Solidaires les familles d’Indre-et-Loire ?

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Un an après sa mise en place, « familles solidaires » manque de familles

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Lorsqu’en juillet 2016 la ministre du logement Emmanuelle Cosse lance l’appel à projet « pour développer l’hébergement citoyen des réfugiés », 7 familles sont sur la liste d’attente en Indre-et-Loire. « À l’époque, les images de réfugiés sur les plages faisaient la une des médias » se souvient Thierry Geerhardt, directeur du pôle social et médical d’Entraide et solidarités (ex-Entraide ouvrière). Aujourd’hui, cette réalité existe toujours, mais les images ne font plus la Une et c’est l’inverse : 15 réfugiés sont en attente d’hébergement.

Relais de l’état depuis 70 ans en matière d’accueil d’urgence, de soins, d’hébergement et d’insertion, l’association a été retenue avec 11 autres en France. Face à un manque cruel de places d’hébergement d’urgence, « Familles solidaires » vise aussi à insérer les réfugiés grâce à un accompagnement social. Des dizaines de lybiens, afghans, syriens, ou encore soudanais sont encore en attente de logement durable à Tours. Pour eux, si les tracasseries administratives sont passées, l’insertion dans la société française reste à accomplir. Parmi eux, Dawoud, lybien de 30 ans, diplômé en e-commerce et qui a beaucoup de mal à maîtriser le français. Il vise un master en marketing mais son passage à l’université pour poursuivre ses études dépend de son niveau de langue, et s’il suit des cours réguliers, il juge la progression trop lente.

Aussi, quand un ami réfugié lui indique l’existence de ce dispositif, il se manifeste auprès de l’association.

Ils sont actuellement 7 réfugiés à être accueillis en Touraine. 5 ont déjà vécu cette expérience et eu accès à un logement personnel.

Une vraie rencontre

Claire et Jérôme offrent une chambre à Dawoud depuis juillet : « on voulait à notre petite échelle et modestement trouver des solutions pour ces gens qui sont dans une situation très délicate ; les aider à trouver des repères, des marques et à se faire un réseau. »

Leur témoignage est entièrement positif : l’intégration de Dawoud au sein de la famille s’est réalisée très vite. Après une réunion avec l’association, un premier accueil-test a eu lieu sur quelques jours. Ici, à Montlouis-sur-Loire, l’entente a été immédiate et s’est faite « tout naturellement » autour de la course à pieds, une des passions du couple. S’il est nécessaire de pouvoir proposer une chambre, « pour respecter l’intimité », pour le reste, c’est en famille. « Pour la nourriture, quand il y en a pour 5, il y en a pour 6 ! ». Le matériel n’est pas un frein pour Claire qui craignait de rencontrer des difficultés du fait de vivre loin de Tours. « On a pu préciser tout ça lors de la rencontre avec l’équipe, expliquer comment on vit, qu’on travaille tous les deux, et qu’on cherchait quelqu’un d’autonome dans ses déplacements. »

Pour quelques mois, Dawoud est le sixième membre de la famille. En attente d’un logement social, il se rend à ses cours de français en fil vert, voit ses amis, met la main à la pâte. À travers les rencontres des amis de la famille, il apprend à mieux connaître la culture française, il a même fait les 20 kms de Tours avec Claire et Jérôme. Les enfants apprécient ce « grand frère » : Adèle, 10 ans trouve là un camarade de petit bac toujours prêt et Martin apprend l’arabe.

C’est l’encadrement assuré par l’éducatrice qui rend ce succès possible. Les familles s’accordent à dire que l’accompagnement est nécessaire: mise en adéquation des profils et suivi de l’accueil, organisation de temps conviviaux et d’animation. Deux jeunes en service civique renforcent l’équipe.

Un dispositif parmi les autres

Un an après le lancement de « Familles solidaires », et malgré le faible nombre de placements (12) par rapport à l’objectif initial de 50 sur 2 ans, le bilan est positif pour l’Entr’aide. Les réfugiés apprennent le français bien plus vite qu’en foyer et décrochent un appartement par la suite. Toutefois, tous les réfugiés ne sont pas prêts à vivre en famille, explique Thierry Geerhardt, aussi est-il important de leur proposer plusieurs types d’accueil « pour qu’on ait le bon endroit en fonction de la problématique de la personne » et « Familles solidaires » en est un, parmi les autres.

Sur les 501 réfugiés en Touraine (dernier chiffre relevé en juillet 2017), 170 environ sont hébergés dans des centres provisoires.

Un avenir en question

Aujourd’hui, le ministère à l’origine de « Familles solidaires » n’existe plus. La nouvelle équipe gouvernementale a assuré poursuivre le financement pour la seconde année comme c’était prévu. Ils envisageraient même de le pérenniser à plus long terme.

L’association finance l’essentiel de ce dispositif (salaire de l’éducatrice notamment) pour lequel l’aide est insuffisante. Pour l’avenir, il faudrait plus de familles car la subvention est calculée au nombre d’accueils, mais aucun budget n’a été prévu pour communiquer. On tourne en rond. L’Entraide compte sur le bouche-à-oreilles des familles pour pérenniser ce dispositif. On peine à croire toutefois que ça suffira à instaurer une réelle dynamique de solidarité avec les réfugiés en Indre-et-Loire.

Dorothée Briand

Soirée de soutien au dispositif le 12 décembre

« Quartiers libres » de Jacques Prévert par la troupe des Petits désordres

20h30 au Patronage laïque La Fuye – 4 rue Montesquieu à Tours

Tarif entre 5 et 10€. Tarif de soutien 20€

> Le but : financer des sorties pour les réfugiés

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