HistLoire, c’est une chronique régulière sur 37° où nous vous proposerons un petit focus sur un pan d’histoire tourangelle. Aujourd’hui replongeons-nous dans l’histoire du Paris-Tours.
Ce dimanche 08 octobre 2023 se tiendra la course Paris-Tours. Un événement en Touraine, tant ce rendez-vous sportif est entré dans le patrimoine local. Un événement pour le cyclisme en France en général, car même si la course a perdu de son lustre d’antan, elle conserve néanmoins un attrait certain, lié en partie au poids de son histoire.
Créée en 1896, 7 ans avant le Tour de France, Paris-Tours fait aujourd’hui figure de doyenne des courses cyclistes professionnelles en France avec Paris-Roubaix qui fut créé la même année. Et si la « Classique des feuilles mortes » comme elle est surnommée en raison de sa tenue début octobre, n’a jamais eu l’aura de la « Reine des Classiques » (surnom donné à Paris-Roubaix), elle n’en reste pas moins une référence dans le peloton.
Comme pour beaucoup d’autres courses créées à la même époque, l’événement doit son existence à la construction d’un vélodrome, en l’occurrence, le vélodrome Victor Lefèvre, sorti de terre en 1896 et dont le premier Paris-Tours du nom, le 17 mai 1896, vaut pour inauguration officielle devant une foule considérable. Un vélodrome qui va servir d’arrivée à la course jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale, à une époque où le vélo est un sport phare et populaire, pour ne pas dire le sport roi. Un vélodrome qui sera supplanté comme lieu d’arrivée dans les années 50 par le champ de Mars puis la côte de l’Alouette jusqu’en 1974.
Entre la première édition et celle qui se profile, Paris-Tours aura connu une histoire riche et mouvementée. A la fois classique du calendrier mais course de second rang, la « Classique des feuilles mortes » aura néanmoins réussi à franchir les époques en se renouvelant. Une histoire en dent de scie marquée par les nombreux changements de parcours, notamment entre 1974 et 1988, où le parcours sera d’abord inversé en devant Tours-Paris, puis par des changements coupant le lien avec la Touraine (Blois-Chaville, Blois-Montlhéry, Créteil-Chaville), conduisant même à un changement de nom en « Grand Prix d’Automne » qui ne réussira jamais à s’installer.
C’est donc en 1988 que le Paris-Tours originel renaît de ses cendres. Un parcours qui malgré son caractère plat et sans véritables obstacles, va permettre à la course d’avoir un regain d’intérêt en redevenant un écrin pour les routiers-sprinters et les puncheurs. L’arrivée avenue Grammont et sa traversée intégrale sur 2500m jusqu’en 2011 va y contribuer. Surnommée « L’Alpe d’Huez des sprinteurs », l’avenue tourangelle constitue une arrivée de choix où nombre de cadors du peloton vont s’imposer à l’instar de Johan Museeuw, Erik Zabel, Oscar Freire ou encore Philippe Gilbert dans les années 90 et 2000. Une arrivée où le public massé derrière les barrières saluera avec joie les victoires des Français Jacky Durand (1998), Frédéric Guesdon (2006) et bien sûr Richard Virenque en 2001 pour son retour en compétition après l’Affaire Festina.
Oui mais contrairement à l’avenue de Grammont, l’histoire du Paris-Tours n’est définitivement pas linéaire. En 2007, la course est même reléguée par l’Union Cycliste Internationale et perd son statut de « World tour », le plus haut niveau du calendrier international. Dès lors, elle perd un peu de son intérêt.
Cherchant à redynamiser la course, ASO (Amaury Sport Organisation), société propriétaire de Paris-Tours et du Tour de France lance alors un nouveau parcours en 2018 en faisant emprunter par le peloton une dizaine de kilomètres de chemins de vignes dans le Vouvrillon. Des passages non goudronnés sensés rythmés la fin de la course mais qui seront la première année diversement appréciés par les coureurs et les équipes à l’image de la QuickStep, équipe phare du circuit international et qui a décidé de ne plus s’aligner sur la course tourangelle. Finalement après quelques ajustements, le nouveau final redonne du peps et de l’incertitude à la course tourangelle, alors même qu’émergent une nouvelle génération de coureurs adeptes du cyclisme total, à l’image du champion du monde Matthieu Van der Poel, qui sera d’ailleurs présent pour la première fois en 2023. Et il y a fort à parier que le petit fils de Raymond Poulidor, aura à cœur de faire parler son explosivité sur les chemins de vigne, lui qui est également adepte du cyclo-cross…