TGV Touraine-Paris : les billets sont-ils (vraiment) trop chers ?

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Après une nouvelle pagaille sur les rails les 24 et 25 septembre, l’association des abonnés de la ligne TGV Tours-Paris est sortie du silence pour critiquer – une fois de plus – une dégradation du service sur la ligne grande vitesse qui relie la Touraine à la capitale. Parfois relayés par des élus locaux (dont l’ancien sénateur Serge Babary), les combats des tgvistes portent aussi sur les prix.

Ainsi, la structure relève que pour ce week-end du 29 septembre/1er octobre, il faut compter 138€ pour un aller-retour entre St-Pierre-des-Corps et la capitale. Une somme énorme pour deux trajets d’environ une heure : ça fait quasiment 1€ la minute dans le train. Plus cher qu’un appel pour un numéro surtaxé. Vérification faite sur le site de vente de la SNCF, c’est exact : en seconde classe, le TGV SPDC-Paris de 17h24 est affiché à 69€ au tarif plein, sans carte de réduction. Le dimanche, le retour de 16h31 est au même prix et on est à 62€ pour un autre train à 18h29.

Oui, mais. L’honnêteté oblige à dire que le vendredi, ce trajet de 17h24 à 69€ est quasiment un cas unique. A 12h25, le SPDC-Paris est à 36€ en TGV, 39€ pour le train de 19h04. A 17h24, le 2e TGV reliant la Touraine à la capitale est lui à 50€ (tarification étrange alors que les deux rames font le voyage ensemble, mais passons). Par ailleurs, un OuiGo (gamme TGV low cost) affiche un billet à 45€, on est même à 29€ pour un train partant à 8h25 (si on a la possibilité de poser sa journée de travail). Le dimanche c’est pareil : les tarifs TGV démarrent à 29€. Plusieurs autres sont à 47€.

Cela fait toujours entre 70 et 90€ l’aller-retour pour un trajet de 200km et on a le droit de trouver que c’est très cher. Pour une personne seule, ça reste néanmoins plus économique que la route via l’A10 (péages + essence). Ce n’est pas le cas à plusieurs mais, dans ce cas, la SNCF propose une carte de réduction Avantage à 49€ qui peut être amortie dès le premier voyage et qui fait profiter plusieurs personnes des mêmes réductions. Certes depuis la rentrée ses conditions ont changé : elle garantit seulement des billets à 49€ maximum au lieu de 39€ avant l’inflation des prix de l’énergie/ En anticipant son trajet on peut quand même avoir quelque chose de compétitif : 16€50 le SPDC-Paris vendredi 24 novembre à 17h24, le retour du dimanche 16h31 étant à 25€. 41€50 l’aller-retour, c’est 60% de réduction avec la possibilité d’échanger/annuler ses billets sans frais jusqu’à une semaine avant le départ.

Par ailleurs, il faut rappeler que le TGV est un mode de transport premium. Ce train circule à 300km/h avec un standard de confort élevé. Et surtout, il n’est pas subventionné. Les voyageurs payent donc le coût réel du transport, avec la marge de la SNCF (qui reste une entreprise endettée cherchant à faire du profit, ce qui n’a rien d’anormal dans une société capitaliste). Pour aller à Paris, on peut tout à fait prendre les Rémi Express vers Austerlitz (72€ tarif plein, hors cartes de réduction, 0€ pour les moins de 25 ans le week-end) ou les OuiGo Train Classique (60€ l’aller-retour maximum, 20€ si on s’y prend à l’avance).

Certes, le trajet est plus long. Entre 2h et 2h30 selon les horaires. Et on pourra toujours objecter que c’est dommage de réserver les prestations les plus qualitatives à celles et ceux qui ont les moyens de payer. Mais on ne peut pas dire qu’il n’existe pas la possibilité de s’offrir un aller-retour Touraine-Paris à des prix acceptables.

Surtout, dans un monde où la sobriété commence à devenir un impératif face au changement climatique, ne pourrait-on pas réfléchir à deux fois avant de se déplacer ? On nous a habitués à la vitesse et aux tarifs bas. En vrai, a-t-on absolument besoin de faire le trajet vers la capitale en 1h si c’est pour du loisir ? D’ailleurs, à quel point a-t-on besoin de se déplacer pour ses loisirs ?

On entend l’injonction de la société qui est d’aller voir la dernière exposition à la mode, de tester les dernières tendances culinaires, de voir les meilleurs spectacles. Tout ça est souvent à Paris. S’en affranchir, c’est parfois risquer de se mettre en marge de la société. C’est désagréable mais certaines voix estiment que c’est nécessaire si l’on veut un vrai basculement en faveur de la planète.

Avec ce point de vue, des billets de train chers à la dernière minute ce n’est pas écologiquement choquant. Ça l’est uniquement socialement, car les plus riches pourront toujours s’offrir ce fameux aller-retour improvisé… et les études montrent que ce sont eux qui ont les comportements les plus énergivores. A l’inverse, pour les plus modestes, même l’aller-reotur à 41€50 c’est une somme gigantesque. Le sentiment d’injustice est donc justifié et la colère des tgvistes compréhensible. Tout cela devient un peu moins entendable si l’on adopte un point de vue écologique radical. Car, oui, le train consommera toujours moins d’énergie que la voiture ou l’avion. Mais la meilleure économie restera toujours ne pas dépenser d’énergie du tout. Et peut-être qu’on peut trouver de belles choses à faire de ses week-ends sans bouger. Peut-être.

Attention ! On ne dit pas qu’il faut arrêter de voyager : c’est tellement une norme dans la société d’aujourd’hui, et c’est tellement agréable ou enrichissant. Il faut juste avoir en tête tout le contexte. Se poser des questions est toujours salvateur.

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