Morgan Bouc’his, l’appel des profondeurs 

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En septembre 2019, Morgan Bourc’his est sacré champion du monde d’apnée pour la troisième fois de sa carrière. Depuis ses derniers mondiaux, le Jocondien se consacre à l’organisation de stages et de conférences en entreprise, sans oublier de donner de son temps pour aider les autres et protéger l’environnement.

« La mer est simplement un autre univers que je fréquente et dont j’ai besoin pour mon équilibre. Ce serait compliqué pour moi de vivre éloigné d’elle. » Entre Morgan Bourc’his et le milieu aquatique, c’est une histoire d’amour qui a commencé il y a longtemps déjà. Celui qui a grandi à Joué-lès-Tours a six ans lorsqu’il commence la natation. Quelques années plus tard, il préférera le basket mais il ne restera jamais bien loin de l’eau. L’été, il côtoie le milieu marin au bord de la Méditerranée, lors de vacances avec ses parents. « Je pense que ça m’a beaucoup marqué. Je commençais déjà à descendre en mer, à pratiquer la chasse sous-marine, à faire de la plongée sous-marine. C’était plus une activité d’exploration fascinante mais qui n’était pas une activité athlétique comme je la pratique aujourd’hui », raconte l’apnéiste de 42 ans. C’est d’ailleurs à Marseille qu’il finira par s’installer, après le début de ses études à la faculté des sciences du sport de Poitiers et la découverte de l’apnée sportive. Là-bas, il étudie la physiologie cardiovasculaire de l’homme en apnée et, pour cela, il se sert de sa propre expérience.

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Au départ, il ne pense pas pratiquer sa discipline à haut niveau. « C’était vraiment une pratique personnelle, de découverte des sensations, de ses possibilités mais sans avoir à l’esprit le fait qu’un jour je pourrais faire des compétitions puis atteindre l’équipe de France et participer aux championnats du monde », explique-t-il. Pourtant, à force de travail et face à sa progression, l’apnéiste commence à y croire. Et, après quatre années de compétition, il est sélectionné pour la première fois en équipe de France en 2005. « Je dirai que ça a été une récompense des efforts qui se sont réalisés petit à petit. Je considère qu’à l’époque j’avais aussi fait le nécessaire pour pouvoir y prétendre. »

Quatorze ans plus tard, il finira sa carrière mondiale de la plus belle des manières. Il remporte, en septembre 2019, le titre de champion de monde d’apnée en poids constant sans palmes avec une descente de 91 mètres et une apnée de trois minutes et trente-quatre secondes dans les eaux de Villefranche-sur-Mer. Presque à domicile. Dans la Méditerranée de son enfance, sa terre d’adoption. « Sur cette compétition, j’avais un statut de favori et je l’ai assumé, ce que je n’avais jamais fait auparavant. Ce titre a donc une autre saveur parce que je n’avais pas le même statut que lors des autres mondiaux et j’ai résisté à la pression qui en découlait. » Parce que Morgan Bourc’his, c’est deux autres titres mondiaux – en 2008 par équipe et en 2013 individuel – et une dizaine de podiums en treize participations aux championnats du monde. Pour sa dernière apparition, il obtiendra également une médaille de bronze lors de l’épreuve en immersion libre, grâce à une descente de 105 mètres.

Vivre de son image 

Pourtant, celui que l’on appelle Mister perfect a longtemps dû jongler entre sa vie de sportif et son métier de professeur de sport auprès de jeunes ayant des troubles du comportement. Ses seuls résultats ne lui permettent en effet pas de gagner sa vie. « Nous ne pouvons pas, en apnée, nous considérer comme des athlètes professionnels parce que nous ne sommes pas 100% dédiés à notre activité. Nous ne sommes pas salariés d’un club comme l’est un footballeur ou un rugbyman. Au final, nous vivons de notre image et parfois les sponsors ne suffisent pas. Il faut donc créer des activités annexes, qui sont des revenus complémentaires. » En 2015, grâce à ses résultats, il parvient à vivre exclusivement de son image, devenant également instructeur de plongée et conférencier et laissant de côté son poste d’enseignant. « Après des années passées comme ça je commençais à m’essouffler un peu. Cela me demandait des sacrifices dans ma vie privée, pour les vacances… C’est vrai que ça a été un soulagement de pouvoir créer un nouveau projet professionnel qui me permettait de récupérer davantage, d’avoir plus de temps et de mieux organiser ma pratique et de développer d’autres activités. Ça a vraiment été un second souffle qui m’a permis de continuer encore quelques années », confie le désormais Marseillais. Si, enfant, il s’est imaginé basketteur professionnel, il se réjouit d’être finalement parvenu à vivre de sa passion pour le sport : « Aujourd’hui, ce que j’ai développé en termes de projet professionnel c’est ce rêve d’enfant puisqu’au final je vis grâce à la pratique du sport. »

Un an après ses derniers championnats du monde, il fait un bilan positif de sa carrière. « Je suis assez content de ce que j’ai fait. Après, je me suis donné du mal, je me suis beaucoup entraîné, j’ai beaucoup réfléchi, j’ai beaucoup travaillé pour pouvoir mener ce projet. J’ai aussi eu la chance d’être entouré de personnes qui ont favorisé ce climat de sérénité pour pouvoir avancer et me lancer. Ça a beaucoup compté. » Aujourd’hui, celui qui est également « chef de l’entreprise qui [le] représente » se consacre à ses stages, conférences et coachings en entreprise et espère pouvoir participer à quelques compétitions. Mais, le Jocondien d’origine est aussi un champion généreux et n’hésite pas à donner de son temps pour les autres. Il participe ainsi à des courses caritatives pour différentes bonnes causes. Début octobre, il a par exemple nagé dix kilomètres au profit des enfants atteints de cancer et hospitalisés dans un service de cancérologie pédiatrique à Marseille.

« Aujourd’hui, ce que j’ai développé en termes de projet professionnel c’est ce rêve d’enfant puisqu’au final je vis grâce à la pratique du sport. »

De par son lien avec la mer, il est également un fervent défenseur de la protection des milieux marins. Ambassadeur ou parrain d’associations telle que Longitude 181, il prend part à des actions locales et est même parti en expédition en Norvège pour la réalisation d’un documentaire. « Nous voyons qu’il y a des choses qui sont possibles malgré une tendance générale à une dégradation très forte et peut-être à un point de non-retour qui est malheureusement franchi. Je le constate régulièrement avec ma pratique mais je vois aussi des choses agréables. Les secteurs protégés du parc national des Calanques ont, par exemple, vu leur population d’animaux et de vie sous-marine, faune et flore comprises, se re-multiplier. Je suis le témoin quotidien de ces paradoxes qui peuvent exister. » Entre ses deux mondes, Morgan Bourc’his n’a finalement pas le temps de s’ennuyer.

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