Signes des Temps #16 : Crêpescendo, festival Aucard de Tours 2015

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Le pitch : « Signes des Temps » ce sont des images chassées par notre journaliste Laurent Geneix dans les rues, les bâtiments et les chemins de la Touraine ; des traces laissées par l’Homme pour l’Homme, parfois très claires, parfois très floues, violentes, commerciales et/ou drôles, mais toujours signifiantes – que ce soit grâce à des mots, des dessins ou des symboles – et potentiellement visibles par tous.

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Evidemment, à Aucard comme ailleurs on commence classique. Et quand tu viens de prendre une bonne claque en regardant un bon vieux groupe sorti de derrière les fagots par Enzo, que t’as pas bouffé de la journée et que tu en es à 3,5 litres de binouze, la bonne vieille crêpe au sucre apparaît comme la Vierge à Bernadette Soubirous : un miracle, la promesse d’un Monde meilleur, la paix éternelle du palais et de l’estomac. C’est aussi le moment où tu tâtes ton billet de 20 euros et où tu te dis «Merde, je me fais chier toute l’année au boulot pour gagner trois sous, je peux mourir demain après tout, si je me payais 10 crêpes au sucre d’un coup, mon vieux fantasme de gamin enfin réalisé ?».

Mais là un autre problème surgit : l’apparition de la possibilité de l’alléchante option de la crêpe au Nutella/Nuttela (dans ces circonstances-là on s’en branle un peu de la faute d’orthographe). Pour 50 pauvres petits centimes de plus, tes petits grains de sucres appelés à croustiller sous tes molaires peuvent se transformer en pâte à tartinée au chocolat, aux noisettes et… à l’huile de palme. Et là ton cerveau prend le dessus sur ton ventre un quart de seconde (huile de palme, festival éco-responsable, ouais, non, pas cool) et tes yeux tombent sur la ligne du dessous.

«Crêpe 3 fromages». Hormis le fait que l’accent circonflexe se barre en sucette, toi le Tourangeau gourmand certes, mais néanmoins gourmet, tu trouves louche l’anonymat desdits fromages sur la pancarte. Ton cerveau (encore lui) se met à bouillonner aussi rapidement que les litres de bières contenus dans ton estomac/ton sang/ta vessie le permettent. C’est-à-dire assez lentement, donc tu abandonnes.

Et là, bien entendu tu finis par le hit international de la Smala, le bestseller de la Guinguette de Saint-Avertin depuis trois ou quatre ans, la promesse d’un voyage intergalactique aux conséquences inconnues… La salive s’échappe de ta bouche comme un vulgaire chien assoiffé, ton regard se brouille, ton corps s’immobilise, tu te fais niquer deux ou trois places dans la queue (à moins que ce ne soit l’inverse, ou une contrepèterie, ou je ne sais plus trop quoi). La KEFTA-CHEVRE, madre de dios! Tu peux t’en payer quatre d’un coup, les empiler comme des vinyles et mordre dans l’ensemble avec la rage d’un Nivek en colère.

«Désolé monsieur, il faut d’abord passer sur le côté de la caravane acheter vos tickets pour pouvoir commander les crêpes…»

Et c’est exactement dans cet intervalle-là qu’un bâtard achète les dernières crêpes Kefta-chèvre de la soirée.

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