Retour sur la première « Vegan Place » de Tours

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Pour la première fois, Tours accueillait la Vegan Place, le rendez-vous des associations militantes contre l’exploitation animale. Conférences, stands de restauration et d’information… L’élevage était au centre de l’attention des militants, qu’ils soient végans ou non.

À deux pas de l’Hôtel de ville de Tours, sur le boulevard Heurteloup, « Le chat des champs » fait son marché sous le soleil. « C’est la première fois qu’on vend notre produit et on a presque épuisé tout notre stock », s’étonne Yaming Cui, la tenancière du stand. Elle est heureuse de présenter son tofu local sur lequel elle travaille depuis un an. Il est confectionné avec du soja cultivé à Descartes. En bouche, le produit est frais, savoureux, loin du tofu friable et fade qu’on trouve en supermarché. S’il a autant de succès, c’est aussi parce-qu’il est un aliment très apprécié par ceux qui ne mangent pas de viande. Nous sommes le samedi 23 juin à la première « vegan place » de Tours.

L’ambiance est très détendue, loin de l’image stéréotypée et violente des manifestations véganes. Les passants s’arrêtent aux stands des associations, les militants prennent le temps de discuter avec tout le monde. « Certaines associations ont tout de même refusé l’invitation car le terme vegan (qui refuse tout produit issu de l’exploitation animale, NDLR) fait peur », explique Emilien Cousin, co-organisateur de l’événement. Pour des raisons pratiques, il n’est lui-même pas vegan. « Si manger végétarien est devenu facile aujourd’hui tant l’offre s’est élargi, il est plus compliqué de manger végan. Il faut vraiment prendre le temps de cuisiner », estime-t-il. Comme environ 5% des français, Emilien Cousin est végétarien. Il ne mange pas de viande mais s’autorise les œufs ou encore les produits laitiers. « Nous on veut informer les gens, les accompagner dans leur choix d’arrêter ou de diminuer leur consommation de viande », explique-t-il.

Yaming Cui confectionne un tofu local et artisanal.
Yaming Cui confectionne un tofu local et artisanal.

Si certains ne mangent plus de viande c’est souvent pour des raisons éthiques et écologiques. L’élevage est responsable de 14,5% des gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. C’est plus que n’en dégagent les transports. Chaque année 65 milliards d’animaux terrestres sont abattus, dont environ 3 millions chaque jour en France. Parfois, ils le sont dans des conditions atroces que dénonce l’association L214. C’est en 2015, à la vue d’une des vidéos du collectif que Emilien Cousin est devenu végétarien et militant. Selon lui, Tours ne semble pas échapper à la tendance végétarienne. En effet, les restaurants qui ne proposent pas de plats végétariens à leur carte sont rares. Certains ne cuisinent aucune viande comme le Hong Kong rue du Cygne ou le Shanti Shanti rue Colbert. À Tours on compte même un restaurant végan : le Tahina au 13 place Gaston Paillhou.

« On vit très bien en étant végétarien, c’est d’ailleurs le cas de la moitié de la population mondiale », affirme Anne de Loisy, journaliste ayant écrit le livre Bon Appétit. Elle y raconte les dessous de l’industrie de la viande, après avoir enquêté pendant 3 ans pour Envoyé Spécial, notamment en allant au cœur des abattoirs. Elle tient ce samedi une conférence devant un public largement féminin et végétarien. D’emblée, elle laisse l’assemblée perplexe en expliquant qu’elle est toujours omnivore, mais mange peu de viande. Un homme d’une soixantaine d’année réagit assez catégoriquement : « Je ne comprends pas qu’après ce que vous avez vu vous mangiez encore de la viande », assène-t-il. Pour Anne de Loisy, il est important de laisser chacun manger ce qu’il veut. Certains auditeurs resteront impassibles, d’autres poseront calmement des questions à Anne de Loisy, sans jugement.

Au stand de L214.
Au stand de Greenpeace.

« Nous avons fait venir cette journaliste parce que son livre est intéressant, agrémenté de chiffres », explique un membre d’Utopia, un mouvement citoyen d’éducation populaire présent sur le festival. Comme d’autres associations présentes le mouvement n’est pas fondamentalement végan. Greenpeace milite en ce samedi après-midi pour proposer, au moins ponctuellement, des plats végétariens, bios et issu de l’agriculture locale dans les cantines d’écoles primaires, Sea Shepherd sensibilise les passants au sujet de la protection de l’écosystème marin… Les associations sont nombreuses et diversifiés parmi celles à tendance végane comme 269 Life ou L 214. « Certains militants tourangeaux n’ont d’ailleurs pas pu être présents aujourd’hui », précise Emilien Cousin. En effet, le même après-midi, environ 3000 personnes défilaient à Paris pour réclamer la fermeture des abattoirs.

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