Travaux Rue Marceau à Tours : comment le commerce résiste et innove

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Depuis le 13 mai, la Rue Marceau de Tours est en travaux pour l’aménagement d’une piste cyclable à double sens entre la Loire et le Boulevard Béranger. Prévu pour s’achever mi-juin, le chantier sera complété d’ici septembre par d’autres opérations Rue Constantine et au niveau du boulevard. Un programme financé par Tours Métropole et qui déclenche une avalanche de commentaires négatifs… mais aussi de la débrouillardise.

C’est peu dire que les projets autour des mobilités font parler en ce moment dans l’agglomération tourangelle. Entre le plan de développement des pistes cyclables, le projet de 2e ligne de tram et la refonte du schéma de circulation de Tours c’est un vrai big-bang qui se profile… et comme tout changement d’habitudes c’est compliqué à appréhender ce qui suscite craintes et oppositions virulentes.

Ainsi, les oppositions dénoncent notamment « un plan d’asphyxie » de la circulation en ville, avec un fort risque de bouchons ou des difficultés accrues pour se garer (des dizaines de places de parking sont notamment supprimées Rue Marceau, et à terme plus de 600 en ville). Mais on agite aussi le risque de disparition de commerces, avec la ritournelle « puisque c’est comme ça je ne viendrais plus à Tours, et j’irai dans les zones commerciales ».

Est-ce que la menace sera suivie de conséquences concrètes ? Ce n’est qu’au bout de quelques mois, voire plusieurs années qu’on pourra le déterminer en observant le taux de vacance commercial (aujourd’hui inférieur à 5% selon la mairie) ou encore la valse des enseignes. Un peu comme pour les questions de sécurité, le ressenti autour des commerces se heurte parfois à la réalité statistique : malgré des peurs lors du chantier de la première ligne de tram, le centre-ville de Tours reste attractif dix ans après, attirant notamment des enseignes à la mode. De plus, d’autres facteurs comme l’inflation peuvent aussi jouer sur la fréquentation des commerces.

Il n’empêche que les inquiétudes des commerçants sont fortes, relayées dans une pétition qui revendique un peu plus de 1 500 signatures. Elle s’appuie sur des observations concrètes comme ce restaurant de la Rue Marceau qu’on nous décrit vide pour un service du déjeuner au début des travaux alors qu’il marche plutôt bien d’habitude, ou différentes boutiques qui constatent une baisse de leur fréquentation.

Ces difficultés seront-elles durables ? Là est la question, d’autant qu’on peut aussi imaginer que le chantier du réseau Vélival peut aussi amener une nouvelle clientèle. En attendant, les entreprises concernées réagissent, par exemple en se diversifiant. C’est le cas de la boutique de thés Betjeman and Barton qui fête ses 5 ans Rue Marceau. Elle a déjà traversé le Covid, et y a survécu. Comment ? En proposant des prestations uniques à Tours, comme la distribution de pâtisseries qu’on ne trouve pas en ville : celles de la marque d’inspiration japonaise La Maison du Mochi (née à St-Martin-le-Beau) et, une fois par mois, la livraison de la Galette Bourgueilloise, sorte de Tropézienne tourangelle.

« J’en veux une cinquantaine par mois » affirme Delphine, la gérante (les commandes se font obligatoirement en avance pour prévoir le juste stock). En parallèle, la commerçante organise des dégustations ouvertes au public ou aux entreprises, en particulier des sessions pour tester des accords thés et fromages, avec les produits de France Fromages qui a son stand sous les Halles. On déguste par exemple un formidable cheddar affiné 18 mois avec un thé noir fumé du plus bel effet.

Betjeman and Barton travaille en prime avec une naturopathe pour des dîners, avec le chef étoilé de Montbazon Gaëtan Evrard ou encore la chocolaterie Fèves de Notre-Dame-d’Oé qui parfume des tablettes avec ses thés, pour d’autres produits uniques. « Cela permet de diversifier les revenus » résume Delphine, et donc potentiellement de pallier les aléas du commerce traditionnel qu’elle tente aussi de compenser avec la proposition de livraisons à domicile pendant les travaux, ou des changements d’horaires.

L’autre option c’est la boutique partagée pour réduire les frais. C’est le choix que font 10 créatrices en ouvrant Brin d’Âmes, un concept store qui réunit 9 marques tourangelles et une venue de la Sarthe. Bijoux, cosmétiques, chapeaux… Les artisanes sont en place depuis fin avril, reconnaissent que le démarrage n’est pas simple mais leur arrivée est très bien vue dans le secteur après d’autres installations récentes comme la friperie Aimée. Et preuve que la Rue Marceau et – et restera sans doute – une artère commerçante importante de Tours, l’opticien premium Chartier y aménage son nouveau showroom. De quoi en faire une locomotive ?

A noter qu’après une première réunion avec des commerçants lundi 3 juin à Tours Métropole, un second rendez-vous est programmé ce mardi à 18h30, cette fois concernant le chantier Rue George Sand aux Prébendes. Des rendez-vous considérés comme “un bon début” par le gérant du Havana Café de la Rue Marceau, Antoine Duchateau, à l’initiative de la pétition. Il attend néanmoins des actes : le versement potentiel d’indemnités pour compenser la perte de chiffre d’affaire mais aussi des mesures compensatoires pour la clientèle.

Une journée promo Fil Bleu à 1€90 doit être mise en place avant fin juin. “On est aussi dans l’attente de pouvoir proposer des tickets de stationnement à notre clientèle, ou d’avoir un droit de braderie Rue Marceau” explique le barman qui espère surtout que ce sujet amènera, pour la suite, des évolutions dans le mode de concertation des élus, notamment en vue des travaux prévus pendant l’été dans l’Avenue de la Tranchée.

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