[HistLoire] Remarquable jardin des Prébendes

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HistLoire, c’est une chronique régulière sur 37° où nous vous proposons un petit focus sur un pan d’histoire tourangelle. Ce mois-ci, découvrez l’histoire du jardin des Prébendes

« Jardin des Prébendes, tu m’as touché l’épaule, Comme je passais le long de tes grilles vertes, Indifférent… C’est aujourd’hui que tu m’es ami. » Voici quelques mots issus du poème « Jardin des Prébendes » écrit par Léopold Sédar Senghor en l’honneur du jardin où il aimait se poser quand il faisait ses études à Tours. Des mots que beaucoup de Tourangelles et Tourangeaux avant et après lui auraient pu faire leurs, tant ce jardin est apprécié de la population locale depuis sa création dans les années 1870.

Deuxième plus grand parc urbain de Tours après le Botanique, le jardin des Prébendes d’Oé, son nom officiel issu de la taxe (la prébende) que les jardiniers-maraichers devaient s’acquitter auprès du prévôt de Notre-Dame d’Oé avant que cette partie de la ville ne soit urbanisée et servait encore de terres potagères, est un des symboles de la capitale de la Touraine, appelée Jardin de la France.

Son histoire est d’ailleurs intimement liée à celle de Tours au XIXe siècle. En 1845, la ville s’est étendue au sud des actuels boulevards Heurteloup et Béranger en annexant la commune de Saint-Etienne-Extra, un territoire vaste, allant jusqu’au Cher mais alors faiblement peuplé (1200 habitants). C’est sur ces terres encore rurales et agricoles que Tours va s’agrandir au XIXe siècle, en construisant de nouveaux quartiers comme celui des Prébendes.

Relire notre Histloire consacré à l’évolution de Tours au XIXe siècle

Un quartier pensé pour une population plutôt aisée, friande de la vie parisienne à l’influence grandissante, d’autant plus que Tours a vu en 1870 une partie de l’élite de la Capitale y prendre demeure, devenant capitale provisoire du pays face à l’avancée des troupes prussiennes lors de la guerre Franco-Prusse.

Parmi cette élite s’étant réfugiée en Touraine, on retrouve les frères Bühler, Denis et Eugène, paysagistes à la mode à cette époque et créateurs notamment des parcs de la Tête d’Or à Lyon (1856) et Thabor à Rennes (1868). Profitant de leur présence, les édiles tourangeaux proposent à Eugène (déjà auteur du parc François Sicard en 1864), de réfléchir à l’aménagement d’une zone traversée alors par le ruisseau de l’Archevêché et pour laquelle ils hésitaient entre un aménagement en place publique ou d’un jardin.

Eugène Bühler imagine alors le parc que l’on connaît toujours aujourd’hui dans l’esprit de ce qui se faisait au XIXe siècle. Pour le réaliser, la ville emploie des ouvriers au chômage à cause de la crise de l’après-guerre franco-prusse, tandis qu’Eugène Bühler supervise le tout pendant les trois ans d’aménagements nécessaires.

L’architecte-paysagiste avait alors pensé grâce à la canalisation du ruisseau de l’Archevêché à un parc autour d’une vaste pièce d’eau centrale, de laquelle plusieurs allées irait serpenter tout le long de ce parc paysager typique du XIXe siècle avec des inspirations exotiques et anglaises et des arbres regroupés par essences (cèdres, platanes, séquoias géants, tilleuls) autour des pelouses…

Autre élément en vogue alors, un kiosque à musique y est ajouté quelques années plus tard, ainsi qu’un second kiosque rustique au début du XXe siècle, tout comme la première statue en honneur d’une personnalité tourangelle : le poète Honorat de Bueil, marquis de Racan. Suivront celles du Général Meusnier, de Pierre de Ronsard et enfin en 2007 de l’œuvre de Michel Audiard en hommage à Léopold Sédar Senghor, le plus illustre des nombreux flâneurs qui se sont arrêtés se ressourcer dans ce parc reconnu comme « jardin remarquable » en 2003.

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