« The go-between », un projet pour donner la parole aux habitants du Sanitas

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C’est un beau projet mené par l’association Pih Poh qui s’est achevé hier au quartier du Sanitas à Tours. Depuis le mois d’avril, l’association Pih-Poh a mené en effet dans ce quartier le projet « The go-between ». Un projet lauréat de la bourse d’expérimentation en faveur de la participation des habitants décernée par le ministère de la Ville.

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Hier après-midi place Anne de Bretagne au coeur du quartier du Sanitas, les membres de l’association et les quelques habitants présents s’affairaient à installer « Les Terres du Milieu », une des trois parties que comporte le projet « The go-between ». Sur place, nous avons rencontré Ida, de l’association Pih-Poh, qui nous a expliqué le travail effectué : « Ce projet est né parce que nous sommes lauréat d’une bourse nationale du ministère de la Ville en faveur de la participation des habitants dans le cadre de la nouvelle politique de la Ville. Il y a eu 90 lauréats en France qui mettront après leurs ressources en ligne pour que chacun puisse y accéder et s’en servir ».

L’objectif étant que les habitants du quartier prennent les choses en main, « The go-between » a été découpé en trois chantiers participatifs de création afin de toucher un maximum de monde :

– « Les Ambianceurs » où comment modifier l’ambiance d’un lieu par une proposition théâtrale inattendue selon le pitch descriptif.  » L’idée était de changer l’ambiance d’un lieu par le théâtre. On a travaillé par petits groupes en studio puis ces petits groupes sont allés jouer leur scène de façon invisible dans l’espace public ». Par invisible, comprendre que « les scènes se sont jouées comme s’il s’agissait de scènes de vies et ce n’était qu’au bout d’un moment que l’on comprenait que ce qu’on venait de voir était joué ».

On a cherché à « déconstruire des images stéréotypées » explique notre interlocutrice, « en interprétant ces scènes sur les lieux de tensions, par exemple comme les arrêts de tramway. On a même créé parfois des tensions supplémentaires au début pour mieux dédramatiser par la suite ». 

– Deuxième chantier de ce projet : la réalisation et la diffusion de « Vaille que vaille, mon gardien veille! ». Une série de 4 courts-métrages produite par Tours Habitat, In Vivo video et Pih-Poh, qui part à la rencontre des gardiens d’immeuble et des habitants pour dialoguer sur la vie quotidienne. « On a voulu faire parler les gardiens d’immeuble et les locataires sur les problèmes éventuels rencontrés. On s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup de non-dits. Les films ont été diffusés dans les halls d’immeubles par la suite pour créer le débat et instaurer un dialogue notamment ».

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– Enfin troisième axe de ce projet, « Les Terres du Milieu » dont l’objectif était de « détourner les trajets quotidiens et individuels vers un espace collectif grâce à la photo, au dessin, à l’écriture, au jardinage et aux arts plastiques ». Une fois par semaine, Pih-Poh donnait ainsi rendez-vous aux habitants dans l’espace public. « Environ 150 habitants ont participé au « Terres du Milieu », une quarantaine ont fait les photographes, certains ont participé à l’enquête sur le ressenti, d’autres ont simplement échangé entre eux sur le quartier, ce qui est aussi important. En fait au final je me dis qu’on a participé aux projets des habitants et non l’inverse » témoigne Ida.

IMG_0167phrases d’habitants sur le quartier du Sanitas

Avec comme objectif de comprendre le point de vue des habitants, Ida tire un bilan positif de cette expérience, même si elle juge qu’il faudrait non pas travailler sur un temps court, mais sur un temps long. « C’est seulement sur du long terme que l’on pourra créer des dynamiques de fond » raconte-t-elle.

Du quartier du Sanitas elle en retient « un quartier dynamique avec des éducateurs de rue, des structures actives comme l’association Plurielles, Régie Plus, ou le centre de vie » mais aussi des habitants qui « ont envie d’être écoutés ».

De ces écoutes, elle note que certains, notamment les jeunes adolescents, revendiquent le terme de Sanitas et s’y identifient très fortement, tandis que pour d’autres celui-ci est connoté péjorativement. Elle a entendu également « pas mal de problèmes liés aux bruits mais aussi des envies de nature, de fleurs, de jardins ». Une population qu’elle a senti intéressée également par ce qui l’entoure, « je pense que c’est faux que de dire que les habitants des quartiers populaires ne s’intéressent pas à la politique, à la société. Au contraire ils en parlent, mais simplement ils sont résignés. On parle beaucoup de l’insécurité dans ces quartiers, mais je pense que cette résignation est plus inquiétante encore. On devrait faire attention à cela, être plus vigilants à la résignation de ces personnes » conclue-t-elle.

Un degré en plus :

Pour conclure ce projet, Pih-Poh montrera de nouveau le 07 octobre prochain à la galerie de la place neuve le travail réalisé dans le cadre de « The go-between ».

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