendance. Depuis plusieurs mois, l’aéroport de Tours se fait présent pour cela sur les salons internationaux afin d’attirer de nouvelles compagnies mais aussi de nouvelles liaisons potentiellement porteuses pour faire venir des touristes (Allemagne, Italie…).

Parmi les compagnies régulièrement citées comme pouvant être intéressées : Hop ou Flybe. De nouveaux acteurs entrants qui permettraient de casser le quasi monopole de Ryanair. De quoi s’affranchir également d’éventuelles pressions. En novembre dernier Philippe Briand déclarait ainsi vouloir « sortir de la dépendance de Ryanair même si nous sommes contractuellement liés jusqu’à la fin du mandat. »

13 euros de subventions publiques par billet.

Aujourd’hui, le financement des collectivités revient à un financement de 13 euros par billet d’avion à Tours. Cette somme était au départ de 20 euros avec un taux de remplissage de 75% des avions. Le remplissage étant actuellement à plus de 90%, cela fait chuter donc la part de subvention par billet.

Objectif : 500 000 passagers

Recherche de nouveaux partenaires financiers, développement d’activités annexes (parc d’activités), parking payant, augmentation du nombre de passagers entrants, sont autant d’axes qui doivent donc non seulement permettre à l’aéroport de Tours de prouver son intérêt mais aussi de trouver un équilibre financier à moyen terme. Un équilibre financier estimé possible avec un seuil de 500 000 passagers, jugé comme atteignable d’ici 2035, avec un premier palier à 350 000 passagers à l’horizon 2025. Pour arriver à cette croissance, cela passe donc par la recherche de nouvelles compagnies, mais aussi par des vols se raccordant aux « hubs » régionaux, Lyon ou Marseille par exemple, nous explique-t-on.

Une croissance qui est jugée d’autant plus possible que l’arrêt du projet de Notre Dame des Landes, mais aussi les difficultés de l’aéroport de Poitiers et le quasi arrêt de celui d’Angers, ouvre à Tours une place à prendre entre les aéroports parisiens et celui de Nantes.

Autre point qui vise à rassurer les élus dans leurs prévisions, les récentes déclarations des élus régionaux dont Philippe Fournié, en débat il y a deux semaines sur TV Tours en compagnie de Frédéric Augis. Le vice-président aux transports à la Région avait alors rappelé la position de la collectivité régionale qui est de penser Tours comme la plateforme passagère de la région et Châteauroux comme la plateforme pour le fret. Des propos que la Métropole trouve rassurants après l’annonce le mois dernier de l’ouverture de nouvelles lignes sur Châteauroux en partie financées par la Région.

Quel impact environnemental ?

Une telle augmentation de passagers pose forcément la question de l’impact environnemental. Si l’élu métropolitain écologiste Emmanuel Denid évoque « un impact en C02 qui annulerait les grands projets ayant amélioré les choses ces dernières années comme le tramway ou la centrale bio-masse », du côté de Frédéric Augis on se veut plus positif :  « Il n’y aura pas plus d’impact qu’aujourd’hui pour la simple raison qu’il n’y aura plus les vols liés à l’Ecole de Chasse (Ndlr: aujourd’hui plus de 6000 mouvements aériens se font à l’aéroport de Tours, dont plus de 3/4 liés aux mouvements non-commerciaux). »

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