Béhourd : le combat médiéval en héritage

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À Montbazon, une vingtaine de passionnés s’adonnent à une pratique sportive insolite : le béhourd. Ces combats médiévaux voient s’affronter des pratiquants vêtus d’une armure intégrale et munis d’une arme, en duel ou en équipe. 

« C’est un sport qui fascine mais qui fait peur car, se faire frapper avec une épée ou une hache, c’est effrayant », lâche Christophe Aparicio, président de l’association Faucons noirs, Touraine béhourd, créée en 2017 à Montbazon. Le béhourd, c’est un sport de combat médiéval dans lequel se mélangent escrime, rugby, judo et boxe. Vêtus d’une armure et munis d’une arme, les compétiteurs peuvent s’affronter en duel ou en mêlée, c’est-à-dire en équipe, de cinq contre cinq, douze contre douze et jusqu’à trente contre trente. En face à face, le vainqueur est celui qui comptabilise le plus de touches. En mêlée, l’objectif est tout aussi simple : parvenir à mettre ses adversaires à terre. Une équipe gagne lorsqu’elle remporte deux rounds. Si la pratique se révèle impressionnante, elle est cependant régie par des règles de sécurité strictes afin d’éviter les blessures et préserver l’intégrité des pratiquants. « Nous n’avons pas le droit de porter des coups d’estoc, nous ne devons pas frapper la nuque, les parties intimes, derrière les genoux ou les pieds. Lors des mises en sol, il est également interdit d’aller à l’encontre des articulations », énumère-t-il. 

(c) Faucons Noirs Touraine Béhourd

Dans la lice (l’arène délimitée par des rambardes en bois), les béhourdeurs portent des armures intégrales. Elles pèsent entre 20 et 30 kilos. « L’acier est réparti sur tout le corps, nous restons donc très mobiles », assure Christophe Aparicio. Ces armures sont faites sur mesure par des forgerons, la plupart du temps dans les pays de l’Est, et peuvent coûter jusqu’à 3 000 €. S’ils le veulent, les sportifs peuvent ajouter des protections plus modernes à leur équipement (genouillères, dorsale, casque de rugby…). Ces éléments ne doivent cependant pas être visibles. Pour combattre, les pratiquants doivent par ailleurs posséder au moins une arme, à une ou deux mains, comme une épée, une hache ou une massette. Ces armes sont émoussées et arrondies et doivent respecter certains critères de poids et de taille. En compétition, tout est codifié et vérifié avant l’affrontement. Les armures comme les armes ne peuvent pas être fantaisistes et doivent représenter une époque précise. « Il ne doit pas y avoir d’anachronisme entre les différentes pièces. Nous ne pouvons, par exemple, pas combattre avec une armure européenne du XIVe siècle et une arme mongole du XVe », explique le président des Faucons noirs. Il est tout de même possible de pratiquer le béhourd en « soft », avec une armure et des armes en mousse, notamment lors des entraînements. 

Un sport à part entière 

Les équipes de béhourd sont souvent confondues avec des troupes de spectacle ou de reconstitution historique. « Les gens pensent que, comme dans un combat de catch, tout est scénarisé mais ce n’est pas le cas. C’est un sport à part entière, où les coups sont portés à pleine puissance. » Des coups qui, multipliés par le nombre de compétiteurs dans la lice, forment un étonnant brouhaha. C’est d’ailleurs de là que viendrait l’appellation « béhourd », qui signifierait « fracas » en vieux français. Car, s’il ne s’agit pas de spectacle, cette pratique sportive possède bien une dimension historique. « Du XIVe jusqu’au XVIe siècle, les combats médiévaux ont leurs origines dans les temps de paix. Ils aidaient les combattants à rester mobilisés durant ces périodes. Les combats que nous effectuons sont donc ceux que les soldats réalisaient en temps de paix, comme un entraînement. Nous souhaitons coller au maximum à ce qui se faisait à l’époque lors des tournois médiévaux. » 

(c) François Éric Fosse

Les Faucons noirs, seul club de la région Centre-Val de Loire, et sa vingtaine de licenciés club sont sans cesse à la recherche de nouveaux béhourdeurs. « Il faut être pugnace et avoir envie de se dépasser car c’est un sport très cardio. Physiquement, c’est le sport qui m’a fait le plus sortir de ma zone de confort. La force, elle, va s’acquérir petit à petit et le corps va s’habituer en pratiquant », prévient Christophe Aparicio. Alors, passionnés d’histoire en mal d’action ou simples curieux, à vos armures ! 

Un degré en plus 

Plus d’informations sur Facebook : Faucons noirs, Touraine béhourd 

Un article paru initialement dans le magazine 37°Mag #10 – édition automne-hiver 2023

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