[Reportage] Quand le théâtre œuvre à l’insertion professionnelle

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Tout le mois d’août nous vous proposons un Best-of des articles publiés depuis septembre dernier. Aujourd’hui retrouvez cet article sur les formations de « La Compagnie des Trois Casquettes ».

Deux fois par an, l’association « La Compagnie des Trois Casquettes » organise une formation à destination de personnes en situation professionnelle difficile, sur le thème « Cultiver l’estime de soi ». Une formation de 15 jours dont l’originalité réside dans sa construction autour de jeux théâtraux.

Virginie Porteboeuf, co-fondatrice de cette association en 2010, nous explique que « l’idée est de se servir du théâtre comme un outil pour travailler sur le langage et la confiance en soi ». Lors de la dernière formation qui s’est tenue en avril, ils étaient une vingtaine à venir à la réunion d’informations collective préalable. Des personnes envoyées par des acteurs sociaux comme la Mission locale, Pôle emploi ou encore des relais du Conseil général.

« Réapprendre à avoir confiance en soi mais aussi dans les autres ».

Dès cette réunion, Virginie Porteboeuf et sa collègue Cindy Dalle mettent les candidats dans le vif du sujet. Assis en cercle, ces derniers sont rapidement confrontés aux autres avec des exercices de présentation et de communication. Avec « l’estime de soi », l’autre grand enjeu de ces séances étant de comprendre les enjeux de la communication, de comprendre ce que notre attitude révèle de nous. Une mise en situation avec des exercices simples au premier abord mais qui demandent un véritable effort pour certains. « Ce sont souvent des personnes isolées, en difficulté, qui sont là. Des personnes qui ont perdu confiance en eux et qui sont souvent renfermées » nous explique-t-on.

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Quelques jours plus tard ils sont finalement une quinzaine à s’être inscrits pour la formation qui durera deux semaines. « La formation est sur la base du volontariat, nous ne forçons personne. Il faut qu’il y ait une démarche personnelle » explique Virginie. Ce premier jour de formation est l’occasion pour les participants d’apprendre à se connaitre. Pour ce faire, Virginie et Cindy mettent en place des exercices de dynamique de groupes, parfois surprenants comme celui de marche à l’aveugle ou de communication silencieuse auxquels nous avons participé. Des exercices qui créent une solidarité de groupe, notion très importante pour les deux formatrices :  » L’un des objectifs est de rompre l’isolement, de se rencontrer autrement, de réapprendre à avoir confiance en soi mais aussi dans les autres ».

A la fin des 15 jours, Denis*, la cinquantaine, nous avouera avoir été surpris lors de ces premiers instants : « Honnêtement, le premier jour je me demandais où elles voulaient nous emmener avec ces exercices, finalement je regrette que cela soit fini ». Dans le groupe que nous avons suivi, beaucoup ont eu la même surprise que Denis au départ. Malgré tout, ils se sont tous pris au jeu et des profils différents se sont rapidement dégagés : des leaders, des suiveurs, des amuseurs… autant de personnalités qui ont pourtant tous ont un point commun : un manque de confiance en soi qui se traduit souvent par une timidité forte. Un fil conducteur malgré des profils variés. Sur la quinzaine de participants, les plus jeunes avaient 19 ans, les plus âgés la cinquantaine, tous d’horizons et aux parcours différents.

« Ici, je me sens moins honteux parce qu’on a tous le même problème ».

IMG_4449Virginie Porteboeuf et Cindy Dalle de La Compagnie des 3 Casquettes

Une semaine après le début de la formation, nous retrouvons Virginie et Cindy avec les participants. Ces derniers semblent plus à l’aise, on sent rapidement que la cohésion de groupe s’est faite. Julien*, un des jeunes de 19 ans accepte de nous raconter son parcours :

« Je suis venu à cette formation par la Mission Locale. J’ai toujours eu des relations compliquées avec les autres. Je ne me sentais pas à ma place dans le système scolaire, cela a toujours été une souffrance pour moi d’aller à l’école. J’ai essayé de m’accrocher mais au lycée, en Première, j’ai arrêté » nous raconte-t-il. Pourtant à voir évoluer le jeune homme au milieu du groupe, il parait au contraire être un élément moteur, assez sûr de lui. « Ici, je me sens moins honteux parce qu’on a tous le même problème. Je sens que j’ai déjà plus confiance en moi qu’il y a une semaine, je commence à voir ce qui cloche et ce qu’il faut faire pour progresser. Je songe à faire du théâtre par la suite, je trouve cela bien pour prendre confiance en soi ». Malgré tout Julien, nous confiera être anxieux à l’idée de devoir monter sur scène publiquement à la fin de la formation.

« Les limites que l’on se fixe peuvent être dépassées ».

Les formations de la compagnie se terminent en effet le dernier jour par une représentation théâtrale en public. Un exercice grandeur nature forcément intimidant comme nous l’avait confié trois jours auparavant Mehdi*, homme dans la cinquantaine également, dont la gentillesse se dessine naturellement derrière une introversion importante. Pourtant Mehdi et ses camarades de la formation affronteront leurs peurs en se produisant devant une quarantaine de personnes. Un moment important de la formation selon Virginie Porteboeuf : « Nous voulons leur montrer que les limites que l’on se fixe peuvent être dépassées ».

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Avant cela, en ce dernier jour de formation, nous les retrouvons dans la salle du PLLL, rue Courteline, dans le noir, pour un exercice de relaxation et de décompression avant l’effort final de monter sur les planches. Quelques minutes plus tard et pendant une heure, ils se relaieront sur la scène de la petite salle de théâtre et affronteront le public lors de mises en scènes à la fois drôles et touchantes quand on sait d’où ils sont partis et l’effort que cela leur a demandé.

« Derrière notre timidité se cachent des choses magnifiques ».

Une fois la formation terminée, Sandrine*, une des participantes, nous dira être « fière d’avoir affronté mes peurs. Je remercie énormément Virginie et Cindy parce que cela fait du bien de se sentir soutenue. C’est une formation que je vais conseiller parce qu’elles ont compris que derrière notre timidité pouvaient se cacher des choses magnifiques ».

Denis a lui aussi le même discours, il nous avoue être triste de voir la formation se terminer : « Je me levais tous les matins avec le sourire à l’idée de venir ici. Je vais aller aux ateliers le mardi pour continuer ». Depuis octobre 2011, La Compagnie des Trois Casquettes a ouvert en effet un atelier hebdomadaire permettant un suivi des participants aux formations. Des ateliers où les participants peuvent avoir de l’aide et des conseils pour préparer des entretiens d’embauche, des demandes de stage, la rédaction de CV ou de lettres de motivation… Des ateliers qui permettent de garder un lien également et de casser l’isolement qu’ils pouvaient éventuellement subir auparavant.

*les prénoms ont été changés

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