« Jaunes… » : un livre témoignage sur le mouvement des Gilets Jaunes en Touraine

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L’ancien délégué syndical sort un livre « Jaunes » dans lequel il revient de façon directe et sans filtres sur ce mouvement social inédit.

Début octobre 2018, Eric Sionneau se retirait de ses fonctions syndicales au sein de Sud-Solidaires, après près de 30 ans passés comme une figure syndicale en Touraine. Il sortait par la même occasion, un livre, revenant sur ces années de lutte. Cet anarcho-syndicaliste nous expliquait alors vouloir prendre du recul et se recentrait un peu sur lui-même. Quelques semaines plus tard, on retrouvait pourtant ce même Eric Sionneau dans les rues de Tours, au sein des manifestations des Gilets Jaunes. Un mouvement inédit dans sa forme qui en a surpris plus d’un, mais pas Eric Sionneau, qui annonçait dans son livre sorti quelques semaines avant l’émergence des Gilets, « un faux calme et une colère sourde qui ne demande qu’à s’exprimer. » Un mouvement des Gilets Jaunes sur lequel il revient aujourd’hui dans un livre sans concessions et avec le regard du vieux briscard des mouvements sociaux, qu’il est.

Un homme brandissant un drapeau jaune sur la carcasse de l’avion de la TAT, placé sur le rond-point à Tours Nord à proximité de l’aéroport, des ballons jaunes gonflés au premier rang, la couverture du livre « Jaunes », s’attarde ainsi sur ce lieu symbolique, un des QG du mouvement des Gilets Jaunes en Touraine, en décembre 2018, au plus fort de la mobilisation.

Si Eric Sionneau a pris le parti de mettre en avant ce lieu, plutôt qu’une manifestation, c’est certainement parce que les ronds-points ont été et restent le symbole premier de ce mouvement social inédit qui a bousculé les schémas traditionnels. Le rond-point comme QG, lieu de discussions, de décisions collectives en ce début de mouvement, lieu où « certains se sont révélés » également explique Eric Sionneau, lieu des premières formes de naïveté d’un mouvement qui n’en manquera pas selon l’auteur également.

Car ce dernier n’épargne personne dans ce livre de 120 pages dans lequel il aborde tous les points qui ont rythmé les semaines de mobilisation : entre manifestations, répression policière, rencontres fraternelles et tranches de vie, l’auteur livre ainsi un témoignage de ce qu’il a vu, vécu, mais toujours avec une prose franche et radicale, parfois acerbe.

« Les Gilets Jaunes sont l’expression d’un peuple déboussolé »

« Je n’ai pas écrit ce livre pour me faire des amis » prévient-il. Il en ressort un témoignage sans filtre, avec un regard distant sur les événements. Eric Sionneau revient ainsi sur les réussites de ce mouvement « qui a dérangé tout le monde y compris le gouvernement qui en a eu peur, la répression inédite que les Gilets Jaunes ont subie le prouve », mais aussi ses limites : « Il y a eu un manque de structuration, la démocratie directe ne s’improvise pas » explique ainsi cet habitué des mouvements sociaux depuis une trentaine d’années. « Les Gilets Jaunes sont l’expression d’un peuple déboussolé » analyse-t-il. Une expression qui est restée cependant diffuse et brouillonne. La conséquence d’un refus catégorique d’être récupérée par quiconque, ce qui fut à double tranchant selon notre interlocuteur, critiquant tour à tour la naïveté (encore) des débats lors des assemblées générales, ou encore « les généraux facebook » comme il les appellent, c’est-à-dire ceux qui animaient les différents groupes de communication sur les réseaux sociaux…

Pour Eric Sionneau, ce mouvement « fera date » malgré tout, ne serait-ce que par le fait que « le peuple a osé prendre la parole et a bousculé les politiques en la prenant. » Un an après, faut-il croire à sa résurgence ? Pour l’auteur de « Jaunes », la réponse est non : « Pour qu’un mouvement perdure il faut une dynamique, mais elle n’est plus là. »

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