La semaine dernière, le nouveau président de l’Université de Tours, Philippe Vendrix tenait sa première conférence de presse de rentrée. L’occasion de divulguer quelques lignes directrices de son mandat.
Pour Philippe Vendrix, président depuis mai dernier, cette première conférence de presse faisait figure d’examen de passage, l’occasion de communiquer sur les axes à venir de sa présidence après huit années de présidence de Loïc Vaillant, parti depuis diriger la COMUE (communauté d’universités et d’établissements) Léonard-de-Vinci, regroupement confédéral des universités de Tours, Orléans, Blois, Limoges et Poitiers (La Rochelle ayant quitté cette communauté).
Dans les pas de Loïc Vaillant
Philippe Vendrix
Celui qui fut désigné par les observateurs comme le candidat le moins en rupture avec son prédécesseur, avec notamment sur sa liste plusieurs vice-présidents déjà en poste sous Loïc Vaillant, Philippe Vendrix aborde cette première année de mandature avec l’envie d’affirmer ses idées et sa différence. Sur la forme, loin de l’image un peu austère de son prédécesseur, Philippe Vendrix adopte un style dégagé, parle avec simplicité alternant les bons mots et les notes d’humour. Sur le fond cette première conférence de rentrée laisse une impression de profession de foi sur sa politique à venir. Il faut dire que le nouveau président de l’université doit encore se saisir de tous les dossiers en cours et surtout préparer le contrat d’établissement du prochain plan quinquennal avec l’Etat qui entrera en vigueur en 2018 (période 2018-2023). Un contrat qui sera au centre de son mandat. Pour le moment, on comprend que l’homme est encore en rodage et se laisse le temps de l’observation en débutant son mandat dans les pas de Loïc Vaillant et de la politique mise en place par ce dernier.
27 000 étudiants mais de grandes disparités entre les filières
Pourtant, dès cette rentrée les sujets ne manquent pas comme l’augmentation continue à venir du nombre des étudiants (environ 27 000 cette année, 30 000 estimés à l’horizon 2022). Une augmentation ressentie notamment en première année en cette rentrée 2016 avec +3% d’inscrits. « Une augmentation contenue » souligne néanmoins Philippe Vendrix avant de poursuivre : « il faut savoir que plus on augmente le nombre d’étudiants, plus cela a un coût pour l’université. Avec l’augmentation à venir avec le baby-boom du début des années 2000, il faudra que l’Etat nous accompagne ». Une phrase loin d’être anodine de la part du président de l’université qui confirme un peu plus tard les choix faits par son prédécesseur de limiter le nombre de places à certaines formations en usant de la sélection par « préférence régionale » ; comprendre la priorité donnée à l’inscription pour ceux habitant dans le département, puis la région, puis ailleurs. Une sélection qui avait choqué certains, notamment des syndicats étudiants lors de son instauration puisque ce principe remet en cause celui d’une université accessible à tous. « C’est soit cela, soit le système du tirage au sort qui est encore plus inéquitable » justifie Philippe Vendrix.
La filière psychologie est ainsi plafonnée à 700 étudiants en première année là où d’autres souffrent de manque d’attrait à l’instar de la licence d’allemand qui n’ouvrira tout simplement pas cette année, faute de demande nous fait-on savoir. Pas question donc pour des raisons budgétaires d’ouvrir des filières trop déficitaires, la direction de l’Université fait des choix clairs et les assume, en se livrant aux observations sur les filières en difficulté (« la filière AES est à la baisse, peut-être qu’il faut revoir son modèle ») ou à l’inverse en plein boom (« Les Lettres et Langues enregistrent une hausse de 12% en première année, une bonne nouvelle pour l’ouverture au monde »)… Autant d’observations qui entrent dans le processus d’auto-évaluation que l’université mène dans le cadre de la préparation du nouveau plan pluriannuel. Et à écouter Philippe Vendrix, on comprend d’ors et déjà que des changements sont à prévoir afin de renforcer le poids de l’Université François Rabelais : ouverture d’une école de commerce publique, regroupement de filières sur le modèle droit-langues… « On parle beaucoup de métropole en ce moment, or je crois qu’une ville comme Tours ne peut pas l’être sans une université forte » avance-t-il.
« Le chantier du site des Tanneurs nous donne des frayeurs »
Philippe Vendrix veut « redorer le poids de l’université » et sait aussi que cela passera forcément par la poursuite de la rénovation du parc immobilier de l’université. Pour faciliter cette tâche, le président verrait bien l’université devenir propriétaire d’une partie des 200 000 m² des locaux qu’elle utilise. « Une seconde vague de dévolution immobilière permettant à des universités de devenir propriétaires de leur patrimoine immobilier doit se faire en 2017. Nous nous sommes portés candidats, notre dossier sera examiné au Ministère fin septembre. En devenant propriétaires, nous pourrons mener une véritable politique de valorisation et cela renforcerait notre capacité d’action » poursuit-il.
Question immobilier, si plusieurs opérations actées l’an passé sont déjà lancées ou en cours de lancement comme la création d’un nouveau bâtiment sur le campus Grandmont pour Polytech, c’est du côté des Tanneurs que les regards se tournent. « Nous ne pouvons laisser le site protégé par des filets et des grillages indéfiniment. Je dois avouer que le chantier du site des Tanneurs nous donne des frayeurs puisqu’il faudrait au moins 20 millions d’euros pour faire une rénovation décente, or le CPER (Contrat de plan Etat-Région) ne nous est pas favorable (ndlr : d’un montant de 42 millions de promesse sur la période 2015-2020 – relire notre article de l’an dernier à ce sujet) ». Un montant déjà avancé l’an passé par Loïc Vaillant qui évoquait alors des travaux financés en partie par un recours à l’emprunt. Une possibilité que Philippe Vendrix n’a pas évoqué cette année, se laissant certainement le temps de mieux s’approprier ce dossier qui risque de revenir rapidement sur son bureau.
Crédits photos : Mathieu Giua pour 37°