Signes des Temps #137 : Vivre à Mort vous êtes

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Le pitch : « Signes des Temps » ce sont des images chassées par notre journaliste Laurent Geneix dans les rues, les bâtiments et les chemins de la Touraine ; des traces laissées par l’Homme pour l’Homme, parfois très claires, parfois très floues, violentes, commerciales et/ou drôles, mais toujours signifiantes – que ce soit grâce à des mots, des dessins ou des symboles – et potentiellement visibles par tous.

Retour au «Petit Nice», le Beverly Hills de Langeais. La semaine dernière, nous avons publié une chronique qui a défrayé la chronique (qui s’est auto-défrayée, en quelque sorte) et, une fois n’est pas coutume (c’est même la toute première fois, tou-toute première fois en 137 chroniques que nous faisons deux épisodes sur un même lieu et un même sujet, et ouais), nous revoilà à Mort-vous-êtes, «le lieu-dit qui tue» a dit ma belle-sœur qui n’est jamais avare de punchlines bien senties (c’est même l’une de mes muses).

Ce qui veut notamment dire que, ce mardi 13 mars 2018 au soir, alors que la moitié des Tourangelles s’arrachent les cheveux pour choisir le bon string en prévision de la visite tourangelle de Manu le Malin (pas le DJ, le président) et que la moitié des Tourangeaux se lissent la moustache et multiplient les sms à leur carnet d’adresses pour pouvoir être au plus près du pouvoir pendant quelques minutes demain aprem ou demain soir (il paraît même que certains vendraient père et mère pour être dame de cantine du CFA des Douets – mais juste pendant une heure ou deux, hein, faut pas pousser non plus), pendant tous ces préparatifs intenses donc, nous à la rédac de 37 degrés, on passe la soirée à Mort vous êtes pour sortir ce reportage no limit qui nous vaudra sans doute le prix Albert Londres, ou, à défaut, d’être cité dans au moins une table ronde des Assises du Journalisme dans les prochains jours. #voiscommejefayote

Bref, on a rencontré Guillaume, habitant Rue Haute de Mort vous êtes et musicien. Son guitariste habite la même rue et son ingé son Rue Basse de Mort vous êtes (on vous jure que c’est véridique, on déteste les fake news, dans cette chronique on est plutôt tendance «what the fuck news»). La métaphore est tentante et on y cède : la rue haute ce serait le paradis et la rue basse l’enfer ? Guillaume et ses deux acolytes ont récemment fondé le groupe de musique Célès, dont le hasard a fait que quelques semaines avant cette chronique, l’un de ses morceaux a été choisi comme clip de la semaine par mon collègue Ultra-skimming Touraine (ah comme c’est beau le sixième sens commun qui anime une rédaction !). De là à dire que Célès ça ressemble à Céleste et que ce choix de nom a pu être influencé par le nom de ces lieux, il n’y a qu’un pas. «Check your reality» nous enjoignait ce morceau : nous l’avons pris au mot et nous avons interviewé Guillaume.

EXCLUSIVITE MONDIALE : INTERVIEW D’UN HABITANT VIVANT DE MORT VOUS ETES

37 degrés : Alors Guillaume, comme ça vous avez acheté une maison à Mort vous êtes… On a envie de vous dire «Foufou vous êtes» ?

Guillaume : En fait je n’avais pas trop fait attention. C’est en arrivant chez le notaire pour la signature que j’ai vu le nom écrit noir sur blanc sur l’acte de vente et que j’ai réalisé ça.

37 degrés : Est-ce que ce quartier est mortel ?

Guillaume : Il est carrément mortel. Pour nous c’est l’un des plus beaux spots de Langeais. Il y a des maisons semi-troglodytiques orientées sud-ouest, là au moment où je vous parle, je suis sur ma terrasse face au soleil couchant, avec vue sur la petite vallée et les collines en face… Certains l’appellent «Le petit Nice», mais bon ça c’est surtout parce qu’un Niçois y a vécu pendant longtemps !

37 degrés : La semaine dernière on s’est fait pourrir par des lecteurs parce qu’on n’avait fait aucune recherche historique et juste écrit «que des conneries» dans notre chronique. Vous pouvez nous aider à remonter un peu la pente ?

Guillaume : Il existe plusieurs versions contradictoires sur l’origine de ce nom. D’après un site de toponymie assez pointu, ce nom remonterait à au moins 1648. Il viendrait du fait que ce quartier était à portée des armes du château-fort (qu’on aperçoit d’ici d’ailleurs) et que si des ennemis s’en approchait, ils pouvaient mourir. D’autres personnes du coin disent que lors de la guerre franco-prussienne, il y avait ici une sorte de ligne de démarcation et que les soldats auraient crié aux Prussiens, «si vous franchissez cette ligne, mort vous êtes !».

37 degrés : Et côté livraisons, ça se passe comment ?

Guillaume : C’est là qu’on a le plus de réflexions. Généralement j’épèle d’abord mot par mot et une fois que j’ai terminé, mes interlocuteurs réalisent le nom de mon adresse et me disent un truc du style «Ah oui, quand même !». Mais la superstition des livreurs et des postiers ne nous a à ce jour pas encore empêché de recevoir quoi que ce soit !

Un degré en plus

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