Le pitch : « Signes des Temps » ce sont des images chassées dans les rues, les bâtiments et les chemins de la Touraine ; des traces laissées par l’Homme pour l’Homme, parfois très claires, parfois très floues, violentes, commerciales et/ou drôles, mais toujours signifiantes – que ce soit grâce à des mots, des dessins ou des symboles – et potentiellement visibles par tous.
De loin, par temps de brouillard (ou avec des yeux en carton), on pourrait croire à la présence d’une vraie personne au bord de cette route bien trop passante pour que marcher en son bord soit agréable. Évidemment, ce n’est pas le cas (ou alors la momie a été sacrément bien réalisée).
On s’approche à petits pas hésitants. Nous sommes à Saint-Pierre-des-Corps, un soir où le ciel est trop couvert pour dire qu’il fait beau mais le temps pas assez humide pour affirmer que la météo est pourrie. Les camions crachent leur CO2, les voitures s’apprêtent à s’engouffrer dans les bouchons de l’agglomération tourangelle. L’enfer de l’heure de pointe n’est pas loin : conductrices et conducteurs peaufinent en douce leur gestuelle de klaxonnage afin de produire au moment adéquat (Carrefour de Verdun ou Avenue Grammont) le son le plus désagréable possible. Celui qui signifie son vif agacement au véhicule visé, accompagné – au mieux – d’une grimace ; au pire du hurlement d’un mot que la décence nous invite à écrire de la sorte : « ****** ». C’est le moment d’avoir une pensée sincère pour les cyclistes dont les « ding-ding » ne font pas le poids, même face à la plus riquiqui des Fiat Panda.
Nos chaussures continuent d’avancer sur le goudron. C’est mécanique.
A distance raisonnable de cet épouvantail urbain qui semble autant glorifier la pratique du deux-roues que la sorcellerie, on se demande quelle est son utilité réelle. Originalité commerciale pour se distinguer au milieu d’une zone d’entrepôts, œuvre artistique récupérée après une étape en ligne du Tour du Loir-et-Cher ou recyclage d’imperméable pour annoncer le retour de l’automne ? Après tout peu importe. On apprécie le style sobre et élancé, gentiment rétro avec biclou pneu au plancher. Une époque où l’on avait l’habitude de rebondir sur les routes en pédalant, perspective qui semble désormais préoccuper les participants de Paris-Tours s’apprêtant à traverser les chemins de vigne du Vouvrillon ce dimanche.
Un degré en plus :
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