Après avoir remporté la Coupe de France début avril, le Tours volley-ball espère remporter un deuxième titre cette saison : le championnat de ligue A. En finale, les Tourangeaux affrontent Chaumont, avec un premier match en Haute-Marne, samedi 6 mai 2023. À l’approche de cette première échéance, Marcelo Fronckowiak, l’entraîneur du TVB, a accepté de répondre à quelques questions.
Et de treize. Le Tours volley-ball va disputer sa treizième finale de championnat de Ligue A face à un adversaire de taille : Chaumont. Une finale qui se dispute en deux matchs et un golden set éventuel, en cas d’égalité. Les hommes de Marcelo Fronckowiak se déplaceront en Haute-Marne, samedi 6 mai 2023, avant de recevoir les Chaumontais une semaine plus tard, à Grenon. Pour un neuvième trophée peut-être.
Le premier match de la finale approche. Comment se sentent les joueurs, dans quel état d’esprit sont-ils ?
« Je pense que, jusqu’à présent, nous avons fait une saison pleine, très correcte. Nous sommes arrivés premiers de la phase régulière, ce qui nous donne déjà une place en Ligue des champions pour la saison prochaine. Il y a toujours cet ADN européen à Tours. Nous avons aussi remporté la Coupe de France, un titre tellement recherché depuis l’année dernière. Et, maintenant, nous voulons tout faire et tout donner pour terminer au mieux la saison. Il nous reste neuf jours pour le faire. Nous avons joué notre dernier match contre Tourcoing mercredi de la semaine dernière (le 26 avril) et ce n’est pas évident de rester si longtemps sans jouer avant la finale. Nous nous sommes qualifiés et nous avons attendu jusqu’au samedi pour connaître notre adversaire. Nous savons les qualités de cette équipe et la pression que l’on aura à Chaumont, parce qu’il y a un public assez chaud. Je pense que tout le monde a une certaine anxiété à l’approche du jour J mais je sens l’équipe bien. Les joueurs sont prêts. Nous avons par ailleurs récupéré Michael Parkinson, un joueur super important qui était titulaire et qui a malheureusement eu une petite blessure pendant la Coupe de France. Il sera de retour pour la finale. C’est, enfin, un moment où toute l’équipe sera prête à jouer ! (Rires) Nous avons eu beaucoup de soucis cette saison mais les quatorze joueurs sont prêts à jouer. C’est de bon augure. »
Plusieurs joueurs ont participé à la finale de Ligue A perdue l’année dernière. Y a-t-il un sentiment de revanche ?
« Je pense que l’on a déjà fait table rase. Maintenant, le but est de gagner les finales qui sont devant nous. C’était le cas contre Nice en finale de Coupe de France, où l’on n’a pas hésité un seul moment sur la manière d’aborder ce match-là. Nous étions sereins. Je pense que le niveau de Chaumont est vraiment bon et j’insiste là-dessus. En revanche, notre équipe a construit une dynamique très compétitive. C’est sûr que certains joueurs, et même le club, gardent un peu ce sentiment d’inachevé l’année dernière avec toutes les finales que l’on a disputées mais nous sommes en train de changer la donne et je ne pense pas que ce soit un très bon sentiment de rester sur la revanche. »
Cette finale va opposer Chaumont et Tours, deux places fortes du volley en France. Le TVB va jouer sa treizième finale et tentera de remporter son neuvième titre. Le CVB 52 en est à sa cinquième finale en six ans et c’est déjà la troisième fois que les deux équipes se rencontrent à ce stade de la compétition depuis 2018. Comment abordez-vous les matchs à venir ? À quoi vous attendez-vous ?
« J’ai toujours pensé que Chaumont était capable d’arriver en finale. C’est quand même une équipe qui a un ADN pour jouer de grandes choses. Le club a déjà une histoire et une culture du résultat qui est aussi liée à Silvano Prandi, que l’on appelle “Il professore” au niveau mondial. Il est connu comme ça, comme quelqu’un qui a déjà fait un super boulot en France mais aussi à l’étranger parce qu’il a été à la tête de plusieurs clubs importants et d’équipes nationales. Il a un effectif assez riche à Chaumont, avec beaucoup de possibilités de rotation. En plus, à la maison, c’est une équipe vraiment agressive. Je ne m’attends pas à des facilités. Ce sont par ailleurs deux équipes qui sont capables de bien gérer leurs matchs à domicile mais aussi de bien jouer à l’extérieur. Avec cette nuance délicate que tout peut se décider en dix minutes, sur un golden set en quinze points. »
Votre dernier match a eu lieu il y a une semaine et demie. Comment s’est passée la préparation ? Travaille-t-on différemment lorsque l’on prépare une finale ?
« Nous avons d’abord pu nous reposer le week-end ! (Rires) Ce qui est un peu délicat et difficile pendant la saison. Je pense que ça a fait du bien à tout le monde de rester en famille, de rester avec ses proches et de profiter du beau temps qui arrive. Ensuite, je ne pense pas qu’il faille trop changer les habitudes. La question maintenant c’est le management humain et physique. Nous allons essayer de maîtriser des petits détails techniques et tactiques mais surtout laisser les joueurs avec beaucoup de jus et beaucoup de capacités physiques pour entamer une semaine qui sera super importante. »
D’après vous, quelles seront les clés pour gagner ces deux matchs ?
« Aujourd’hui, il y a, dans le volley moderne, un rapport de force qui commence au service. Les joueurs sont capables d’envoyer des mines à 130 ou 140 km/h et, là, le but est de réussir à être agressif et ne pas subir l’agressivité de l’adversaire. Si nous subissons l’agressivité de l’adversaire, c’est-à-dire si notre réception ne tient pas, il faut au moins que nous laissions le ballon vivant, la possibilité de rejouer la balle, de reconstruire un peu… Je pense que dans ces domaines-là, service et réception, il y a beaucoup de choses qui sont très importantes. Après, dans la culture de travail italienne, d’où vient Silvano Prandi, il y a beaucoup de questions tactiques. Ils sont en train de nous étudier à fond. De mon côté, je viens aussi d’un pays qui a une école assez forte. Nous sommes donc en train de mettre en place des petits pièges ! (Rires) »
Au cours de ces play-offs, vous avez gagné cinq matchs sur cinq. Chaumont a dû jouer huit rencontres. Cela peut-il avoir des conséquences, au niveau de la fatigue notamment ?
« Je pense que ce genre de situation peut arriver lorsque l’effectif est très court. En demi-finale, Tourcoing a un peu subi ce problème. Il n’y avait pas beaucoup de rotation et, lors du deuxième match, ils n’ont pas réussi à garder le niveau auquel ils ont joué lors de la première rencontre chez nous. Ils ont vécu la même chose contre Narbonne, en quart de finale. Dans le cas de Chaumont, je ne pense pas que cela ait des conséquences. Il y a eu trois fois 3 – 0 en demi-finale. D’accord, ils ont joué trois matchs mais c’était trois matchs secs. Le côté fatigue, je ne pense pas que ce soit la réalité du moment à Chaumont, par rapport à l’effectif qu’ils ont. Et, je reviens sur une chose que j’ai dit au début : une équipe qui manque de rythme, qui reste très longtemps sans jouer, peut le ressentir au départ. Je pense que ce ne sera pas le cas pour Chaumont mais ce le sera un peu pour nous car nous sommes restés dix jours sans jouer. »
Vous arrivez en finale en ayant été premiers de la phase régulière en Ligue A, en ayant réalisé un début de play-offs parfait et en ayant gagné la Coupe de France. Vous avez fait le plein de confiance tout au long de la saison…
« C’est sûr, il y a la confiance, la fierté, le bonheur d’avoir travaillé d’une façon correcte, ce qui nous permet de jouer une nouvelle finale. Il y a toujours cette expectative à Tours : faire des finales, gagner des titres. J’ai par habitude de dire qu’en signant à Tours nous sommes tout de suite au courant de cette responsabilité. Mais c’est aussi un bonheur, un plaisir. Je pense qu’il n’y a qu’une envie dans ce groupe, c’est d’aller au bout et de gagner des titres. Je pense que Chaumont est en train de dire la même phrase mais, pour nous, ça représente beaucoup parce que nous avons fini premiers de la phase régulière cette saison mais aussi l’année dernière. Ça fait donc deux ans que l’on se place bien au niveau de notre performance et de nos résultats en France. »
Le deuxième match se jouera ici, à Grenon. Le public y est toujours très présent. Est-ce un avantage de terminer à domicile ? Que peuvent apporter les supporters ?
« Nous avons les habitudes du terrain, de la lumière et le public qui est derrière nous tout le temps. Il faut quand même préciser que c’est un public très exigeant. Ils ne sont parfois pas très contents de nos performances. Ça se comprend. Ils sont tellement habitués aux victoires, il suffit de regarder le palmarès du club. Si nous avions la possibilité ou le besoin de se départager sur un golden set, les supporters pourraient vraiment nous aider à faire la différence. Le soutien du public est vraiment important. C’est un peu comme le septième joueur. »
Une question un peu plus personnelle. Vous atteignez, en plus des finales dans les autres compétitions, la finale du championnat de Ligue A pour la deuxième fois en deux saisons. Qu’est-ce que ces résultats représentent pour vous ?
« Je pense que le métier d’entraîneur est très dur, très délicat. Nous sommes souvent jugés et évalués par rapport à la quantité de médailles que l’on a. J’ai déjà coaché de grandes équipes, des joueurs champions olympiques, avec lesquels j’ai eu beaucoup de succès. J’ai aussi entraîné des équipes très petites, où je me suis complètement épanoui. Parce que c’était un bonheur de faire progresser un petit groupe avec peu de budget et de structures. Souvent, dans ce genre de situations, le métier est mis à rude épreuve car nous devons tirer le maximum de chacun. Là, j’ai des joueurs qui sont des joueurs connus, des joueurs avec une carrière importante mais qui gardent la flamme. Et, moi aussi, je garde la flamme. Cette année, je fête quarante ans de volley, dont vingt ans d’entraîneur pro. Et, sur ces vingt ans, je suis vraiment content et fier de ce que j’ai accompli. J’ai encore ce frisson lorsque l’on joue des matchs comme ça. L’émotion est toujours là. »
Au final, on ne se lasse jamais de ces grands moments…
« Exactement, parce que nous ne savons jamais ce qu’il va arriver pendant une finale mais nous ne savons jamais non plus ce qu’il va se passer pendant une saison. Cette année, nous avons joué beaucoup de matchs amicaux avant le début de la saison et nous les avons tous perdus ! (Rires) C’était quelque chose de très blessant, de très dur. Il y avait aussi beaucoup de joueurs blessés déjà à ce moment-là, nous avons même refusé de jouer certaines rencontres. Et puis nous avons démarré le championnat contre Nice, un 3 – 2 très délicat. Nous perdions 12 – 10 au tie break, avant de revenir et de gagner. Ça a été une délivrance. Après ça, l’équipe a commencé à faire des résultats. Nous avons eu d’autres moments délicats mais je pense que quand la confiance arrive et que l’on travaille de façon très correcte, tout fonctionne. »
Vous avez participé à des finales en tant que joueur et vous avez mené plusieurs équipes vers des finales comme entraîneur. Vous servez-vous de cette double expérience pour guider au mieux vos joueurs ?
« Il y a une question générationnelle assez différente. Lorsque j’étais joueur, nous nous approchions plus facilement du staff technique. Aujourd’hui, les jeunes sont plus tournés vers eux-mêmes et ne fonctionnent plus de la même façon. J’essaie de partager mon expérience, notamment sur la gestion des émotions. Je pense qu’il y a un côté émotionnel, mental et psychologique très important lorsque l’on arrive dans ce genre de situation. J’ai l’expérience en tant que joueur et maintenant comme entraîneur, si je peux me permettre de la partager, je le fais volontiers mais je respecte beaucoup les individualités parce que, comme j’ai dit, c’est une génération différente. »
Un degré en plus
Billetterie pour assister au match retour entre le TVB et le CVB 52, samedi 13 mai, à 20 h, salle Grenon : www.toursvolleyball.com Tarifs : 30 € ; 15 € (étudiants, personnes en situation de handicap, licenciés du TVB…)