Tours : l’Année Martinienne, un chemin pavé d’embûches

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C’était l’un des grands rendez-vous de l’année pour la Mairie de Tours. Ce week-end se tenaient les festivités d’été de l’année Martinienne avec comme grand temps fort : une parade de délégations internationales dans les rues de Tours, suivie par la présentation au public de la statue de Saint-Martin restaurée avant que celle-ci ne regagne le toit de la basilique en novembre prochain.

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Il était écrit que ces festivités Martiniennes ne laisseraient pas insensibles. Samedi aux alentours de 18h, c’est une foule composée de plusieurs centaines de personnes qui s’est retrouvée place Anatole France autour de la bulle abritant la statue de Saint-Martin. Le grand rendez-vous populaire souhaité par la Mairie de Tours était lancé. Après un an de communication plus ou moins réussie, la Mairie de Tours jouait gros pour son image et ne pouvait se rater.

Un rendez-vous populaire et laïc ?

Se sachant regardée, scrutée par son opposition de gauche et par une partie de la population l’accusant de bafouer les règles de la laïcité avec l’année Martinienne, la Mairie de Tours avait été vigilante à faire de ce rendez-vous un évènement populaire et laïc. Si la parade en ville faisait la part belle à différentes communautés Martiniennes à travers le monde, celle-ci n’attirait pas une foule considérable sur son parcours. Seuls les badauds sortant des boutiques sur le passage du cortège donnaient l’illusion d’un intérêt important pour le défilé. Place Anatole France en revanche, le public s’est déplacé. Un public plutôt âgé et clairement acquis à la cause Martinienne, mais c’est bien celui-ci que la Mairie cherchait à séduire en premier lieu.

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Un public qui a assisté à la levée du voile entourant la statue dans sa bulle, avant que ne débutent les animations des compagnies appelées pour l’occasion sous la direction de Franck Mouget de la Compagnie Le Muscle. Des compagnies qui avaient la lourde tâche d’attirer un autre type de public pour un évènement voulu populaire. Un évènement gratuit, organisé par l’agence Happy Company qui a obtenu l’appel d’offres de ces festivités, avec arts de rues, dj set, bal populaire… La réponse à la question : « la Culture est-elle de gauche, Saint-Martin est-il de droite ? » s’en retrouve pour le coup que plus difficile et la Mairie de Tours a ici clairement réussi à passer l’obstacle de la laïcité dans lequel certains attendaient qu’elle se prenne les pieds. Mais il était écrit que le chemin de l’année Martinienne serait pavé d’embûches et c’est un groupe du collectif des Tourangeaux contre la Loi Travail qui est venu perturber sous les huées du public, la fin des discours officiels en interpellant la Mairie sur le coût de ces festivités comparées aux baisses des subventions aux associations.

Relire également : Saint-Martin : un marqueur de la culture de droite ?

IMG_9887Opposants à la loi Travail

L’Année Martinienne, un chemin pavé d’embûches

Oui il était écrit qu’il serait impossible à la Majorité de Serge Babary de réussir, si ce n’est l’union sacrée, au moins à faire l’unité sur le potentiel de l’Année Martinienne et des festivités l’entourant. Serge Babary et son adjoint au Rayonnement Christophe Bouchet, depuis un an maintenant, ont en effet communiqué plus que de raison autour de la figure de Martin de Tours, sur laquelle ils espèrent capitaliser pour booster le tourisme, l’attractivité et le rayonnement de la ville de Tours, grâce à l’aura du Saint à travers le Monde. Une figure sur laquelle la ville de Tours s’est clairement appuyée au fil des siècles : de l’épiscopat de Martin à la création de la Martinopolis (la ville de Saint-Martin – aussi connue sous le nom de Châteauneuf), aux grands pèlerinages du Moyen-Âge autour des reliques du Saint, à la reconstruction de la Basilique par Victor Laloux, le destin de la ville de Tours est incontestablement en partie liée à la figure de Martin. Le poids de l’Histoire et de siècles successifs de tradition judéo-chrétienne étant passés par là, ces liens sont aujourd’hui indiscutables.

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Et si tout le monde s’accorde pour dire que Saint-Martin est une figure connue en France et à l’étranger, la présence de délégations étrangères ce samedi en étant une nouvelle preuve, les avis divergent en revanche (outre les questions relatives à la laïcité avancées par l’opposition de gauche) sur les moyens mis dans l’année Martinienne et surtout les retombées que cela peut avoir pour la ville. Pour l’opposition, les sommes investies, 1,5 million d’euros au total (dont 550 000 euros de la ville cette année), sont clairement démesurées au regard des efforts demandés par ailleurs aux associations, particuliers… Une partie de la droite semble même elle aussi mal à l’aise avec ces festivités, les jugeant trop folkloriques et commerciales. Le placement de la déambulation de motos de l’American Tours Festival dans le programme de l’année Martinienne en étant un exemple flagrant aux yeux de certains. A trop vouloir rassembler autour de la figure de Martin de Tours, à force de trop distiller le label de l’Année Martinienne, la Mairie finit par brouiller les messages, conforte les clivages et passe à côté de ses objectifs en ne réussissant pas à rassembler au-delà des cercles de convaincus.

La basilique : un patrimoine important pour la ville qui dépasse les clivages. 

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Pourtant, il est un point qui semblait dès le départ faire l’unanimité : la restauration de la basilique et la statue de Saint-Martin. La basilique, en tant qu’élément patrimonial majeur de la ville avec sa coupole et sa statue la surplombant, est en effet un élément qui dépasse les clivages. La descente de la statue sous la mandature de Jean Germain et la communication qui l’avait entourée n’avait d’ailleurs soufflée à l’époque d’aucune contestation et l’ancien maire de Tours voulait profiter également des 1700 ans de la naissance de Saint-Martin de Tours pour réussir à financer les travaux permettant sa restauration. Aujourd’hui encore, parmi les contestataires de l’année Martinienne, la plupart séparent les deux axes : d’un côté la restauration du monument, statue comprise, et de l’autre les animations autour. Que ce soit pour raisons de croyances pour certains ou intérêt patrimonial pour d’autres, la présence de la statue jusqu’au 20 juillet dans la cour de l’Hôtel de Ville de Tours risque de la même façon d’attirer une foule importante.

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Crédits photos : Mathieu Giua pour 37°

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