Graines de champions en piste à Saint-Cyr-sur-Loire

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Le premier pôle espoirs d’athlétisme handisport français a ouvert il y a deux ans à Saint-Cyr-sur-Loire. Toute l’année, sept jeunes s’y entraînent avec l’objectif de concourir aux Jeux paralympiques de Paris, en 2024, tout en poursuivant leur scolarité.

Yasser Musanganya

Alors que les éclaircies tentent de se faire une place entre les gouttes de pluie de ce mercredi après-midi de mars, les athlètes du pôle espoirs d’athlétisme handisport se retrouvent sur la piste du stade Guy Drut de Saint-Cyr-sur-Loire. Accompagnés de Gwénaël Lanne-Petit, coordinateur et entraîneur du pôle, ils s’entraînent deux à cinq fois par semaine, en fonction des horaires de chacun. « Quand ils arrivent, on fait un point. Je prends du temps pour échanger avec eux. On passe ensuite à l’échauffement puis à la séance. Je reste sur une base d’entraînement d’athlétisme et j’adapte en fonction du handicap », explique l’ancien sprinter.

S’il n’y a pas de gros changements pour celui qui est entraîneur depuis quinze ans, il explique que la connaissance du handicap est essentielle. « C’est un public sensible, il faut connaître le handicap. Cela peut être extrêmement complexe. Il y a les problèmes de matériel, techniques… Ce n’est pas à la portée de tous. » Spécialisé dans l’athlétisme de formation, il a également obtenu un diplôme d’État handisport. Cela permet de « pouvoir adapter le contenu d’un sport à une personne en situation de handicap, quel que soit le sport ».

Afin de former au mieux les sept jeunes inscrits au pôle, Gwénaël Lanne-Petit est parfois aidé par Marie-Amélie Le Fur, plusieurs fois médaillée paralympique. « C’est une volonté de sa part et de la mienne de travailler sur le pôle. Son rôle est d’accompagner sur le haut-niveau et de m’aider sur le côté technique, notamment pour Typhaine. » En effet, amputée tibiale suite à un cancer du pied, la jeune fille utilise une lame de course, comme la présidente du Comité paralympique et sportif français (CPSF).

Typhaine Solde

Objectif Paris 2024

Comme tout sportif de haut niveau, Typhaine Soldé, Paul Singer, Yasser Musanganya, Tom Picard et leurs camarades se sont fixés des objectifs. « On s’est tous fixé le même : les Jeux de 2024 », assure Alice Métais. Après avoir couru pour la France aux championnats d’Europe à Berlin en 2018, la Blancoise, déficiente visuelle, aimerait également « représenter une nouvelle fois la France sur une grande compétition ». Elle parle notamment des championnats du monde élite à Dubaï, en novembre prochain.

Pour Typhaine, les Jeux de Paris 2024 sont « le gros événement sur plusieurs années à pouvoir atteindre ». Si elle admet qu’il y a encore du travail, nul doute que cette grande compétitrice, qui se « fixe des objectifs toujours plus haut », fera le nécessaire pour atteindre son but.

À plus court terme, les polistes doivent se rendre sur des événements jeunes. Un premier objectif est passé, avec la participation aux championnats de France à Nantes, fin février. Un passage obligatoire pour la qualification aux Jeux Européens de la jeunesse, qui se dérouleront à Lahti (Finlande), fin juin 2019. Gwénaël Lanne-Petit est d’ailleurs satisfait des résultats obtenus. Trois médailles de bronze ont été ramenées, deux par Typhaine Soldé, sur 60m et saut en longueur, et une par Charlotte Picard, sur 200m.

Alice Métais

« Monter sur un podium permet d’être psychologiquement plus disponible et c’est encourageant », affirme l’entraîneur du pôle. Un encouragement nécessaire pour les prochaines échéances. « Ils vont aller sur les meetings internationaux à Paris, Talence et Marseille pour se confronter aux collègues français. Sur ces meetings, ils vont pouvoir montrer leurs performances et les valider pour aller sur d’autres compétitions internationales. » Certains pourraient même être sélectionnés pour participer aux championnats du monde jeunes en Suisse, début août.

Gwénaël Lanne-Petit

Ces bons résultats sont le fruit d’un travail quotidien au pôle mais aussi avec des préparateurs physiques qui ont l’expérience du haut-niveau. Les jeunes disposent également d’un suivi médical régulier, imposé par le pôle et par le règlement de la fédération française handisport.

Au-delà du côté sportif, les missions de Gwénaël Lanne-Petit sont diverses. « Mon rôle de coach ne s’arrête pas à l’entraînement. Ils ont des questions et pas seulement sur l’athlétisme. Je ne suis pas un parent, ni un professeur. Je suis là pour qu’ils soient bien. Ils savent que je n’aurais pas de jugement. » Il accompagne notamment les jeunes dans leur vie quotidienne et aide au suivi du projet scolaire. Un double projet qui « permet de pouvoir être mis en avant et montrer que le handisport n’est pas régressif. C’est valorisant quand les résultats montrent qu’ils sont capables d’aller au-delà ».

Des aménagements au niveau scolaire

Parmi les pensionnaires du pôle, cinq sont élèves au lycée Choiseul, à Tours. Yasser et Charlotte sont en seconde, Typhaine en première, Alice et Tom en terminale. Là-bas, des aménagements sont mis en place. Ils ont ainsi la possibilité de faire leur année de terminale en deux ans. « Ce n’est pas surtout pas une obligation, c’est une adaptation que nous avons en raison du handicap mais c’est aussi en lien avec ce double projet qui est scolaire et sportif. Parce que, quand on fait le pari du sport, à aucun moment on a la garantie que ça va être payant », explique Olivier Bachet, proviseur adjoint du lycée.

En fonction des stages et des compétitions, certains cours peuvent également être dispensés en duo. Et, des cours de soutien sont mis en place. « Ce sont des enseignants volontaires qui font ces heures et c’est comme ça qu’on arrive à venir compenser une absence ou une petite difficulté. »

Pour les lycéens, conjuguer cours et sport demande une adaptation au quotidien. « Il faut s’organiser, apprendre à gérer son temps. J’ai le bac cette année, donc c’est compliqué. Dès qu’on a un peu de temps, il faut l’optimiser », assure Alice. Typhaine tente de relativiser. « Il faut s’adapter, c’est clair, car on ne vit pas la même vie que tous les autres. Mais, j’ai besoin de faire plus, d’extérioriser. Quand je passe une mauvaise journée en cours, le sport me permet de faire autre chose. Je ne me vois pas ne pas sortir de l’internat. Ça nous permet de voir du monde, d’échanger, de prendre sur soi. Je pense que ça nous fait du bien à tous. »

Ouvert à tous, le premier pôle espoirs d’athlétisme handisport français aimerait se développer mais il y a quelques contraintes. En effet, Gwénaël Lanne-Petit étant le seul entraîneur, le pôle « va se contenter de dix athlètes debout et de trois athlètes en fauteuil. » Parmi eux se trouveront peut-être les champions de demain.

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