Au FA Saint-Symphorien, le football féminin a toute sa place

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Depuis 2018, le Football association Saint-Symphorien (Fass) tente de développer la pratique du football féminin. Le club tourangeau, dirigé par Jacques Blanchet, multiplie les actions et les projets dans ce sens. Son implication a été récompensée, puisque le Fass s’est glissé parmi les neuf finalistes de la deuxième édition du prix Sensationnelles, qui vise à soutenir les clubs amateurs dans le développement du football féminin.

« Un club de diversité, de vivre ensemble, d’inclusion. » C’est ainsi que Jacques Blanchet présente le Football association Saint-Symphorien (Fass). Depuis neuf saisons, le président et son équipe œuvrent pour faire du club tourangeau un lieu ouvert à tous : débutants ou confirmés, filles ou garçons, valides ou personnes en situation de handicap… « Les résultats sportifs nous intéressent mais nous pensons surtout que nous sommes là pour apprendre aux jeunes à jouer au football. C’est une école de la vie. Notre force principale, ce sont les jeunes. Nous sommes un club tourné vers la formation, avec 300 gamins environ. C’est juste énorme. »

Mais, depuis quelques années, d’autres pratiques prennent de l’ampleur. Le foot fauteuil, par exemple. Une section handisport a d’ailleurs été créée en 2019. L’année précédente, les dirigeants de l’association sportive ont par ailleurs décidé de développer le football féminin. « Nous nous sommes dit qu’il fallait s’ouvrir à cette pratique, qu’il fallait faire tomber les barrières qui existaient et qui existent encore, déclare Jacques Blanchet. La première, c’est le regard des garçons. Pour eux, le foot est un sport de mecs, ce qui n’est pas du tout vrai. Il y a également des histoires de culture. Nous avons essayé de combattre tout cela et nous avons déjà fait un grand bout de chemin. » En quatre saisons, le Fass est parvenu à passer de quinze à quatre-vingt-seize licenciées. L’effectif féminin représente donc aujourd’hui 20 % des adhérents du club.

L’équipe féminine senior du Fass a remporté la Coupe Christine Cornet face au Sporting club Azay Cheillé, samedi 10 juin 2023.

Ce succès, le président l’explique de plusieurs façons. Le club est notamment allé présenter ses actions dans des établissements scolaires ou lors de réunions de quartier. Jacques Blanchet et son équipe mettent aussi tout en place pour que les jeunes filles et les femmes se sentent bien accueillies et accompagnées. L’équipe dirigeante a ainsi recruté deux éducatrices. « C’est important, à un certain âge, d’avoir une référence féminine au sein du club », estime-t-il. Cette augmentation des féminines sur les terrains paraît très prometteuse, alors que deux saisons ont été perturbées par la crise sanitaire liée à la Covid-19. Et l’association sportive ne compte pas s’arrêter là, car le chemin est encore long.

Participation à la deuxième édition du prix Sensationnelles

Le Football association Saint-Symphorien fourmille toujours d’idées pour attirer les femmes dans les clubs et qu’elles se sentent à leur place sur les terrains. C’est donc naturellement que le club s’est lancé un nouveau défi, celui de participer à la deuxième édition du prix Sensationnelles, organisé par la Fédération française de football (FFF), en partenariat avec Intermarché. L’objectif de cette opération est de soutenir les clubs amateurs dans le développement du football féminin. À la clé pour le gagnant, un soutien financier de 10 000 € par an pendant trois ans, une donation de matériel et un stage de deux semaines à Clairefontaine, le centre d’entraînement des équipes de France de football, pour une équipe jeune de U14 à U18.

Au Fass, prendre part à cette initiative de la FFF sonnait comme une évidence. « Nous n’avons pas bâti nos projets spécialement pour Sensationnelles. Nous avons un plan à horizon 2026 et le foot féminin en fait partie. C’était assez logique de tenter notre chance », indique Jacques Blanchet. Et le club a eu raison, puisqu’il a été sélectionné parmi 230 candidatures pour participer à la finale. Seuls neuf clubs ont eu ce privilège. Mercredi 21 juin 2023, sept membres de l’association ont ainsi représenté l’association sportive tourangelle et présenter son projet au siège de la FFF, dans le 15e arrondissement de Paris. « Nous leur avons donné une vision d’une approche à 360° de la féminisation d’un club. Cela signifie que nous voulons une féminisation à tous les postes. Nous souhaitons avoir des joueuses mais également des femmes sur la ligne de touche pour faire de l’arbitrage, des femmes au sein du bureau, des femmes à la formation, des femmes à la buvette… Nous désirons également avoir des filles de tout âge, de toute situation et de tout horizon. Nous espérons, par exemple, recruter notre première féminine handisport pour la saison prochaine », explique le président.   

Si le club n’a pas réussi à décrocher la première place du prix Sensationnelles, remporté par le FC Pas du Loup (Montpellier, Hérault), Jacque Blanchet n’en retient cependant que du positif. « C’est une belle récompense et une belle expérience. Nous apprenons énormément lors de ce genre d’événement. Il ne reste donc que les bons moments », assure-t-il. Et de poursuivre : « C’était intéressant de rencontrer d’autres clubs, d’échanger avec des encadrants de la fédération, de discuter avec les membres du jury, comme Laure Boulleau (ancienne joueuse du PSG et de l’équipe de France, ndlr). Elle a même accepté de porter notre maillot, nous en sommes très fiers ! » Cette soirée de finale dans la capitale a aussi été l’occasion pour le président du Fass de découvrir ce qui se faisait dans d’autres associations sportives et d’ouvrir les yeux sur des points à améliorer au sein de son propre club.

Plusieurs adhérents du Football association Saint-Symphorien se sont rendus, mercredi 21 juin 2023, au siège de la Fédération française de football, à Paris, à l’occasion de la finale du prix Sensationnelles.

Création d’une section foot baby et d’une section sportive féminine

Jacques Blanchet se consacre désormais à mener à bien les projets que le Football association Saint-Symphorien s’est fixés. Ils se divisent en trois parties : donner envie aux femmes de venir s’inscrire et pratiquer, leur donner envie de rester, puis leur donner envie de progresser. Pour chacun de ces objectifs, plusieurs actions ont été pensées. Pour que les filles osent enfin s’aventurer dans un club de foot, le président souhaite par exemple créer une section foot baby mixte, pour les petits de 3 à 5 ans, ainsi qu’une section sportive féminine avec le collège Marmoutier, situé sur les quais de la Loire, à Tours. « L’établissement a été fondé par des femmes, ils ont donc cette sensibilité. Ils nous ont dit qu’ils étaient d’accord pour travailler avec nous mais qu’ils voulaient une section sportive uniquement féminine. Cela nous convient, affirme Jacques Blanchet. Cela ne va pas se faire en un an. Nous passerons par une étape intermédiaire, une classe foot, pour commencer à préparer les choses. L’idée, c’est que dans deux saisons nous puissions former des filles qui ont du talent et envie de jouer au football. Certaines pourront peut-être faire une carrière au niveau régional, voire plus. » D’autres événements seront organisés, comme des stages vacances ouvert aux filles, des portes ouvertes foot féminin, des visites dans les écoles ou des animations de quartier.

Une fois que les féminines ont franchi le pas, Jacques Blanchet estime qu’il faudra leur donner envie de rester. Pour cela, le Fass prévoit notamment de mettre en place un système de marrainage. « Lorsqu’une jeune fille intègre le club, les dirigeants et les éducateurs s’occupent d’elle mais lui donner une référente plus grande, qui joue au football dans le même club qu’elle, cela nous paraît pertinent. C’est une personne qui n’est ni un parent, ni un éducateur, mais quelqu’un à qui elle pourra se confier », précise le président. Autre projet qui tient à cœur au Tourangeau : déployer un système de garderie, afin que les joueuses qui sont aussi mères de famille n’aient plus à manquer un entraînement ou un match. Voire même une saison entière. Car, d’après des témoignages reçus par Jacques Blanchet, certaines footballeuses, qui ont arrêté de jouer lorsqu’elles sont devenues maman, n’ont jamais pu reprendre car elles doivent s’occuper de leurs enfants, faute de moyen de garde. « Nous savons qu’il y a un certain nombre d’obstacles parce que nous ne faisons pas ce que l’on veut en termes de garde d’enfants, reconnaît-il. Il y a des règles à respecter mais on va s’y attaquer et nous trouverons des solutions. Cela pourra libérer des femmes qui souhaitent venir jouer chez nous. » L’équipe dirigeante aimerait par ailleurs créer un comité de direction jeunes mixte, afin de donner le goût de l’initiative aux jeunes, mais aussi organiser des formations de lutte contre le sexisme.  

Le Fass aimerait, à l’horizon 2026, doubler le nombre de ses licenciées et avoir une équipe féminine dans chaque catégorie, de U9 à senior.

Jacques Blanchet compte enfin sur le talent de ses éducateurs pour aider les femmes à hausser leur niveau de jeu. Preuve de la qualité de sa formation, le Fass a obtenu, dès 2018, le label bronze École féminine de football. Et le club espère recevoir le label or dès la saison prochaine. « C’est un peu plus ambitieux mais nous souhaiterions également construire une identité de jeu de foot féminin, à la fois en termes de pédagogie, faire quelque chose d’un peu plus structuré et durable dans le temps, puis au niveau même du système de jeu, que les gens se disent : Tiens, les filles du Fass elles jouent comme ça. Nous aimerions qu’il y ait une patte, une empreinte du foot féminin au club, mais ça demande un petit peu de travail. » Le président et son équipe pensent également à effectuer un suivi des joueuses et songent à leur montrer du football de haut niveau.

« Je crois à la médiatisation des événements »

Car si l’engouement pour le foot féminin paraît de plus en plus fort ces dernières années, Jacques Blanchet admet qu’il reste beaucoup de travail. Le développement de la pratique pourrait passer par sa médiatisation. « Je crois à la médiatisation des événements. Cela a un gros impact, que ce soit en football, en basket, en rugby ou autre. La médiatisation suscite des vocations et, hélas, le foot féminin est bien moins médiatisé. » Il se rappelle l’élan d’intérêt provoqué par la Coupe de monde, organisée en France, en 2019. « Nous avions emmené des petites, licenciées et non licenciées, voir des matchs à Rennes et à Paris. Certains avaient les yeux qui brillaient, il y en a à qui ça donnait envie de s’inscrire », assure-t-il. De la même manière, le président du Fass considère que Stéphanie Frappart, arbitre internationale et première femme à avoir arbitrer un match en Ligue 1, montre la voie aux jeunes filles qui désirent devenir arbitre mais n’osent pas. « Elle marque les esprits, y compris les esprits masculins, parce que c’est une femme capable d’arbitrer des matchs de très haut niveau, de faire preuve d’autorité et d’intelligence dans son arbitrage. Son parcours fait du bien. »

Selon Jacques Blanchet, il sera cependant difficile d’arriver un jour à la parité. « Et ce n’est pas la réponse à tous les problèmes », juge-t-il. Aujourd’hui, le développement du football féminin passe encore par la déconstruction des stéréotypes et des préjugés liés au genre. « Je crois qu’il y a toujours eu l’envie de jouer du côté des jeunes filles mais il y avait des barrières lourdes liées à des cultures ou à des questions de génération. Je pense que ces barrières commencent à sauter et c’est justement le travail des clubs et des associations de faire passer l’idée qu’une fille ou un garçon peut pratiquer le football, la danse, l’équitation… Il n’y a pas de sports réservés aux garçons et de sports réservés aux filles. » Un travail que le Football association Saint-Symphorien semble réussir à faire avec brio.

Un degré en plus 

Page Facebook du Football association Saint-Symphorien : Fass Tours.

Photos : Football association Saint-Symphorien

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