Au cœur de séances de sport adapté

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Le sport adapté, à ne pas confondre avec le handisport, est consacré aux personnes en situation de handicap mental ou psychique. Certains établissements spécialisés se rapprochent des clubs d’Indre-et-Loire pour proposer à ces personnes de pratiquer différents sports, hors de leur structure. Nous avons assisté à deux séances. 

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Il est presque 10 heures, ce mercredi matin-là, à l’entrée du complexe Guy Drut. C’est jour de sport pour huit enfants de l’institut médico-éducatif (IME) Les Elfes. Alors que nous discutons avec Amandine Bauduin, entraîneure au Réveil sportif Saint-Cyr-sur-Loire tennis de table (RSSC), certains d’entre eux l’aperçoivent au loin et se mettent à courir vers elle, visiblement heureux de la retrouver. 

Cela fait maintenant deux ans que le club collabore avec l’association tourangelle. Amandine, elle, avait déjà travaillé avec des personnes en situation de handicap, ce qui l’aide à gérer ses séances. Mais elle avoue : « J’ai eu un peu d’appréhension au départ, concernant l’effet de groupe et le fait d’avoir différents handicaps dans un même groupe. » Parmi les enfants qu’elle accueille le mercredi matin, certains sont trisomiques, d’autres ont une déficience intellectuelle. 

Tout semble cependant se dérouler parfaitement. « Ce n’est pas toujours évident de réussir à les garder concentrés mais ils restent calmes. Ce sont des amours », assurait-elle avant leur arrivée. D’autant qu’elle peut compter sur le soutien de Romain et Thibault, deux éducateurs présents pour lui prêter main forte. Elle échange régulièrement avec eux, notamment pour connaître l’état de forme des écoliers avant leur venue au club mais aussi pour qu’ils puissent établie le programme des séances ensemble afin d’aider au mieux les enfants. « On travaille l’agilité, la coordination, la concentration… », précise-t-elle. 

Des ateliers pour évoluer 

Cela se fait sous forme de petits ateliers. « Ce ne sont que des ateliers car, huit enfants sur un même exercice, ça va partir en cacahuète ! » Faire tomber des bouteilles ou toucher des plots au service, faire rouler la balle sur la table en suivant un parcours, renvoyer la balle lancée par le robot (l’exercice le plus attendu)… Ce sont au total six ateliers qui attendent Emmy, Ambre, Valentin, Léa et les autres ce jour-là. Ils les répéteront pendant trois semaines, afin de bien les retenir. « Le but est de voir une évolution et qu’ils ne soient pas en situation d’échec », raconte celle qui est arrivée au club de Saint-Cyr-sur-Loire il y a quatre ans. 

Amandine commence par expliquer les différents exercices. Elle met ensuite les enfants par deux et les répartit sur les quatre premiers ateliers. Ils resteront cinq minutes sur chacun d’entre eux. « Je pensais que j’allais devoir adapter mes séances mais j’ai été surprise parce qu’en fait non. Les activités que je propose sont des jeux que je fais aussi avec les débutants valides. Des fois, ils y arrivent même mieux. » 

Après vingt minutes d’activité en musique, il est temps pour les élèves de passer aux deux derniers ateliers : garder la balle en équilibre sur la raquette en passant des obstacles et le tant attendu robot. Les enfants du premier groupe se concentrent pour passer les cerceaux et les haies, raquette en main, sous le regard de Romain et Thibault, tandis que ceux du deuxième groupe s’amusent face au robot et écoutent les conseils d’Amandine. 

Intégrer un club 

Autre objectif de ces activités hors de l’IME : la socialisation. « Le but premier est l’inclusion et de pouvoir les intégrer au club, dans le groupe du vendredi. » Le RSSC tennis de table possède en effet une section sport adapté, qui compte une trentaine de licenciés. Deux enfants présents lors des séances du mercredi en font d’ailleurs partie. « Mais les parents ont encore tendance à avoir peur, du rejet notamment », regrette-t-elle. 

À la fin de la séance, les élèves, Amandine, Romain et Thibault se regroupent et se posent afin de faire un bilan. Le moment pour chacun de dire l’atelier qu’il a préféré et celui qu’il a le moins aimé. Après avoir donné la parole à chaque écolier, leur entraîneure leur glisse un petit mot d’encouragement : « J’ai trouvé ça très bien ce que vous avez fait aujourd’hui. » Preuve du succès de ce cours, certains demandent déjà quand ils reviendront. 

La veille, ce sont neuf travailleurs de l’ESAT* Les Tissandiers de Loches qui se sont retrouvés pour un cours de tir à l’arc. Dans un gymnase du complexe sportif de Grand-Vau, les essais de tirs s’enchaînent. Les sportifs se trouvent pour le moment à dix mètres des cibles mais pourront reculer petit à petit quand ils prendront de l’assurance. 

Pour cette troisième séance depuis septembre, les quatre personnes qui avaient déjà pratiqué précédemment reprennent contact avec l’activité. « Cela me permet de m’occuper un peu plus des nouveaux. Dans deux mois environ, ils auront un niveau d’autonomie suffisant pour faire de nouvelles choses », indique Mickaël, entraîneur de tir à l’arc. 

« Ils sont attachants et ils amènent de la fraîcheur. C’est avec un grand plaisir qu’on les accompagne. Avec les valides, on a souvent beaucoup plus d’attentes. »

Mickaël, entraîneur de tir à l’arc

Celui qui travaille depuis six ans avec l’ESAT encadre le groupe aux côtés de Virginie Rideau, éducatrice sportive de l’établissement médico-social lochois. « L’idée est de les amener à progresser pour qu’ils accèdent à la pratique en dehors de leur structure », explique-t-il. Un objectif similaire à celui du RSSC tennis de table et qui rencontre également quelques freins. « Mais ce n’est pas évident. Le principe d’inclusion n’est pas acquis dans tous clubs. Ils ne sont pas formés. Les bénévoles font ce qu’ils peuvent, c’est pourtant un public avec lequel ils aiment travailler. »

Avec le soutien de l’éducatrice sportive, Mickaël cherche par ailleurs à mettre de la transversalité entre les activités de l’ESAT et les cours de sport. Lors de chaque séance, ils travaillent sur des compétences ou des qualités, telles que l’amélioration des liens sociaux, le respect du matériel (ils montent et démontent par exemple leur arc eux-mêmes), la concentration… Ce mardi après-midi-là, certains sportifs ont d’ailleurs besoin d’aide pour canaliser leur énergie et rester focaliser sur l’activité. « Vous voyez, là par exemple, il ne vise que le jaune sur la cible. Il n’est pas concentré sur ce qu’il fait mais sur le résultat », fait remarquer Virginie en montrant un travailleur. 

Rassurer et conseiller 

Mais, il ne s’agit pas ici d’être plus fort ou de faire mieux que son voisin. Les deux encadrants sont là pour leur rappeler. La salariée de l’Adapei 37** accompagne les travailleurs, les guide, les rassure et Mickaël se charge de la partie technique. Pendant une heure, il observe chaque personne et vient les voir pour leur donner des conseils, leur rappeler les bons gestes et comment installer correctement les accessoires sur leur arc… « Fais attention à ton coude », « pense bien à ton geste et prends ton temps », « mets ton stabilisateur », recommande-t-il notamment. « Il arrive à voir chez tout le monde ce qui ne va pas, ce qu’il faut améliorer. Il remarque ces détails que moi je ne vois pas, affirme Virginie. C’est ce que je recherche en collaborant avec les clubs. Je veux rendre les travailleurs meilleurs même si l’idée n’est pas forcément d’en faire des champions. » Et ces petits conseils prodigués par Mickaël semblent porter leur fruit. L’éducatrice sportive encourage alors un sportif qui tente de mettre en application les recommandations de l’entraîneur : « À partir du moment où tu as bien positionné ton corps, c’était beaucoup mieux. »

Celui qui est aussi préparateur mental aime travailler avec ce public. « Ils sont attachants et ils amènent de la fraîcheur. C’est avec un grand plaisir qu’on les accompagne. Avec les valides, on a souvent beaucoup plus d’attentes », commente-t-il. Et les travailleurs le lui rendent bien puisque le tir à l’arc est souvent une activité où ils prennent du plaisir. Mickaël indique qu’il est d’ailleurs rare que les pensionnaires de l’ESAT arrêtent après seulement un an de pratique. 

Pour les enfants de l’IME Les Elfes comme pour les travailleurs de l’ESAT Les Tissadiers, le rendez-vous est pris pour de nouvelles séances dans les prochaines semaines. 

* Établissement et service d’aide par le travail
** Association départementale de parents et d’amis des personnes handicapées mentales

Article : Emilie Mette

Photos : Claire Vinson

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