Derrière la deuxième ligne de tramway, l’enjeu du schéma global de mobilités

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Alors que la concertation publique préalable à l’élaboration de la deuxième ligne de tramway se déroule actuellement (jusqu’au 08 juin), la population commence à s’exprimer en mairies et à s’emparer du sujet et notamment autour de l’épineuse question d’un passage par le boulevard Jean Royer ou Béranger. Des options à trancher derrière lesquelles se dessineront les ambitions de la métropole à l’avenir en terme de transition vers un réseau de transports intermodal. Des ambitions qui se dessinent déjà dans le dossier technique (téléchargeable sur le site Mobilite-Tours) du projet.

Boulevard Royer ou Béranger ?

C’est la grande question qui reste à trancher (avec le passage au coeur de Trousseau ou via l’avenue de la République à Chambray) et c’est celui qui intéresse et/ou inquiète le plus la population à croire les registres en mairie de Tours mais aussi de Joué-lès-Tours. Si un passage par le boulevard Royer semble avoir la préférence de ceux ayant laissé un commentaire sur les cahiers publics, à l’inverse en regardant le dossier technique, on voit que Béranger est l’option prioritaire. Plusieurs raisons à cela : meilleure desserte de zones importantes (Halles de Tours, centre…), meilleur potentiel de voyageurs (39 000 voyages/jour contre 35 000 pour Royer), mais aussi une population à 500 mètres d’une station beaucoup plus nombreuse (72 000 contre 51 300). Un passage par Béranger qui favoriserait également l’émergence d’un pôle multimodal à la gare de Tours avec des perspectives de raccordement de la 3e ligne derrière, au réseau ferré (voir plus bas), mais aussi qui limiterait les ruptures de charges pour les habitants de l’ouest en direction du centre de Tours. A l’inverse avec l’option Royer, une correspondance serait obligatoire à Liberté qui serait alors le « hub » du réseau à deux lignes, mais sans perspectives de développement à l’avenir.

Projection du tramway boulevard Béranger (c) Richez Associés/Franck Rive

Qu’est-ce qui inquiète la population alors ? Essentiellement la crainte de voir le mail arboré du boulevard Béranger détruit par l’arrivée du tramway. Une crainte non-fondée finalement puisque le projet est de faire passer la ligne de chaque côté du mail sans toucher à la trame arborée. Deuxième inquiétude : la suppression de places de stationnement, certains partisans du boulevard Jean Royer évoquant jusqu’à 486 places enlevées.

S’il est vrai qu’un éventuel passage du tramway supprimerait de facto des places de stationnement, il est nécessaire de rappeler également que l’un des objectifs de la mise en place de transports en commun de ce type est justement de limiter la place de l’automobile, notamment en coeur de ville. Factuellement, avec la mise en place de parkings relais, le nombre de places de stationnement ne baisserait d’ailleurs pas, mais les voitures seraient tenues plus à l’écart de l’hyper-centre. Un choix fait dans d’autres villes avant Tours et qui constitue un engagement politique fort à assumer, d’autant plus que cette question vient se superposer avec celle de la mise en place du nouveau système de stationnement payant à Tours, ce qui a (et continue) d’alimenter beaucoup de sujets et mécontentements, notamment chez les commerçants. Un télescopage non prévu, mais qui pourrait faire pencher la balance…

Projection du tramway boulevard Jean Royer (c) Richez Associés/Franck Rive

Si le boulevard Royer paraît moins pertinent dans une logique de schéma global, en revanche il a de son côté un avantage principal : un passage par ici réduirait de 2,2 km la ligne à construire avec en conséquence directe un coût total moins élevé (305 millions d’euros contre 330 millions en cas de passage par Béranger). Le passage par le boulevard Royer nécessiterait en revanche une reconfiguration totale de la circulation dans le secteur puisqu’il n’y aurait alors plus qu’une voie en sens unique pour les automobiles, alors que ce boulevard fait office aujourd’hui d’axe de transit avec 7500 véhicules l’empruntant chaque jour.

Relire également : Ligne 2 du tramway de Tours : le tracé par Béranger plus avantageux ?

L’Est, le grand oublié à court terme.

Malgré une mobilisation forte du collectif pour le tramway à Saint-Pierre-des-Corps, l’Est de l’agglomération reste le grand oublié du schéma de mobilités à l’horizon 2025. Si la Métropole va rapidement travailler sur une troisième ligne de tramway en direction de Saint-Pierre-des-Corps, comme l’a annoncé Philippe Briand, pour l’heure force est de constater que les habitants de l’Est tourangeau peuvent se sentir oubliés.

Pourtant les enjeux sont présents et connus : Nécessité de rompre avec les barrières physiques et urbaines avec le reste de l’agglomération (et notamment l’A10) et ses points de congestion liés, mais aussi favoriser les interactions avec l’Est du département (Montlouis, Amboise…), territoire en fort développement et générateur de flux importants avec l’agglomération tourangelle.

Dans le dossier technique présenté lors de la concertation, sans surprise, l’Est tourangeau n’est que peu évoqué concernant la 2e ligne de tramway (les grandes orientations de la ligne ayant été fixées l’an passé à la Métropole). Néanmoins les raisons qui ont conduit à l’écartement d’une deuxième ligne reliant Saint-Pierre-des-Corps y sont rappelés : Faiblesse du potentiel de desserte avec au mieux selon les options de tracé une ligne à 30 000 voyages/ jour au maximum et des coûts plus importants en raison des frontières urbaines à franchir justement.

Plus étonnant en revanche, alors que l’on pensait que la Métropole allait compenser par une ligne de Bus à Haut Niveau de Service (BHNS) en direction de la commune corpopétrussienne, on remarque que ce n’est pas le cas non plus. L’étude sur la ligne BHNS est en effet orientée plutôt Nord-Sud, sur un axe reprenant en partie son tracé actuel du CFA de Douets à Tours-nord jusqu’au centre-ville. A ce niveau deux options principales se dessinent : passage par la rue Edouard Vaillant ou continuité via l’avenue Grammont puis bifurcation via le Sanitas pour rejoindre Rochepinard et les Atlantes, terminus sud des deux options.

Vers un schéma de mobilités global et intermodal

Reste à savoir si la Métropole misera plus sur une liaison par voie ferrée de type navette entre les deux gares de Saint-Pierre-des-Corps et de Tours. Là encore sur ce projet, de nombreux obstacles restent à lever et la Métropole devra convaincre la SNCF de s’engager pleinement.

Sur la navette, relire nos articles sur le sujet sur Info Tours

Un projet de navettes qui bien que non présent dans la concertation actuelle, entre pleinement dans la question de mobilités et notamment des liaisons entre celles périurbaines et urbaines. Une problématique qui intègre parfaitement le chemin de fer, via notamment l’étoile ferroviaire tourangelle et ses huit branches, avec la gare de Tours comme point névralgique. Dans le PDU (Plan de Déplacement Urbain) de 2013 il était d’ailleurs question de créer de nouvelle haltes ferroviaires qui joueraient pleinement ce rôle à la fois de desserte extérieure mais aussi de pôle intérieur à la métropole. Une idée reprise dans le dossier technique où il est notamment question d’une halte au carrefour de Verdun (ce qui permettrait une intermodalité avec les lignes 1 et 2 du tramway), mais aussi à La Riche en connexion avec le terminus de la ligne 2. Enfin, l’évocation de la réouverture de la gare de Fondettes (fermée en 1992) figure également dans le dossier. Des haltes qu’il faudra négocier avec la SNCF et qui pourraient si elles voyaient le jour, entraîner une réorganisation des lignes et des trains en circulation sur les voies concernées.

C’est donc bien vers un projet global, dépassant le simple cadre du tramway qui est proposé aux Tourangeaux dans ce schéma de mobilité. Un schéma de mobilité global qui prévoit d’intégrer également les circulations douces avec plusieurs passerelles pour franchir les obstacles naturels comme la Loire. Sur les 5 identifiées comme nécessaires, la plus emblématique est celle au niveau du pont de Saint-Cosme, ce qui avait été réclamé depuis des années par les collectifs cyclistes. Celle-ci permettrait alors non seulement de rejoindre Saint-Cyr à La Riche sans faire un détour par le pont Napoléon à Tours, mais aussi de permettre de relier les cyclistes du nord de la Loire au tramway et enfin de boucler l’itinéraire de la Loire à Vélo.

Retrouvez notre dossier complet sur le tramway

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