Le pitch : « Signes des Temps » ce sont des images chassées par notre journaliste Laurent Geneix dans les rues, les bâtiments et les chemins de la Touraine ; des traces laissées par l’Homme pour l’Homme, parfois très claires, parfois très floues, violentes, commerciales et/ou drôles, mais toujours signifiantes – que ce soit grâce à des mots, des dessins ou des symboles – et potentiellement visibles par tous.
Comment vivait-on à la préhistoire ? Quand la PAO n’existait pas ? Quand il ne fallait pas douze réunions de cinq connards pour pondre un flyer qui allait coûter deux mois de chiffre d’affaires au petit «Patrick C’est Aussi» ?
Patrick sait très certainement que ça existe, les illustrateurs, les graphistes, les concepteurs-rédacteurs, les directeurs artistiques, les chefs de publicité, les flaireurs de tendances. Mais il s’en tamponne, Patrick, il n’a pas de temps à perdre : maintenant qu’il a son nouveau statut d’auto-entrepreneur, il doit foncer.
Alors c’est pas compliqué : il prend une règle, un stylo et il attaque, allant droit à l’essentiel. Il ne sait pas forcément dessiner, mais faut pas avoir fait Brassard pour dessiner une fenêtre cassée, une clé, un chiotte et un débouche-chiotte. Même le logo CB il se le fait à l’aise, Patrick. Et au dos il a fait un téléphone, le modèle de l’époque où les ordinateurs n’existaient pas, celui avec le fil torsadé entre le combiné et l’écouteur. Y’a que pour le volet roulant qu’il pourrait terminer en cabane pour usurpation de droits d’auteur parce qu’on voit bien qu’il l’a découpé dans un bouquin et collé sur sa maquette. C’est vrai que c’est pas simple de dessiner un volet roulant , ça peut vite ressembler à une saucisse.
Côté conception-rédaction, il s’est aussi évité les frais inutiles rattachés à la prestation d’un bac +12 qui aurait tergiversé trois semaines sur l’utilisation de l’expression «ouverture de porte d’urgence» juste parce qu’il y a une ambiguïté sémantique et qu’on ne sait pas si c’est la porte ou l’ouverture qui est d’urgence. Le casse-couilles de service dans le genre du correcteur de 37 degrés. Patrick, lui, s’en tape : il veut juste des clients pour remplir son frigo. Bon, faut pas déconner non plus : il a marqué «Reproduction interdite», quand même.
Côté marketing, rien à dire non plus : c’est d’une redoutable efficacité, à faire pâlir de jalousie n’importe quel benchmarker branchouille qui passe ses journées à essayer d’être intelligent dans la rédaction laborieuse de sa prochaine reco vendue 8.000 euros à son nouveau client. Patrick te dit juste qu’il intervient dans l’heure (ce qui est le truc qui t’intéresse le plus), qu’il prend la CB (ce qui t’évitera d’aller retirer des sous à l’autre bout de la ville pour le régler) et qu’il est ouvert tout l’été pendant que ses abrutis de concurrents sont partis à la mer, laissant le citadin estival crever la gueule ouverte avec ses chiottes bouchées et son volet roulant bloqué en position «ouverte» alors qu’on annonce une semaine de canicule et que le jour se lève à 4h du matin.
Heureusement que tout le monde ne fait pas comme toi Patrick, parce que non seulement les studios de créa et les agences de com seraient sur la paille, mais les fabricants et les marchands d’ordinateurs et Adobe aussi.
Merci pour ce salvateur retour à la préhistoire, en tout cas. Si j’avais les moyens, je pèterai bien quelques vitres chez moi juste pour te faire bosser.
Un degré en plus
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